-K L Ä N- Empire Of Domination

V²: le Coupeur

Je n'étais pas peu fière de cette course poursuite qui s'était terminée par l'échec total de ce blaireau de loup.

Le sang me battait aux tempes, dans un murmure, un appel incessant au sang. L'envie irrépressible d'enfoncer les ongles dans la chair tendre. Le grincement des dents qui rêvaient de mordre. Oui, c'est ça. Une volonté presque douloureuse de ma mâchoire.

Je me détestait de l'avoir laisser en vie dans cet état.

J'aurais dû le brûler vif. J'aurais dû lui éclater les muscles, les tirer lentement un à un afin de sentir chaque tendon, chaque fibre se débattre, s'étirer pour enfin craquer dans un son des plus plaisants.

L'Autre dormait.  C'était mieux ainsi. Elle n'interfèrait jamais dans ma vie, elle n'en avait pas la force. Elle ne se doutait absolument pas de ce que je faisais. Tout comme moi je n'avais aucune idée du moment à partir duquel Elle reprenait ses droits.

Nous avions une vie bien distincte.
Je fuyais. Elle mourrait.

Presque chaque nuit.

Je ne savais pas ce qui se passait dans sa vie, ni même comment personne n'avait réussi à faire le lien entre Elle et moi. Mais le fait est que je l'avais découvert un jour, enfin Ils me l'avaient fait découvrir. Ils l'avaient réveillé. Ça avait été un choc. Savoir qu'un autre vivait en vous. Que je lui avais peut être volé son identité, sa vie m'avait affecté.

Je lui avais volé une partie de sa vie.

Elle avait volé la mienne.

Je ne savais pas grand chose de cette fille mais j'avais appris a la connaître sans qu'elle ne le sâche.  J'avais arpenté, errer, traquer longtemps toutes les sorcières, les marabouts des continents pour comprendre.

Et s'en débarrasser.

J'étais une bête. Une bête sans nom, sans histoire. Personne ne me connaissait et si j'avais pu éprouver quelques joies indescriptibles à savoir que personne ne pouvait me connaître mon identité, j'avais appris que si moi j'étais indestructible, l'Autre qui vivait en moi était loin de l'être.

Chaque nuit, elle se trouvait aux portes de la morte. Chaque nuit, sa douleur irrationnelle venait à me réveiller. Me faisant reprendre possession de mon corps. Chaque nuit, elle mourrait un peu plus. Ses ennemis, je le savais, commençaient à avoir raison d'Elle.

Quand je me réveillais dans mon corps, c'était comme si rien ne s'était passé, la magie fait que quand je reprends possession de mes capacités je me retrouve à l'endroit où j'avais laissé ma vie avant. Aucune blessures. Aucun coup.

On aurait pû vivre ensemble. On aurait pû vivre éternellement.

Mais elle était faible. Elle était mourante.
Et pour me sauver.
Je devais la tuer elle.

Alors au cours d'un voyage en Lettonie, je m'étais mise en quête. Ça aurait pû bien se passer.

Ça aurait pû.

Mais le Klän avait fait son apparition. Je ne connaissait pas son existence. Comment aurais-je pu la connaître ?
Je n'avais pas de souvenirs. Je n'avais pas d'histoire. Je n'avais pas de nom.

Je n'étais personne. Et pourtant, Ils m'ont traqués. Ils m'ont Chassé.
Je devais être l'une des leurs. J'aurais voulu être l'une des leurs.
Mais l'Autre, celle qui dormait avant s'est éveillée. Elle s'est débattue.

J'ai cru devenir folle. La fine ligne qui séparaient nos deux inconscients avaient été alors franchi.

J'avance. Je suis fière. Je suis forte.
Un nom. De l'attention. Ils vont m'aider.
Deux pas me sépare du grand Klad. Je réprime un sourire. Il n'aime pas quand on sourit.