Chapitre huit

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   Je m'arrêtai net.

   Une larme roula sur ma joue. Je sais, c'est débile d'avoir pensé qu'il m'avait quittée, qu'il avait fait un prétexte parce qu'il s'était lassé de moi, alors que je commençais à l'aimer, pour de vrai cette fois. Peut-être que tout ça était faux. Que je me faisais des idées. Qu'il m'avait vraiment aimé et qu'il s'était réellement éloigné de moi pour mon bien. Une part de moi, prise au piège dans un nuage de désespoir, se raccrochait à ce mensonge, ce beau mensonge qui pouvait inverser la donne. Tout ça me faisait mal. Il ne me voyait pas. Il fumait, éjectait la fumée, jetait son mégot par terre, et recommençait.
   Je me retournais et rebroussais chemin. Je stoppai dans une ruelle.

   - Eden ?

   J'étais au bord des larmes, la voix cassée.

   - Ah, toi, tu ne vas pas bien. Viens à la maison.

   Même après tout ce que j'ai fais de mal, elle me soutenait. Elle restait la même amie que j'ai connue, même si elle désapprouvait tout ce que j'avais fait depuis le départ de l'autre. J'étais souvent en proie au découragement, et elle ne baissait pas les bras. Elle était patiente. Je piquais de grosses crises de larmes et d'angoisses. Et elle restait là, soudée à moi. C'était une vraie amie, même si certains jours, je ne mesurais pas la chance que j'avais de l'avoir.

   En approchant de la maison d'Eden, je le ressentis.

   Le coup de vent.

   Schuittt !

   Et, un peu plus tard, une voix rauque.

   - Il t'a quitté... Il t'a abandonnée...

   Je vibrais de peur.

   - Il ne t'apportait rien, seulement le chagrin et le désespoir dans lequel tu nages depuis deux mois... Tu avais besoin de savoir la vérité, mais il te la cache, lâchement...

   - Qui êtes-vous ?

   Je crispai mes mains autour de la sangle de mon sac. Mes phalanges blanchirent.

   - Quelqu'un qui ne te veux que du bien. Depuis le début.

   Schuittt !

   Et plus rien.

   Mes pleurs redoublèrent. Je m'assis au sol, totalement affaiblie et vulnérable. Je détestais cette situation, et j'ai voulu que tout s'arrête. Que je sois quelqu'un d'autre. Que tout ce qui m'arrive ne soit qu'hallucinations. Je me rendis compte que j'étais juste à côté de la maison d'Eden. J'entendis sa voix à travers la véranda ouverte, chaude et rassurante :

   - Mais tu ne te rends pas compte ! Je t'avais dit que c'était une mauvaise idée ! Elle ne vit plus ! Elle passe ses soirées dans des bars, c'est à peine si je me demande ce qu'elle fume d'autre que la cigarette ! Tu n'aurais jamais dû faire ça.

   - ...

   - Ah oui ?! Elle croit que tu l'as délaissée ! Elle est dans une spirale infernale qui risque de l'engouffrer si jamais elle va trop loin. Toi seul peut l'en sortir.

   - ...

   - Mais pourquoi ? Je ne sais même pas pourquoi on lui...

   - ...

   - Hein ? Elle ne sait rien du tout, elle n'a aucun indice ! J'en ai marre. Tu me dégoûtes. J'aimerais que tu crèves, pour toute la douleur que tu lui infliges. Oh merde !

   Elle jeta un regard affolé vers moi.

   - ...

   - Va te faire foutre !

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