Je me dépêche une fois de plus à rassembler mes affaires avant de partir aller travailler. Comme la plupart des matins, je suis en retard.
Une journée chargée m'attend aujourd'hui. Je dois passer au pressing donner ma jupe tâchée de café depuis plus d'une semaine. Je crains que cela ne soit irrécupérable, mais je tente le tout pour le tout. J'ai cette jupe depuis des années et malgré les boutons qui lâchent et la fermeture éclair qui a du mal à fermer, je ne veux pas la jeter. Elle a, comme qui dirait, une valeur sentimentale.
Ensuite, je dois m'arrêter à la banque déposer les derniers papiers pour finaliser l'achat de la maison de mes grands-parents. J'ai toujours adoré cette petite maison. Elle abrite la plupart de mes souvenirs d'enfance. A côté se trouvait la maison de mes parents, mais qui a été détruite il y a une quinzaine d'années. Une chose est sûre, je n'arrivais pas à me débarrasser de cette maison. Tout m'est familier à l'intérieur : les odeurs, l'emplacement des cadres photos, jusqu'aux vieilles bottes terreuses de mon grand-père. Mais maintenant, je peux dire que je suis chez moi, que cet endroit m'appartient. Rien ne me fera changer d'avis. Plus que quelques formalités et cet endroit sera le mien.
La journée se passe sans encombre. Rien de spécial ne se passe au cabinet médical où je travaille depuis maintenant huit ans. Les patients se pressent à mon bureau pour confirmer leur rendez-vous et me raconter leur pathologie. Les enfants prennent un ou deux bonbons dans le saladier prévus à cet effet, pendant que les parents règlent les dernières formalités pour remplir leur dossier. Ce n'est pas le métier dont j'ai toujours rêvé mais cela a toujours été un secteur qui m'intéressais. Pour autant, je n'occupe pas une place à grandes responsabilités, je ne suis que la secrétaire du Docteur Polovski. Jorge est un homme d'une cinquantaine d'années à la chevelure grisonnante qui en ferait fantasmer plus d'une. C'est un peu le mythe du médecin à la George Clooney. Il a repris le cabinet de son père et qui sera sûrement repris par son fils Philip, quand il sera à la retraite.
Exceptionnellement, je quitte aujourd'hui le travail à 17h.
-- La ville est en fête ! Allez vous amuser Marissa, m'a-t-il dit lorsque je ne voulais pas me décoller de mon bureau.
Il est vrai que je prends mon travail à cœur et je reste parfois jusqu'à tard le soir pour finir de classer des dossiers ou mettre à jour des rendez-vous de dernière minute. Après une énième réprimande de la part du quinquagénaire, j'éteins mon principal outil de travail, mon ordinateur, et prends mes dernières affaires.
La circulation dans Sanper est difficile à cause des nombreuses routes barrées pour l'occasion. Chaque année c'est la même chose. Le maire organise la plus grande fête d'Halloween jamais vue depuis des années, et chaque année elle est plus grandiose que la précédente. Au programme : des manèges pour petits et grands, des stands de maquillage et de confiseries, et même en fin de soirée un feu d'artifice.
Alors je pars acheter mes derniers achats prévus pour la soirée avant que les derniers magasins ne ferment leurs portes.
Quand je rentre chez moi, Happy, mon Mastiff, mon fidèle compagnon de toujours m'accueille en remuant la queue et en se frottant contre ma cuisse.
-- Happy, arrête, tu vas me salir avec tes poils, je la gronde tout en lui caressant la tête.
Je n'oublie bien évidemment pas de remplir sa gamelle avant d'aller me préparer pour la soirée. Cette année, et comme les années précédentes, j'y vais avec ma sœur, son mari et leurs trois enfants : Théo, Charles et Sara.
Je me dépêche d'enfiler mon pantalon noir, accompagné d'un pull à manche longue de la même couleur, avant qu'ils n'arrivent. Je trace sur mon visage des points et des traits noirs au crayon pour donner l'illusion que je suis déguisée en chat. J'ajoute à ce maigre déguisement un serre tête avec des oreilles de chat. Rien d'original, mais c'est un classique. Je met la dernière touche de mascara quand j'entends sonner à la porte. Ce doit être ma sœur et toute sa petite famille, je crie alors depuis la salle de bain :
-- Entrez, c'est ouvert !
J'entends mes neveux et nièces entrer comme de vraies tornades dans le salon. J'imagine déjà ma sœur en train de courir après eux, et son mari en train de se débattre avec la chienne.
-- Je suis dans la salle de bain, Chloé, dis-je en réponse à la question de ma sœur.
Les petits sont plus rapides qu'eux et dans leur remue-ménage, ils font tomber une pile de serviettes de bain. Ni vu, ni connu, les trois mousquetaires rangent parfaitement les serviettes tombées sur le carrelage, avant que leur mère ne débarque. Chloé commence à les réprimander en courant presque dans la salle de bain, quand je les prends chacun dans mes bras et les embrasse. Je considère ces gosses comme les miens. Si un jour, il devait leur arriver quelque chose, j'en serai malade.
-- Tu leur passes toujours tout Marissa ! Ce sont des enfants, ils doivent apprendre à être disciplinés !, commence-t-elle, les points sur les hanches.
-- Chloé, ce n'est pas grave, ce ne sont que des serviettes. Ce n'est pas important, dis-je en me relevant.
-- Prêts pour la séance de maquillage les petits loups ?, je demande en ébouriffant les cheveux du petit Théo.
Ils me répondent tous en cœur un « oui » convenu et en hochant vigoureusement la tête. Je rigole et sors tous les outils dont j'ai besoin pour leur faire leur maquillage de fête, pendant que ma sœur leur ordonne de se tenir sage et de ne pas toucher à tout. Parfois, je la trouve un peu trop stricte avec eux. Après tout ce ne sont que des enfants, ils peuvent bien s'amuser.
Voilà, ce sont ce genre de moments que j'apprécie le plus. Être en famille. Il n'y a rien de plus grisant que de savoir que nous sommes entourés des gens que l'on aime et qui nous aime en retour. Ces petits sont tout pour moi. Là, maintenant, rien ne peut-être plus parfait. J'aimerais que ces moments soient tous pris en vidéos et gardés bien au chaud dans une clé usb pour les soirées froides d'hiver et de déprimes.
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Sous ses doigts
RomanceMarissa et Paul sont unis d'une manière aussi belle qu'indescriptible. Ils s'aiment à en crever, mais un terrible passé semble les poursuivre. Marissa était cette jeune femme à l'avenir prometteur, et Paul cet homme à l'esprit dérangé. Pourtant ces...