Sur mes traces

Chapitre 8: De l'autre côté..

Sous des paupières closes, Madrik se sentait bercé par la respiration lente et régulière de son ami. Plusieurs minutes défilèrent, mais le petit garçon n'arrivait pas à dormir. 

"Que peut bien être cette surprise ?" se demandait-il.

 Les oiseaux de nuits produisaient de tout petits bruits, des rongeurs surexcités grignotaient les arbres alentours... La lune donnait une teinte bleutée à l'horizon sans soleil, une légère brise soufflait dans ses cheveux..tout était normal.

Lentement, le petit garçon pris un petit pendentif en argent qui ornait son cou.

"Madrik".

Le faisant rouler entre ses doigts, l'enfant repensa à ce qu'aurais pu être sa vie si il n'avait pas grandi avec Tsumi. Comment étaient ses parents ? Pourquoi s'est-il retrouvé ici plutôt qu'avec eux ?

Le vieillard lui avait expliqué qu'il avait été "abandonné"....Même si il n'avait jamais vraiment réussi à comprendre le sens de ce mot, le petit garçon se résignait à cette brève réponse malgré lui.

Dans le bleu de la lune, ses pensées cogitaient. À quoi ressemblaient-ils ? Comment s'appelaient-ils?

Soudain, des bruits de grognements le fit sursauter, ainsi que Yota, le faisant presque tomber de ses 2 mètres. Tout les autres éléphants dormaient, n'ayant pas prêter d'attention à ces bruits inquiétants.

D'un coup de talon silencieux, l'enfant demanda à sa monture d'avancer jusqu'à la provenance des bruits. Ils marchèrent silencieusement, puis se retrouvèrent entourés d'arbres serrés et imposants.

Un pointe d'angoisse se coinça dans la gorge du petit homme, le faisant sursauter à chaque bruissement de feuilles. 

C'est en scrutant la masse sombre des buissons épineux qu'il les vit, les yeux. Ceux qui sont fermés le jour, ceux qui reflètent sous la lumière de la lune la nuit...

-Ne bouge plus Yota, fais attention autour de toi...

Au bord de la crise d'angoisse, l'enfant regardait un a un les pairs d'oeil qui les regardaient.. 3...5...7 !!!

-Retourne sur tes pas, il faut aller prévenir Tsumi.

Trop tard. Beaucoup, trop tard. Les yeux bougeaient de plus en plus, se rapprochaient... les grognements se firent plus agressifs, beaucoup moins discrets..

Soudain, un des corps dans la masse sombre de la végétation sortit à la lumière de la lune...

Une imposante lionne les regardait de ses yeux sombres et vitreux, plantant ses griffes dans le sol encore humidifié par les pluies du jour. D'autres félins approchèrent, puis finirent par encercler l'enfant et son ami.

Aussitôt et par instinct, Madrik cria à l'aide.

De loin, il vit sa troupe, s'éveiller subitement, terrifiée. 

Tsumi était monté sur le dos du Chef, Charybde. Ses yeux se posèrent sur l'enfant et sa monture, pris au piège par une dizaine de lionnes affamées..

C'est là que Madrik compris. Ce regard, ce message..  Il devait se débrouiller seul.

Examinant la situation depuis le dos de son meilleur ami, le petit garçon essaya de trouver une solution.  

Il fallait faire vite. Les lionnes se rapprochaient de plus en plus, certaines commençait même à donner des coups de griffes, esquivées de justesse par le mastodonte.

La troupe se faisait aussi de plus en plus encerclée, mais cette fois par des lions et des lionnes..

Madrik et Yota avaient été mit à part..il allaient être sur le menu de ces prédateurs si ils ne faisaient rien !!

Prenant les choses en main, le petit homme ordonna à Yota de partir en courant.

L'animal détala. Les arbres se serraient de plus en plus, la forêt devenait très dense.. Les lionnes se mirent à leur trousse, d'autres apparurent depuis quelques buissons secs, leur nombre grandissait !! 

Une idée traversa l'esprit du garçon... aussitôt, celui-ci l'expliqua à son ami, malgré le déséquilibre que provoquaient ses mouvements de courses. L'animal s'exécuta directement.

Avec sa trompe, l'éléphant prit des pierres sur son chemin et les lança à son cavalier. 

Puis, Madrik les lança à leurs poursuivantes. Celles-ci ralentissaient en rugissant. 

Triomphal, il cria:

-Ça marche !!!

Malheureusement pour lui, il parla trop vite.. après plusieurs jets de pierres,  les lionnes ne renoncèrent pas entièrement et Yota ralentissait, épuisé.

-On peux pas s'arrêter maintenant !!! pleura l'enfant, effrayé à l'idée de perdre son ami.

Les espacements entre les différents arbres se desserraient, laissant quelques possibilités de fuites.. avec des coups de talons francs et maladroits, Madrik hurla à son éléphant de tourner vers un des chemins les plus dégagés. Les lionnes ralentissaient de plus en plus, ils allaient y arriver !

Alors que le petit garçon était retourné vers l'arrière de sa monture, il ne regardait pas où ils allaient. En se retournant vivement, le petit garçon ne la vit pas. Le choc fut brutal: une branche basse l'assomma d'un coup sec en le faisant tomber par terre. Sonné, Madrik resta allongé sur le sol, regardait Yota continuer sa course sans lui. Ses yeux se fermaient de plus en plus, il luttait malgré tout. À sa gauche, les lionnes reprenaient leur course et allaient bientôt arriver sur lui.

-J'ai perdu... grogna-t-il en sentant sa tête tourner.

Laissant ses yeux se fermer petit à petit, Madrik attendait sa mort. Puis, celui-i regarda à sa droite, Yota revenait !

Affolé, le jeune éléphant revenait malgré tout. Devant le corps inerte et les yeux effrayés du petit garçon, le mastodonte défia les lionnes, qui se mirent aussitôt à ses trousses, s'éloignant de plus en plus de son cavalier blessé.

L'animal était épuisé, permettant à ses ennemis de l'approcher de plus en plus près... Quelques unes d'entre elles montèrent sur son dos, le griffaient à sang... D'autres se plaçaient dans ses pattes, le faisant encore plus ralentir, jusqu'au point de le stopper. Meurtri, Yota essaya en vain de se dégager des griffes de ses assaillantes.. Leur nombre devait avoir atteint la vingtaine..

Utilisant le peu d'energie qu'il lui restait, Madrik hurla à son ami de fuir. Sans réponse, il essaya de se relever.. de quelques pas.. un..deux...

Le son se coupa, ses membres se détendirent, se fut le trou noir.