Dangereusement Engagés [Boy x Boy]

Chapitre 29

Jeudi 1 mars – Noé

En me réveillant la première fois, ma rétine avait été brulée par le soleil brillant qui filtrait à travers la vitre. J'avais voulu relever le bras contre mes yeux, mais je n'avais récolté qu'une douleur dans le bras... Et en voulant lever l'autre, j'avais abandonné en sentant une poigne bien masculine. Un frisson avait recouvert tout mon corps lorsqu'une voix très familière m'avait atteint. J'avais voulu tourner la tête, mais comme il avait commencé à parler et que je n'avais pas eu envie de l'arrêter, j'étais resté immobile, fixe.

-Je suis désolé, Noé... Je t'en supplie... Il faut que tu te réveilles, et je ne veux pas que tu me renvoies... Je ne voulais pas partir loin de toi, je ne voulais pas t'abandonner. En fait, ce n'est pas un abandon... J'ai été appelé en urgence au tribunal pour le tueur de mon frère. J'avais raison, tu vois ? Je peux me consacrer entièrement à toi, maintenant...

Nute était là, dans ma chambre, à me tenir la main comme si sa vie en dépendait. Le Nute auquel j'en avais voulu pendant plus d'une semaine. Le Nute que j'avais haï pendant tout ce temps, que j'avais maudit tout en pleurant son départ comme une vierge éplorée... Et tout ça pour cela ? Pourquoi ne m'avait pas envoyé de nouvelles, s'il n'était pas retourné avec Alexy ? Et surtout... Pourquoi était-il revenu après ce voyage en Floride ? Pourquoi n'était-il pas reparti à Washington pour travailler ?

Je savais qu'il croyait que je dormais, que mon attitude était légèrement lâche, mais je n'en avais rien à faire. J'aimais le timbre de sa voix, l'entendre parler. Je ne savais pas où j'étais, et mes yeux s'étaient refermés au vue de la migraine que j'avais récoltée, mais une chose était certaine, c'était que je ne risquais pas de tourner la tête vers lui, si cela pouvait m'aider à entendre tout ce qu'il avait à me dire... A entendre tout ce que je voulais savoir...

-Enfin, si tu le veux, bien sûr... J'ai été stupide, avec toi, avec Alexy... Je ne sais presque rien de toi, je le sais, mais je sais en revanche que l'amour que je ressens pour toi est bien réel. Je saurais le dire avec certitude. Je t'aime, et je ne veux pas te perdre, quoique je ne t'aie jamais vraiment possédé. J'aimerais bien tu sais. Je rêve de te voir à mes côtés tout le temps. De pouvoir rester auprès de toi. Mais il faut que tu sois d'accord. Je pourrais abandonner la CIA, voire prendre ma retraite. Je ne suis plus avec Alexy, et je ne risque plus d'y retourner. Tu n'as pas le moindre doute à avoir là-dessus. Et si je dois courir pour t'avoir, je le ferais. Parce que tu es précieux pour moi, Noé.

Je ne savais pas vraiment quand j'avais commencé à verser ces larmes qui coulaient contre mes joues jusqu'à mes oreilles. Une chose était juste certaine, c'était que ces mots m'avaient ému, voire déstabilisé. Comment pourrais-je seulement accepter qu'il se sacrifie ainsi juste pour moi ? Comment pouvait-il m'aimer de cette manière alors que nous nous ne nous connaissions que depuis quelques semaines ?

Je crus entendre un soupir derrière moi et fus tenté de tourner la tête, tendre le bras, si douloureux était-il, vers lui pour prendre son visage entre mes doigts, et poser mes lèvres contre les siennes. Comment cela se faisait-il qu'il était là, d'abord ? Quand était-il arrivé ? Et comment avais-je atterri là ? Dans ce lieu inconnu ?

-J'ai besoin de toi, Noé. Tu es tout ce dont j'ai besoin, je dirais même... Tu m'aides à oublier mes démons. Tu es perpétuellement dans mes rêves. Chaque nuit, à Miami, je rêvais de toi... Tu étais à la place de Kyle.

Qui était Kyle ?

-Tu mourrais à cause de moi... J'ai tellement peur de te faire du mal... De te voir partir loin de moi. J'ai versé tellement de larmes en pensant à toi ! Je veux que tu me reviennes. Mon passé n'est peut-être pas tout blanc. J'ai beaucoup de sang sur les mains, j'ai beaucoup de morts sur la conscience, j'ai beaucoup de traumatismes, aussi... Et tu es le seul à réussir à faire de tout cela mon passé. Tu es le seul à avoir réussi à tout mettre de côté. Tu m'obsèdes, en fait...