Comment vais-je arriver à rivaliser contre tout ça ?
Voilà dix minutes que je fixe mon potentiel futur patron sans pouvoir bouger de ma place, à dix mètres de lui. A ses côtés, une vingtaine, non, une trentaine de personnes se sont agglutinées, saisissant la moindre occasion pour s'infiltrer dans la conversation et démontrer leurs talents personnels, leur connaissance à toute épreuve... Les plus courageux osent prendre parole, les autres se contentent d'observer le patron et de boire son discours en espérant qu'un jour, il daigne s'apercevoir de leur présence.
Je lève les yeux au ciel : tout ceci est exaspérant, et quelque peu intimidant. Je ne vais tout de même pas aller là-bas avec eux, ça ne servirait à rien. Et puis je ne veux pas qu'il se souvienne de moi comme une des personnes prenant plaisir à lui lécher les bottes. Ce n'est pas dans mon caractère.
Rien ne sert d'ajouter que le séduisant inconnu psychopathe se dresse parmi les éminents prodiges entourant le patron. Bien que je ne puisse pas en entendre le sujet, leur conversation semble on-ne-peut-plus animée, faisant rager les concurrents qui essaient tant bien que mal de se mêler à eux.
Leur rire tonitruant me sort de mes pensées, me faisant sursauter. Un verre à la main, j'observe distraitement la scène qui se déroule devant moi. Voilà un petit bout de temps qu'il discute avec ses convives sans même avoir prêté attention aux autres invités. Peut-être attend-t-il qu'on le rejoigne ? Mais je ne tiens pas à m'attrouper autour de lui, comme un animal attendant son tour. Et que se passera-t-il si l'inconnu lance une remarque malvenue devant notre patron, s'il dit quelque chose qui pourrait me désavantager ? Evidemment, grâce à lui, ma robe paraît comme neuve, mais il pourrait très bien raconter ma mésaventure et me décrédibiliser devant tout le monde. Je tergiverse et pendant ce temps, je perds mon avantage.
Resserrant ma prise autour de mon verre, je fusille du regard celui qui semble être mon adversaire numéro un. Ses yeux pétillent de malice alors qu'il pose sa main sur l'épaule de son futur patron, comme si c'était un vieil ami. Trop c'est trop ! Il faut que j'agisse, que je trouve un moyen d'interpeller son attention.
Au même moment, le petit homme trapu sort son téléphone et lève son index, comme pour demander à mes concurrents de l'excuser un instant. Ils lui sourient tous, prêts à attendre calmement qu'il revienne pour attaquer de nouveau. Le patron porte son téléphone à l'oreille en se faufilant à travers les convives, jusqu'à arriver au long couloir que j'ai emprunté un peu plus tôt. Je jette un nouveau coup d'œil aux potentiels employés : aucun d'eux ne bouge.
Je saisis l'occasion et me lance à la poursuite de mon futur employeur. Voilà Lena, tu as trouvée ta chance de la soirée. J'essaie de ne pas me précipiter pour éviter que la sécurité ne me se fasse des idées à mon sujet. D'un pas nonchalant, je longe le couloir, dépassant les salles de bains. Heureusement pour moi, il n'a pas décidé d'aller aux toilettes. Vous m'imaginez attendre devant la porte, lui sautant dessus dès qu'il aurait eu fini sa commission ?
Il poursuit son chemin le long du couloir, jusqu'à arriver au hall. Un brin d'excitation s'infiltre en moi, de suite remplacé par une sensation de terreur. Que vais-je bien pouvoir lui dire ? Que risque-t-il de penser de moi s'il me voit le suivre ? Je rejette cette idée de mon esprit. Je dirais que je me suis perdue, que c'est une heureuse coïncidence de le retrouver ici, et que c'est un immense plaisir de pouvoir discuter avec lui. Je me force à sourire pour me donner toute le courage dont j'ai besoin.
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This Crazy Eternal Love (L'amour est une infinie folie #2)
Любовные романыLena ne compte pas laisser passer sa chance. Elle sait qu'elle mérite ce poste de directrice générale chez Blue Coton. Elle est persuadée qu'elle ne peut être que l'unique remplaçante d'Aaron Eras, parti vivre sa vie auprès de sa femme. Mais ça...