Vendredi 2 mars – Nute
« Je suis là, je n'irais nulle part ailleurs. Ma place est avec toi. »
Mais il mourrait. Dans mes bras. Ses yeux clairs étaient devenus troubles et plus pâles encore que la lune qui brillait dans le ciel. Sa main droite était fermement accrochée à mon bras nu, griffant ma chair qui rougissait sous ses ongles, l'autre pendait contre la terre fraiche et humide. Son visage exsangue était couvert de boue mêlé à une couche de sang du côté gauche, et ce même liquide rouge, collant et poisseux recouvrait tout son cou. Ses vêtements n'avaient plus rien de ceux qu'il portait avant d'arriver sur les lieux. Une balle lui avait frôlé la tête, l'autre lui avait transpercé l'abdomen. Et ses veines se vidaient sous la main que j'avais appuyée contre lui. Autour de nous il n'y avait plus personne. Tess était partie devant nous, en éclairage, mais je n'avais pas réussi à la suivre. J'étais resté derrière, dans cette foutue forêt, avec Noé, à écarter les branches, m'écorcher les chevilles contre les cailloux et les rochers, hurler le prénom de ma collègue. En vain. Puis on s'était fait assaillir. Et il m'avait protégé, contre toute attente. La balle qui logeait au fond de lui m'était premièrement destinée.
« Ne pars pas, reste avec moi. Je suis là, tu me vois. »
Il me fixait, tremblant dans mes bras. Mais il ne parlait pas. Ses lèvres bougeaient comme pour prononcer des paroles silencieuses, et ses yeux clignaient lentement. J'avais toujours peur qu'ils se ferment définitivement. Alors j'appelais « au secours ! » avec l'espoir que quelqu'un vienne nous chercher, vienne prendre Noé, et l'emmène pour le soigner... Mais il n'en était rien. Personne ne venait. Il y avait juste mon compagnon dans mes bras, mes larmes et moi. Tess ne revenait pas. Je ne savais même pas si elle n'était pas morte, elle aussi. Ce serait le comble. Perdre mon amie, mon amant dans les mêmes circonstances que j'avais perdu Kyle quelques années auparavant, ainsi que Jason et Donovan, Angie, Ellen, Sia... Milly. Bref, beaucoup trop de monde. Je n'avais même pas pu sauver Amory qui s'était démené contre ses diaboliques frères pour me sauver avec Alexy et tout le reste de ma famille !
Mon poing se serra, avant de se détendre pour venir caresser doucement le beau visage morbide de Noé, et m'attirer un dernier sourire avant que sa tête ne retombe douloureusement en arrière. Mes cris furent si puissants que les oiseaux qui nous entouraient s'envolèrent. Je ne voulais pas le perdre. Pas lui. Pas de nouveau ! Pas après aussi peu de temps. J'aimais Noé, et je refusais qu'on l'emmène loin de moi comme on l'avait fait avec Kyle ! Je refusais qu'on l'emmène loin de moi comme on l'avait fait avec ma famille !
« Nothingost, lève-toi ! »
Je me retournai. J'avais hurlé si fort que j'avais attiré l'attention de mes assaillants. Mes yeux se plissèrent, et lâchant à contrecœur le corps sans vie de Noé, je me relevai, les bras relevés par-dessus ma tête, lentement. Et une fois que je fus debout, je ne dis plus le moindre mot. J'étais face-à-face avec un homme. En l'occurrence, il s'agissait d'Asher. Mes yeux s'écarquillèrent d'eux-mêmes tandis que le rire sadique de mon ex-camarade d'armée me parvint aux oreilles. Il s'humecta les lèvres, les yeux brillants de malice, avant qu'il s'avance vers moi et jette un regard dédaigneux vers Noé.
« Ce n'est pas toi que j'ai tué, alors.
-Tu aurais dû me tuer, il n'a rien à voir avec nous !
-Oh, alors tu l'aimais ? Peut-être ai-je fait le bon choix, alors. Te briser de l'intérieur a toujours été mon rêve le plus cher. Te tuer aurait été plus simple. Te détruire c'est beaucoup mieux. Et quelque chose me dit que cette fois, tu ne t'en remettras pas. N'est-ce pas, Nute ?
-Je déteste la façon dont tu prononces mon prénom, Asher.
-Je ne demandais pas à ce que tu l'aimes.
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Dangereusement Engagés [Boy x Boy]
Roman d'amourL'un est acteur, ce genre de personne populaire qui aime beaucoup se montrer en public, et très proche de sa famille, avec un fils débarqué de nulle part... L'autre est un militaire appelé pour faire un documentaire sur son métier, qui évite de mont...