La fondation Angelus partie 1

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Natacha Macti était une femme ravissante. Elle était mariée à André depuis ses 23 ans, il s'était rencontré chez Angelina rue de Rivoli, alors qu'ils partageaient la même passion solitaire, celle de la littéraire avec une pâtisserie de choix.

Après des noces magnifiques à l'église de la Madeleine, les Macti ne tardèrent pas à agrandir leur amour. Natacha était enceinte, André était comblé.

Mais la vie sembla jalouser l'heureux couple. Un événement terrible arriva un mois après la naissance de l'enfant.

La mort subite du nourrisson avait emporté leur premier né Leon.
Natacha avait pu le chérir pendant un mois. Le petit, il était toute sa vie. Les neuf mois de la grossesse avait permis un attachement si grand et un amour si fort. 

Lorsqu'elle le tînt seule pour la première fois dans ses bras, elle avait pensé si intensément "Tu es mon fils la chair de ma chair. Ma vie est attachée pour toujours à la tienne. Je te protégerai toujours"

Mais c'est pourtant au début de l'automne qu'il arriva malheur. Natacha n'était pas dans la demeure Macti, elle était alors prise en charge par une sage-femme pour une séance de réadaptation suite à l'accouchement.

Son mari n'avait rien pu faire le baby phone n'avait pourtant pas sonné.  Les pompiers étaient arrivés aussi vite que possible suite à l'appel de Paul.  Mais le corps sans vie du nourrisson ne laissait aucun doute sur la situation. 

- Tuez moi mille fois, plutôt que de prendre la vie de mon fils, avait hurlé Paul lorsque le médecin des urgences de l'hôpital Necker avait fait l'annonce de la mort de l'enfant. 

Son épouse quant à elle, était coincée dans le trafic parisien. Elle avait seulement eu la consigne de se rendre au plus vite aux urgences de Necker. Natacha avait encore cet espoir pour Léon, le possible l'habitait. Paul en revanche  n'en avait plus, leur bébé était mort et il devait assister à l'annonce faite à sa femme. Il en était doublement anéantit. 

Natacha ne comprit pas tout de suite les paroles du médecin. Elle avait entendu de brèves statistiques, mais rien ne faisait sens. Son mari pleurait en silence. Le visage de l'équipe médicale était grave. 

On lui proposa de voir un corps. Elle y vit un bébé sans vie sur une civière de la morgue. Elle ne savait pas à qui était ce jeune garçon.

-Où est Léon? fit- elle à son époux interloqué.

Il serra sa main, puis il lui répondit avec une douceur infini ;

 - Il est auprès des anges.

Elle sourit, comme un sourire qui transpirait la détresse et un décalage profond avec la réalité.   C'était le sourire le plus froid, le plus triste de monde. Puis elle se mit à hurler, les soignants n'oublieraient jamais ce cri qui rompit l'atmosphère paisible d'un mois de septembre.

- Menteur rendez moi mon bébé !! Enlevez ce corps devant moi ce n'est pas mon fils, Léon mon Dieu où est Léon? Rendez-le moi bon sang, rendez moi mon fils ! hurla-t-elle de toute ses forces, son visage criblé de larmes.

Une horde d'infirmiers se jetèrent sur elle. La violence de Natacha se renforça et s'intensifia tel un ouragan prenant en magnitude . Elle venait de perdre la raison.

L'hospitalisation avait été obligatoire, l'état de stress post-traumatique de Natacha était critique. Malgré des traitements médicamenteux, du repos et des soins psychologiques, son état mental resta grave pendant plusieurs mois. Après le déni de la mort de son enfant, son esprit douloureux accepta la triste vérité mais non sans une terrible douleur. 

Trois ans après, elle était tombée enceinte de Léna alors qu'elle souffrait de dépression. Elle ne laissa rien paraître à son entourage de ses angoisses de morts, des pleures incessants et de sa perte d'intérêt dans n'importe quel domaine. Paul était à nouveau heureux lui, bien qu'il redoutait un autre drame, et le devoir d'investir émotionnellement un nouvel enfant lui faisait peur.

Léna Macti fut un beau bébé, mais dès sa naissance elle fut abandonnée aux soins de différentes gouvernantes qui se succédèrent durant sa petite enfant. 

Natacha était détachée de son bébé, ce qui précipita de nombreuses démissions des nourrices affolée par le manque de lien mère / enfant.

Natacha ne laissait apparaître aucune trace de sa dépression. Mais elle était un zombi auprès de sa fille, elle l'a changé manuellement sans aucun échange. Ses gestes étaient automatiques et froids alors Léna hurlait.
Mais l'envie de mourir pouvait commencer avec des comportements extrêmes pour oublier la douleur de la vie. Elle avait une petite Léna, mais elle n'était pas Léon. Rien ne pourrait remplacer ce bébé. Elle avait pourtant une affection pour son enfant, mais un mur immense les séparaient.

Il était plus facile pour les Macti de vagabonder au milieu de corps d'inconnus et d'en extraire ce que seul le sexe pouvait construire comme échappatoire. Et c'est ainsi que commença leurs vie libertin.

La jouissance était un pâle ombrage pour masquer la peine. Batifoler permettait de se laisser envahir par le plaisir et non plus par la peine. Le libertinage avait était le seul point de rencontre entre Natacha et Paul. Leur point d'ancrage pour ne pas s'effondrer. 

Mais comment aimer Léna après Léon? Comment investir un autre humain ? Les bébés pouvaient-ils survivre plus de quelques mois? Ses questions étaient la colonne vertébrale des angoisses de Natacha .

La mère de Léna avait découvert la possibilité que certains bébés survivaient. Et Léna avait survécu avec une telle envie de vivre qui surprit Natacha. Mais dès qu'elle la regardait intensément elle voyait en flash les traits de son premier enfant.  

Chaque 13 septembre il aurait eu une année de plus, Natacha avait décidé qu'elle ne vivrait plus jamais ce jour dans sa vie. Un jour, elle s'ingurgita  une dose suffisante d'anxiolytiques et de somnifère pour dormir au moins vingt quatre heures. Juste vingt quatre heures ...

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 14, 2017 ⏰

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