Dangereusement Engagés [Boy x Boy]

Chapitre 28

Jeudi 1 mars – Nute

Je toquai à cette porte qui m'était si familière. Une femme était sortie au moment où j'allais sonner, et donc j'avais pu éviter la case « interphone ». Mais comme je n'avais pris de nouvelles de personne avant de venir, je n'étais même pas certain qu'il y ait quelqu'un dans l'appartement. Avec la boule au ventre, j'engageai les enfants derrière moi dans les escaliers en direction du second étage et lorsque je fus arrivé, je toquai doucement. En voyant que personne ne répondait, j'insistai une seconde fois. Après tout, il m'avait déjà laissé en plan dans ce couloir une fois, je ne voyais pas pourquoi il ne le ferait pas une seconde fois. J'insistai plusieurs fois, jusqu'à ce qu'un son de clé résonne dans la serrure, et que la porte s'entrouvre. Mais la personne que je vis n'était pas du tout l'une de celles que je m'attendais à voir.

Tess. Tess était là, devant moi, les yeux écarquillés, la bouche entrouverte, l'air ahuri. Elle semblait tout droit tirée du lit. Qu'est-ce qu'il s'était passé, en mon absence, au juste ? Je fis un pas en arrière, incertain de ne pas rêver, et mes doutes se confirmèrent lorsqu'Anna sauta au cou de la jeune femme qui l'attrapa au vol, tout sourire. Elle n'avait pas du tout la même expression face à moi. Mais après tout, pouvais-je lui en vouloir ? Je lui avais demandé brièvement, le jour de mon départ, de me remplacer aux studios, et j'étais parti sans rien lui dire. Elle laissa les jeunes entrer, moi de même, mais me coinça sur le tapis qui recouvrait le parquet sur les premières dalles de l'appartement. Les poings serrés sur les hanches, les yeux qui lançaient des éclairs. Juste, je m'attendais aux réprimandes qui allaient suivre, bien sûr, mais je ne m'étais pas attendu à les recevoir aussi tôt, et surtout, pas de la bouche de Tess !

-Où est-ce que tu étais passé ? Je me suis fait un sang d'encre ! « Prends ma place Tess ». Ouais, je veux bien te remplacer, ouais ! Mais j'aurais aimé savoir où tu allais, ce que tu allais faire ! Merde, tu t'es barré sans rien dire ! Luke menaçait de faire un meurtre si tu osais revenir, Miles s'est chargé de rassurer son frère, et Noé t'en veut à mourir ! D'ailleurs ce n'est pas le seul, renifla-t-elle. Je te jure que toute notre putain d'équipe était à bout avant de se barrer, et ils menaçaient eux aussi de te faire la tête au carré. Tu auras des explications à leur donner, et tu n'y échapperas pas, tu as ma parole !

Je soupirai. Sa voix était remplie de reproches et d'amertume. Et je le concevais. Cependant, la seule chose que je voulais savoir, c'était la raison pour laquelle elle était restée à Los Angeles alors que tous les autres étaient rentrés, et surtout, la raison pour laquelle elle était là, chez Noé, et visiblement seule. Je jetai un regard à ses vêtements et il s'agissait juste d'un large tee-shirt qui lui arrivait en haut des cuisses. Ce n'était pas le sien, il appartenait à un homme. Avait-elle une liaison avec l'un des frères Trusbell ? Mon effroi dut se lire sur mon visage, puisqu'elle leva les yeux au ciel avant de me pointer une chaise.

-Miles devrait bientôt revenir avec Nash... Il est parti le chercher à l'école mais il a eu un léger problème, que Nash refuse de lui dire. Il demande son père, apparemment. Bref, un gamin qui hurle ce n'est pas forcément agréable. Il a fait un détour aux studios pour que Nash parle à Noé et il revient après. Mais là encore je pense que tu vas devoir t'expliquer pour que Miles ne t'expulse pas de cet appartement par la peau du cul.

Je pinçai des lèvres. Oui, Miles devait m'en vouloir, lui aussi. Je ne savais pas vraiment pourquoi, mais je pouvais en concevoir la cause, qui m'arrangeait étrangement. Ma poitrine se gonfla d'espoir, et je pris mon téléphone avant de le mettre devant Tess pour qu'elle remarque que je n'avais écrit ni lu aucun message depuis mon départ. J'avais éteint mon téléphone pendant tout le trajet, et durant les procès, les téléphones étaient très mal vus. Et puis je n'en voyais pas vraiment l'utilité. Sur le moment, tout ce qui avait compté, c'était de voir le meurtrier de mon petit frère voir ses jours de liberté se réduire de moitié au moins. J'avais eu beaucoup mieux : une condamnation à perpétuité. Un sourire satisfait étira mes lèvres tandis que je remarquai les sourcils de Tess se froncer.