Eliott, Eden et moi fîmes nos deux heures ensemble, un vendredi soir, après les cours. Max avait fait les siennes la veille. Je n'aurais pas supporté de le voir en dehors des cours. Je dessinais, discutant avec Eden à voix basse, et celle-ci faisait une discussion sur papier avec Eliott.
- Je me fais chier, souffla Eden.
- Pareil.
Je n'étais pas punie, vu que j'étais la principale victime de cette histoire, mais je me sentais tout aussi coupable. Le flux énergétique entre Eliott et moi n'avait pas cessé de battre de toute la semaine, et j'étais fatiguée. Mais je n'étais plus aussi vide et faible qu'il y a quelques mois. Au contraire, j'avais l'impression que je pouvais exploser à tout moment, telle une tornade. J'avais appris à me faire une barrière mentale auprès de Yumi, en lui révélant mon secret.
- Cela ne doit pas être facile, avait-elle dit.
- C’est clair. Je contrôle plus les pensées, elles vont et viennent comme elles le veulent, et la douleur est fulgurante.
- Il y a un moyen.
Elle m’apprenait la technique très répandue – d’après ce qu’elle m’a dit – de la barrière mentale. Elle m'avait dit que ce serait « long et douloureux, parfois intensif ». Et j'en avais fait l'amère expérience.
Il n'y avait que nous trois dans la salle, et un autre habitué. Je jugeais que la barrière n'était pas nécessaire.
- De quoi tu parles, avec Eliott ? chuchotai-je à Eden.
Elle écrit brièvement sur la feuille pour la rendre à son interlocuteur.
- De Maxime et de la raison pour laquelle nous sommes ici.
- OK.
Je dessinais, avec de grands coups de crayons vigoureux, Max et Eliott, en pleine bagarre.
- J'ai tout expliqué à Raphaël.
- Quoi ?! Mais il va me tuer !
- Je ne lui ai pas dit, pour ce qui s'est passé dans la chambre...
Hallelujah !
- Que lui as-tu raconté ?
- Joyner ! Foster ! Encore un bavardage et c'est une heure de plus ! cria le pion.
- Je te raconterais.
Elle reçut la feuille, et écrit avec une pointe d'agacement.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
Elle renvoya le brouillon.
- Rien du tout, répondit-elle tout sourire.
Je me mordis la lèvre. J'effleurai du bout de ma langue la petite cicatrise rose qui trônait au coin de ma lèvre inférieure, là où ma lèvre était fendue cinq jours plus tôt. Je n'avais vraiment pas besoin d'une cicatrise en plus !
Mes blessures se sont refermées rapidement, et elles ont disparu tout aussi vite. En partie grâce à mon sang d'Immortelle, et en partie grâce à Li. Elle m'a donné une autre boisson étrange qui m'a aidé à guérir plus vite.
Les images repassèrent dans ma tête : la force de ses poings, sa tristesse et sa colère, et ses yeux... Ses yeux, d'habitude si doux et plein d'amour, presque rieurs, qui se sont obscurcis, virant au noir. La douleur sur mon visage, dans mon corps, dans mon cœur... Mes pleurs...
- Chérie, ça va ? Tu as l'air perdue.
- Oui, ne t'en fais pas, dis-je en sortant de ma torpeur infernale.
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Energie
RomansUne étrange marque. Un homme troublant et délicieusement mystérieux. Une menace pesante et présente. Des secrets jamais soupçonnés. Des révélations bouleversantes. Des changements qui détermineront sa vie à jamais... 2012