Un homme parmi tant d'autres se tenait dans un couloir froid et éclairé d'une lumière affreusement blanche. Celle-ci lui rappelait les hôpitaux où il avait eu l'occasion de séjourner quelques fois pour de futiles blessures. Cependant, cet endroit était bien différent de ceux-ci. Disons que, les intentions des deux lieux n'étaient pas similaires. Les deux endroits étaient même opposés en tout point, leur seul point commun était finalement cette même lumière blanche. L'un est censé sauver des gens même si leur cas était désespéré, l'autre les tuait... Clay Davidson est le nom du prochain homme condamné à mourir. Il ne savait pas ce qu'il aurait préféré : être condamné à la prison à perpétuité ou devoir mourir sans avoir eu la chance de vivre plus de trente-cinq ans. C'était triste mais il pensait que peut-être il l'avait mérité. Il ne voyait pas ce qu'il avait fait de mal. Mais il se disait que peut-être son comportement n'avait pas été assez digne de vivre. Il parait que l'on voyait sa vie défiler devant ses yeux lorsque l'on était sur le point de mourir. Il aurait aimé découvrir si cela était vrai dans une cinquantaine d'années. On l'avait placé dans une cellule d'isolement pour qu'il réfléchisse à ses actes. Il pensait que c'était stupide de faire subir ça aux prisonniers alors que les hommes de justice savaient pertinemment qu'ils n'allaient pas être pardonnés. A quoi bon réfléchir à ses actes et voir la cruelle vérité de ceux-ci lorsque vous alliez mourir l'heure suivante? Clay pensait qu'il était mieux de nier cette vérité, nier d'être un psychopathe, un meurtrier, un hacker anarchiste ou un patron véreux...C'était plus facile de mourir en niant le fait que vous n'aviez rien d'une bonne personne. Alors pendant ces longues heures Clay essaya de se rappeler qui il était au lieu de penser aux raisons qui l'ont conduites ici, peut-être que c'était lâche de sa part car il fuyait le problème et les conflits intérieurs qui le consumaient. Cependant, il avait terriblement besoin de se souvenir de ce qu'il avait accomplis pendant 35 ans, de toutes les choses dont il était fier. Il n'avait pas besoin de sombrer dans sa colère et se perdre en chemin. Clay était originaire de l'Ohio où il avait vécu pendant dix-huit ans. Il se souvenait avoir postulé pour « The University of Texas at Austin » où il avait été reçu en tant que boursier. Ces parents faisaient partie de la classe moyenne. Ils avaient beau travailler comme des fous, ils n'auraient jamais pu se permettre de financer de telles études supérieures. Cette bourse avait été la récompense du dur labeur qu'il avait traversé au lycée. Il s'était installé àAustin quittant sa petite ville natale pour la capitale du Texas. Il avait achevé un master en comptabilité. Il avait été très bien classé et avait tout de suite reçu l'offre de sa vie : un poste de responsable financier dans une grande société. L'année de ses vingt-sept ans a sans doute été la meilleure de sa vie. En sortant du travail, comme tous les soirs depuis cinq ans il avait croisé la route d'une jeune femme. Son nom était Abby. Sa vie était à l'opposé de celle de Clay. Le bonheur qui émanait d'elle lorsqu'elle était enfant semblait être, alors, plongé dans un coma. Il avait réussi à le réanimer petit à petit et cette pensée le fit sourire. N'importe quel garde de prison l'aurait pris pour un fou en le voyant sourire dans un moment pareil mais cette remontée de souvenir lui faisait terriblement du bien. Il se disait que sa vie n'avait pas été aussi inutile qu'il avait pu le penser ces derniers jours alors qu'il essayait de digérer la décision finale. Abby et Clay filaient le parfait amour et de celui-ci naissait Emily. Clay ne regrettait pas, il était heureux d'avoir mis au monde cette merveilleuse petite fille. Bien sûr, il aurait préféré qu'Abby reste auprès de lui mais cette décision ne relevait ni de lui ni de Abby. Abby mourut quarante-huit heures après l'accouchement. Clay se souvenu que c'était à ce moment que la pente est devenue plus glissante pour lui. Emily était devenue sa seule source de lumière et malgré quelques délits mineurs il avait réussi à remonter la pente et à redevenir sérieux dans son travail. Il était dévoué à celui-ci tout en essayant d'être le meilleur père possible pour subvenir aux besoins de sa fille. Il était inquiet à ce propos. C'était la chose qu'il craignait le plus. Il était trop inquiet du devenir de son soleil pour s'inquiéter sur son propre sort. Il avait peur qu'elle ne comprenne jamais ce qui lui était arrivé. Il n'avait plus peur de mourir, il avait peur qu'elle grandisse en pensant que l'homme, qui l'a élevée et qu'elle croyait bon, ne soit qu'une illusion. Il avait peur qu'elle pense que son père n'ait été qu'un connard parmi tant d'autres et qu'elle se perde dans le système des travailleurs sociaux. Il craignait que son monde s'écroule, ce monde qu'il lui avait construit et préserver jusqu'ici.
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Short StoryClay Davidson, vous êtes punit de la peine capitale. Il ne vous reste plus beaucoup de temps. Demandez à être pardonné pour vos pêchés , c'est la seule chose vous pouvez faire désormais.