Chapitre onze

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   - Tu... Tu es quoi ?

   Mes sangles commençaient à me faire mal.

   - Tu es télépathe ?

   - Mais c'est ce que je viens de te dire, pauvre imbécile !

   Il restait là, incrédule. Il reprit ses esprits et dit :

   - Cela n'a pas une grande importance.

   Le détourner de ses idées monstrueuses n’avait pas marché.

   Il m'allongea en enlevant les coussins qui me ruinaient le dos et se mit à califourchon sur moi. Il m'embrassa le cou, les joues, le front, les lèvres... Comme il le faisait si bien, avant. Il enleva son pantalon et ses chaussures et se glissa sous la couverture, toujours sur moi. Il ne l'avait pas encore fait, mais ça allait venir. Il attendait juste que je cède. Il me susurrait des mots doux. Il effleurait ma peau avec ses doigts. Je me débattais, encore et encore, mais les sangles me laminaient mes chevilles et mes poignets. Je ne pouvais pas crier. Comme si j'avais perdu la parole, paralysée par ce que j'étais en train de vivre.

   Maximilien voulait coucher avec moi. Sans drogue. Ni rien d'autre. Avec ou sans mon consentement.

   Sa bouche entra en contact avec la mienne. Je sentis deux pointes aiguisées, qui s'allongeaient de plus en plus... Il se retira et on se regarda dans les yeux.

   - Tu es un vampire, dis-je calmement, comme une évidence.

   - Oui. Ça t'étonne ?

   - Un petit peu. Le Maxime que j'ai connu n'avait pas une tête de tueur.

   Il sourit.

   - Parce que j'en ai une, maintenant ?

   - Maintenant que je sais, oui.

   Il me caressa la joue du pouce. Ce geste me rappela Eliott. J'aurais tant aimé qu'il soit là... Que se soit lui qui m'embrasse. Que se soit lui qui me rassure que je ne risque rien avec lui. Qu'il me dise qu'il m'aimait. Au lieu de ce monstre qui me touchait...

   Un picotement sur ma peau me fit réagir. Il n'enveloppait pas tout mon corps comme avec Eliott, non, il ne se situait qu'à un seul endroit...

   Au creux de mon cou.

   Je ne savais pas ce que c'était, mais j'étais en état d'alerte. Ma peau essayait de barrer la route aux crocs de mon ex.

   Réfléchis, vite...

   Je repassais en tête tout ce que j'avais appris et noter sur les Immortels et les autres créatures. Vite, vite...

   Les crocs percèrent une couche de peau.

   Allez, allez...

   Et je tombais sur le bon passage.

   Merde !

   - Max ! hurlai-je.

   Il se raidit.

   - Tu veux ma mort ou quoi ?

   - Mais tu ne mourras pas, voyons. Tu seras comme moi. Réunis pour toujours.

   - Espèce de psychopathe ! Si tu me mords, tu me réduiras en cendres !

   Il s'accorda une courte pause, avant de comprendre.

   Il se retira d'un coup. Il se rhabilla seulement avec son pantalon et sa veste et se mit à renverser tout ce qui est sur les meubles. Tout s'écrasa dans un fracas monumental. Il frappa les murs. Les traces de ses poings restaient incrustées dans les boiseries orientales. Le marbre se fissura. Je me débattais encore avec les sangles de cuir. Il s'arrêta et s'appuya face au mur.

   - Le salaud !

   - Maximilien, calme-toi.

   Ça me faisait bizarre de l'appeler par ce nom.

   - Qu'est-ce que ça change ? dis-je d'une voix douce. Nous serons quand même ensemble pour l'éternité. Ce n'est pas un régime alimentaire qui nous séparera, voyons. Ta réaction est démesurée, mon chéri.

   Oui, j'étais obligée de mentir et de jouer les filles en pâmoison pour ne serait-ce pour l'apaiser et – dans le meilleur des cas – me sortir de ce pétrin.

   On toqua. Il entrouvrit la porte. Une voix dit :

   - J'ai fait le compte. Il en manque.

   - Je t'ai dit que je te paierai la deuxième partie plus tard. Tu nous dérange, là.

   - Sauf que ce n'est pas la moitié qui manque. Je n'ai que le quart de la somme. Le quart, Maximilien ! Donne-moi mon argent immédiatement.

   - Je te le donnerai. Mais plus tard.

   - Je suis une Chasseresse, pas un enfant de chœur.

   Maxime recula, et une main dépassait de la porte avec un pistolet que j'avais déjà vu quelque part... Il éclata de rire.

   - Tire, je t'en prie. Tu ne peux rien contre moi.

   - Je peux tout faire contre toi, surtout si j'ai des balles en argent, mon cher...

   Il blêmit. Il recula encore. Irène entra dans la pièce. Et vue sa tête et ses intentions, mieux valait ne pas lui demander l'heure.

   - Nous avons besoin de cet argent. Je n'ai pas consacré autant de temps à trouver cette... chose, alors que ma tribu mourrait de faim, pour rien !

   - Je ne suis pas une chose, Isabelle ! répliquai-je.

   - Je le sais, Sienna.

   Sa réponse me surprit. Je gigotai encore.

   Isabelle toucha le menton de Max avec le canon de son arme. Une arme vieille, mais surtout très belle et très rare. Même dans les séries télé, on ne voyait pas des pistolets pareils. Isabelle étaient magnifique, presque hypnotique. Elle possédait une beauté sauvage qui – je pense – devait être propre aux Chasseresses. Max fouillait dans tous les tiroirs, placards, portes-monnaies et poches de pantalon. De toutes ces recherches, il ne tira qu'une petite centaine d'euros, alors que, si j'avais bien compris, il en devait plusieurs milliers.

   - C'est tout ?

   - Je te paierais... Attends un peu...

   Il en vint à s'agenouiller devant elle.

   - Sauf que je ne peux pas attendre.

   Alors qu'il était ventre à terre, elle pointa son arme sur le sommet de sa tête et tira.

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