Chapitre 14: Partie 4

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Bonne Lecture ~♡

Mes yeux s'ouvrent.

Silence radio.

Gueule de bois.

Ma vue s'adapte à la luminosité quasi nulle, où suis-je ?! Je sens un poids sur mes épaules, une main ?! Ça monte, sans aucun bruit la peur m'étreint, elle éclate, ruine mes sens. Je ne vois plus rien d'autre que mon envie de partir, je suis oppressée, comprimée, j'ai peur !

La peur me séquestre, mais je me dégage et appuie mon dos contre le dossier. Que m'arrive-t-il ? Mon corps tremble, je ne contrôle plus rien, quel est cet endroit?! Ma respiration devient de plus en plus étrange, j'hyperventile, mon cœur va éclater.

Ça fait mal, si mal.

Je discerne des corps autour de moi, pourquoi sont-ils inertes ?! Je remarque la couverture sur mes genoux. Mais qu'est-ce qui s'est passé ?! Je dois sortir, si je reste lá, je vais mourir asphyxiée. Je me lève, enjambe un corps, « Scarlett ? » demande une voix douce derrière moi.

Elle est caressante, pas un brin menaçante, mais je ne réponds pas et me dirige à toute allure vers la seule source de lumière qui mène dans un couloir. À l'autre bout du couloir : une table. Je sens que les souvenirs tentent de s'échapper de mon crâne, mon crâne si lancinant, j'ai tellement mal.

Une larme coule sur ma joue, je dois rentrer, trouver mon téléphone et rentrer.

Je me dirige instinctivement vers l'îlot qui semble tellement me rappeler quelque chose et je le vois, il est par terre.

Je me baisse, frôle la chute tant mes jambes sont flageolantes et attrape mon portable, 9:31am. Il faut vraiment que je sorte. Je fais un demi-tour.

- Scarlett ? m'attaque une voix grave, t'es debout tôt dis-moi !

Mon cœur cogne, j'ai peur. Alex est devant moi, je n'ai rien à craindre, mais tout ce que je vois c'est cette carrure. Énorme, elle me bouche le passage, si imposante...

- Je pars, couinai-je en me plaquant au rebord de la table dans l'espoir qu'il fasse un pas sur le côté.

- Ça ne va pas du tout... constate-t-il, Qu'est-ce qu'il y a ? interroge-t-il en rapprochant une de ses mains de mon visage.

Je me sens menacée. Je ferme les yeux aussi fort que je peux et lève le bras pour me protéger en expirant de façon saccadée. Quand j'ouvre les yeux, il a suspendu son geste.

- Tu as... Peur ?

Je le regarde, oui.

- Peux-tu juste te décaler, murmurai-je en essayant de contrôler les tremblements intempestifs de mon corps.

Il se pousse, son regard est empreint d'un million de questions, j'ai tellement honte de ce que je suis devenue... Je me glisse rapidement, ouvre la porte, sors et cours. Je cours vite, si vite que je sens mes cuisses brûler, j'ai besoin de partir loin, très loin.

Loin de lui, de cette maison, de ce monde, de ma peur.

Bientôt mes poumons brûlent tout autant que mes cuisses, mon corps ne tient plus, je tombe. Une larme coule, s'écrase à côté de ma main, une autre suit son chemin et je sens sur mes joues couler les fines gouttes. Je me suis écorchée la main et le genou.

La honte me ronge et la peur me fait tressaillir. Quand est-ce que tout ce cirque va s'arrêter? C'est tant demander que de ne plus être torturée ? Le sang dégouline des plaies, comme le mal-être dans mon cœur.

***

Je suis sous le jet de la douche, mon rythme cardiaque se calme, mes larmes ne coulent plus.

Je frotte activement mon visage, dans l'espoir que les coulées de mascara et toutes traces de maquillage désertent ma peau. Je ferme les robinets, me tamponne d'une serviette éponge et regarde un instant mon genou, la blessure n'est pas jolie et j'ai souffert le martyr pour retirer les gravillons plantés dans la chair.

Je jette un coup d'œil dans la pharmacie derrière le miroir au-dessus du lavabo, bingo.

Armée d'une compresse et d'un espèce de produit désinfectant, je me mets à nettoyer tout cela, non pas sans grimacer. Un sparadrap flanqué sur le genou et la main, je m'habille d'un de mes pantalons difformes et d'un sweat sans plus me soucier de mon apparence.

Je vais dans ma chambre en attachant mes cheveux, ma tête commence tout juste à ne plus me faire mal, le médicament fait effet.

Je vois le tas de mes habits de la soirée un peu plus loin, maculés de sang. Je n'ai pas le courage de plier les habits et de les mettre au sale. Je regarde mon téléphone en train de charger, me décide à l'allumer.

L'écran s'éclaire, et je suis immédiatement secouée de notifications. 

« Que s'est-il passé ? » de Selena, ainsi que trois appels.

Tobias m'a abandonné. Il n'a toujours pas donné de signe de vie et ça me rend malade. Il me manque. Je me demande réellement ce qui se trame, va-t-il m'abandonner ? Me laisser à mon sort ?

Je le mérite certainement, après tout il fallait bien que ce que je lui ai fait dans le passé me revienne dans la face à un moment... C'est peut-être le moment... Il m'abandonne et ça me détruit de l'intérieur, je suis comme ces ruines abandonnées.

Je m'allonge et me réfugie dans le sommeil. Doux, chaud, réconfortant, comme une promesse d'avenir, un avenir qui me paraît tellement compromis. Ces idées noires reviennent me hanter, j'ai l'impression de ressombrer depuis ce matin. Toutes ces pensées horribles refont surface.

« et si je disparaissais ? » « à qui manquerais-je? »

La planque n'est qu'éphémère, la sonnette retentit, je sors de mes réflexions noires ébènes.

Il fait nuit.

J'attrape mon portable écrit « 911 ».

Mon doigt sur le téléphone vert, en dessous du numéro, je descends à pas de loup. Agatha n'est pas rentrée, le séjour est plongé dans la pénombre.

C'est elle ?

La sonnette résonne une seconde fois, j'observe depuis les escaliers la silhouette qui se dessine sur la vitre adjacente à la porte d'entrée.

Ce n'est pas elle.

DrownedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant