Tu sais, elle...

Tu sais, elle fait ce truc, avec ses mains, à faire courir ses doigts sur tous les murs qu'elle longe, comme si son esprit s'échappait. Elle fait ce truc, avec ses yeux, à les ouvrir en grand sur tout ce qui l'entoure, comme pour en capturer
chaque instant, chaque parcelle. Tu sais, elle fait ce truc, avec ses lèvres, comme si elle embrassait l'air, comme si elle embrassait le temps. Elle fait ce truc, avec son cœur, elle emprisonne les gens dedans, mais il n'en devient pas plus grand.

Tu sais, elle étouffe parfois. Elle se sent prise au piège de son propre manège, de sa course qui ne s'arrête pas. Elle s'en va, loin, et ne revient pas. Elle abandonne ce qu'elle ne voit pas. Mais il arrive, qu'essoufflée par sa propre apnée, elle s'arrête et trébuche sur ses idées passées. Mais là, plus personne ne peut l'en relever. Alors elle attend. Elle desserre ses mains, elle lâche prise. Elle ferme ses yeux pour cacher le vide qui s'y cache. Ses lèvres tremblent, et murmurent un son que seul son présent ne comprend. Et enfin son cœur ralentit, fatigué de porter tous les autres dont elle ne peut se séparer, avant de redémarrer à vive allure, prête à courir vers son futur.