Recueil de One Shot

Texte 6: Mort Cérébrale

Je traverse un long couloir éclairé par de simple néons blancs. Au bout, une lumière.
J'entre dans la pièce.
Face à moi, un corps. Celui d'une femme. Allongé sur le ventre. Mort. Dénué de toute vie. Le liquide qui émane du cadavre de la victime n'est pas d'un rouge vif comme le montrent les films. Non. Le vrai sang, celui qui pue la mort, celui qui pourrit au fil du temps est noir. Un couteau planté dans son dos : son coeur pour victime.
L'odeur. Une odeur horrible de pourriture, de mort et de rouillé. Oui, de rouillé. Le macchabée sent le vieux fer.
Un léger courant d'air traverse la pièce, faisant danser les cheveux de la victime comme si elle respirait encore. Sur son bras gauche, un bracelet en cuir noir tressé.
Je l'ai déjà vu quelque part.

***
Il faisait nuit. Je me promenais dans ces ruelles à côté de chez moi. Un chat noir traversa la route. J'espérais qu'il ne me porterait pas malheur. Je levais les yeux. Un couple. Au poignet du garçon, un bracelet. Jumeau du mien. Le même bracelet en cuir noir tressé.
Mes yeux passèrent sur le visage du jeune homme. Mon coeur se déchira. Ce garçon, mon copain et cette fille dans ses bras.
Les médecins m'avaient prévenue. Les relations amoureuses m'étaient déconseillées, en raison de ma fragilité au niveau du cœur. Malgré leurs avertissements, j'étais tombée amoureuse. Il m'avait convaincue de sa fidélité. Nos mêmes bracelets en étaient l'engagement. Soudain, une abominable pression se fit sentir dans ma poitrine.

***
-L'électro cardiogramme est plat depuis maintenant dix minutes. Nous ne pouvons plus rien faire.
Notez que la patiente est morte à 22h54. Dit le chirurgien avant de sortir de la salle d'opération, désespéré.

***
Je notais que dans cette pièce sordide, l'horloge affichait 22h54.
Voulant identifier la victime, je retournai le corps. Tétanisée, je me reconnus.
Chez moi, la mort cérébrale avait commencé par l'arrêt de mon cœur.