Qui aurait cru qu'en le rencontrant ma vie basculerait ? Qui ? Pas moi, c'était certain. Mon existence était déjà assez compliquée comme ça, elle n'avait pas besoin d'être pire. Je vivais les dernières années de l'humanité, seule, anéantie, sauvage et froide, attendant simplement que mon tour vienne parce que, je n'en doutais pas, mon tour viendrait.
Je n'ai pas la chance de vivre dans ces mondes de romans totalement incroyables où l'héroïne vit une existence parfaitement banale et se voit propulser dans une histoire palpitante, parfois effrayante, mais qu'elle n'échangerait pour rien sur Terre. Moi, je vivais déjà le pire, il ne pouvait rien m'arriver de plus fou que ce qui s'était produit pour l'humanité tout entière il y avait trois ans déjà.
Je vais sans doute vous décevoir, mais je n'ai pas de nom improbable, mystérieux ou encore rare. Je ne m'appelle pas Jacinthes, Rubis, Luna, Sumer ou encore Vendredi parce que je suis née un vendredi. Non, je m'appelle Molly Garnier et mon histoire ne commence pas sous de bons hospices.
Tout à commencé en 2050, quand j'avais 16 ans, et que je ne me rendais pas compte du confort qui était le mien et de la chance que j'avais de vivre une vie simple, entourée par ceux que j'aime. À cette époque, j'étais une adolescente comme les autres qui se faisait regulierement un drame de pas grand chose et qui pensait que ses problèmes de garçons, de lycée et de copines étaient d'une importance capitale.
Je vivais avec mes parents, Marie et Philippe Garnier, deux quadragénaires très à l'écoute de la famille qu'ils s'étaient construite, et Paul, mon petit frère de deux ans. Après avoir passé des années à profiter de leur fille unique et - il faut bien l'avouer - de son caractère de rêve, ils s'étaient lancés tardivement dans la conception d'un deuxième enfant. J'avais déjà bien entamé ma puberté et ma mère supportait assez mal ma prise de distance familiale, mais tout à fait normale et saine pour une adolescente de mon âge. Elle ressentait le besoin de donner son amour, un amour inconditionnel et d'une grande beauté et c'est ainsi que Paul vit le jour.
Peu de temps après sa naissance, l'hiver fut très rude et une épidémie de grippe frappa quelques pays. En fait, on ne pouvait plus vraiment dire que c'était l'hiver car il n'y avait plus de saisons depuis 2042, date à laquelle nous ne vîmes plus de différence entre l'été et l'hiver. Les changements climatiques avaient eu raison de nous et de notre planète. Malgré tout, nous conservions cette habitude désuète de nommer les saisons, histoire de nous persuader que rien n'était en trin de changer. Et pourtant...
Au début, ce n'était rien d'autre qu'un virus de plus, mais, très vite, les autorités sanitaires ont tiré la sonnette d'alarme lorsque les corps ont commencé à s'entasser dans les morgues. Fièvre, vomissements, fatigue extrême, toux, autodestruction des globules blancs et pour finir la mort. Le virus prit de l'ampleur et toucha en premier lieu les plus vulnérables comme les sans-abris, les vieillards, les enfants et les personnes à la santé fragile.
En quelques mois, le bilan faisait déjà froid dans le dos. La propagation était telle que des spots publicitaires tournaient en boucle sur les chaînes télé afin de sensibiliser les gens aux gestes à adopter pour réduire les risques de contamination. La planète entière fut touchée, aucune zone habitable sur Terre ne fut épargnée par ce qu'ils avouèrent bien plus tard être une mutation inconnue du virus de la grippe. La grippe X comme ils l'appelaient à la télévision.
Vingt pourcent de la population trouvèrent la mort les six premiers mois. C'était une catastrophe humanitaire et les quelques degrés de plus que nous offrait "l'été" n'inversèrent pas la tendance. Le moindre toussotement, le moindre petit éternuement ou écart de température provoquait la panique dans votre entourage. Bientôt, les gens refusèrent de sortir de chez eux, se calfeutrant bien à l'abri dans leur maison, refusant d'aller travailler ou de mettre leurs enfants à l'école. Ma famille ne passa pas à travers cette hystérie. Je n'avais plus le droit de mettre le pied dehors et mes parents s'occupaient de Paul comme s'il était fait de papier de riz. Durant toute sa courte vie Paul ne vit pas beaucoup le monde en dehors de la maison.
Bien évidemment, comme plus personne ne voulait sortir de chez soi, le système tout entier fut paralysé et notre survie à tous mise en péril. Huit mois après l'apparition de la grippe X, des personnes pourtant solides et bien portantes commencèrent à décéder. Nul n'était à l'abri désormais, ma famille non plus. Nous perdîmes maman en quelques semaines. Le virus s'était emparé d'elle alors qu'elle était sortie trouver de quoi remplir un peu nos placards et nos estomacs.
Le monde tel quest nous l'avions connu était à l'agonie et mon père et moi aussi. Paul avait la chance d'être trop petit pour se rendre compte de quoi que ce soit. Il n'avait toujours connu que cette vie là. Comme la plupart des services avaient tout simplement disparu, les gens enterraient leurs morts eux même. Maman reposa donc paisiblement au fond de notre jardin, à la lisière du bois. Ma peine était indescriptible, mais je sus rester forte, j'étais la nouvelle mère de la maison et Paul en avait besoin.
Deux mois plus tard, je surpris papa s'atteler à la confection d'une deuxième fosse, au côté de la tombe de sa femme. Il mourut une semaine plus tard dans d'horribles quintes de toux purulentes. Je le mis en terre moi-même en ne cessant d'imaginer ce qui adviendrait de Paul si j'étais la prochaine. Si le virus avait gagné le noyau familial alors il n'y avait plus rien à faire.
Et puis, Paul et moi avons assisté à ce que nous pensions à l'époque être un miracle. Les plus grands dirigeants de cette planète se réunirent dans une gigantesque cellule de crise dans l'optique de contrer le fléau qui menaçait d'exterminer l'espèce humaine à tout jamais, contre cette pandémie.
Un vaccin fut trouvé à la hâte à peine un mois plus tard et son injection fut obligatoire et gratuite pour les douze milliards d'habitants qu'il restait encore sur Terre. Je m'en souviens encore...
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S.A.M
Science FictionEn 2050, le monde est soudainement ravagé par une nouvelle mutation du virus de la grippe que tout le monde pense inoffensif. Sans même qu'ils ne s'en aperçoivent, les Hommes se retrouvent victimes d'une pandémie et nomment le virus "la grippe X". P...