Chapitre quatre

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   Il semblait blasé. Son teint hâlé était illuminé de reflets dorés, les beaux reflets du soleil qui provenaient de la fenêtre. Il était plus beau et plus sculptural que jamais. Il portait une chemise grise, un pantalon blanc et des baskets hautes noires et vertes. Il s'assit à une place vide, au troisième rang, et jeta son sac à dos bleu marine sur le côté de sa chaise, côté couloir. J'étais trop en colère, trop énervée pour me donner la peine de lire en lui, et un petit brouhaha avait débuté sur l'arrivée de cet inconnu - qui n'en était pas un pour moi. Je ne voulais même pas savoir. Le professeur inscrit son nom sur la liste du cahier d'appel : Eliott James.

   À la fin du cours, je le pris à part.

   - Je sais que nous nous sommes déjà vus. Que viens-tu faire ici ?

   - Je ne me souviens pas de toi.

   Sa voix était douce, mais déterminée dans chacune de ses paroles.

   - Tu n'as pas répondu à ma question.

   Il me fixa, son visage se rapprochant du mien.

   Si seulement…

   - Je ne sais pas qui tu es. Je suis désolé.

  Je le giflais, en criant "Menteur !" avant qu'il me prenne le poignet et de plonger son regard dans le mien. Eden mit un terme à cet instant en me tirant par l'arrière. Eliott me lâcha le poignet, et je ressentais encore la pression qu'il avait exercée dessus, ainsi que le flux d'énergie qui s'était transmis. Il avait une sacrée poigne, et une grande marque de main rouge sur sa joue gauche, qui disparut en presque une seconde.

   - Sienna ! Tu vas trop loin ! Pourrais-tu m'expliquer ce qui te met dans un état pareil ?!

   Je me dégageai presque d'une force surhumaine et je réussis à plaquer Eliott contre le mur. Il m'attrapa de nouveau le poignet. Il ne pensait rien. Je rencontrais un grand vide, ce qui me surprit, mais il en fallait beaucoup plus pour me déstabiliser.

   - Je sais ce que tu penses. Chacune de tes pensées, chacun de tes songes ne restera pas un mystère pour moi très longtemps. Ta bouche peut mentir, certes, mais sûrement pas tes réflexions, même les plus profondes. Je sais exactement qui tu es. Raconte ce que tu veux, mais ça ne marchera jamais avec moi.

   L'énergie que je ressentais en sa présence - la même énergie douce et bienfaisante que celle du matin de Noël - faisait monter en flèche mon taux d'adrénaline.

   Eden m'attira à elle une seconde fois, animée par une force et une volonté que je ne lui avais jamais connues. Elle me gifla deux fois.

   - Non mais ça ne va pas la tête ?!

   - Pourquoi le défends-tu ?

   J'entendis quelqu'un courir. Eliott se faisait la malle ! Je voulus le rattraper.

   - Lâche-moi !

   Elle m'obligea à la regarder dans les yeux.

   - Pourquoi le défends-tu ? répétai-je.

   - Parce que c'est immoral de frapper des gens sans raison.

   J'entendis des pensées lointaines en elle, mais incompréhensibles.

   - On en reparlera plus tard. Maintenant, il faut y aller.

   On partit en cours de sciences. Eliott s'était installé à la table derrière la nôtre. Aussitôt je demandai à ce qu'Eden et moi nous avancions, prétextant qu'au fond l'écriture était illisible. Le prof le prit pour son grade et refusa.

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