Binôme contraint et forcé ou quand l'education national joue avec vos nerfs

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La routine est,pour certains, une véritable torture qui les maltraitent un peu plus chaque jour. Je ne fais pas partie de ces gens-là. J'aime ma routine. Elle me rassure en fait. Car après tout, si rien ne vient troubler vos habitudes, c'est que rien de mal ne vous arrive...rien de particulièrement bien non plus d'ailleurs. Pourtant, il m'arrive, dans des moments de profond égarement, d'entrapercevoir une autre vie, un monde où tout serait différent. Mais cette perspective, bien qu'alléchante, reste tout de même des plus effrayantes.

C'est sur ces pensées que je m'extirpais silencieusement de mon lit, pour aller me préparer a cette nouvelle année scolaire, ô joie ! Une fois prête, je me regardais dans le miroir, et ce que je vis fût exactement identique à ce que j'avais vu les autres années :
Une ado, pas tout à fait une femme, petite, mince, dissimulée sous de larges vêtements. Les mêmes yeux bleus, la même tignasse brune, bref, exactement la même. Ça me rassurait. Je savais qui j'étais : Anastasia Guerrero-Sanchez, 17 ans avec tous ses vaccins à jour.

Enfin, peut importe, je sais que ma vie a déjà été toute tracée par mes parents : la fac de droit, puis le grand barreau de Paris et je serais enfin digne de ma famille. Pas que mes parents ne m'aiment pas, loin de là, mais disons que le reste de ma famille est très stricte sur les apparences.

Je partis donc pour le lycée, en bus. arrivée là-bas, je pis enfin rejoindre mes amis, mes deux seuls amis : Leah, une jeune fille petillante, pleine de vie et un brin siphonnée, et Tyler, plutôt effacé mais tellement gentil.

Cette année, une nouveauté nous attendaient au lycée et nous n'y étions absolument pas préparés....

" Chers élèves de terminal, je suis ravie de vous retrouver pour cette nouvelle et dernière année, commença la directrice. Je n'ai pas besoin de vous rappeler les règles de cet établissement que vous réintégrer pour la troisième et, je l'espère, dernière année. Toutefois je me dois de vous faire part de la mise en place d'un nouveau système. En effet, suite à une décision du ministère de l'éducation nationale, un plan de soutien aux terminales à été mis en place pour vous aider à préparer le baccalauréat. Dans chaque classe, vous serrez répartis en binômes avec une personne choisie par vos professeurs, afin de vous soutenir mutuellement et vous aidez l'un l'autre à progresser. Vos professeurs principaux vous annonceront les binômes une fois en classe. Bonne rentrée à tous !"

Nous rejoignîmes donc nos classes. malheureusement pour moi, je n'étais pas avec mes amis, qui avaient choisi la S tout les feu alors que j'étais moi-même en L.

En entrant dans ma salle, je parcourais mes camarades du regard. Et ce n'étais pas franchement brillant : miss univers et ses petits chiens, l'équipe de basket et LE beau-gosse alias LE bas boys alias brun ténébreux alias la chasse gardée de miss univers, plus communément appelé James Evans, et ses deux meilleurs amis : Alex Fuentes et Paco Garcia. Je m'assois donc, seule, au premier rang, en attendant que notre prof monsieur Beffetti commence.

Après la distribution des amplis du temps, de papiers officiels et surtout des binomes, je sortis de la salle et me rendus mécaniquement à mon arrêt de bus sans cesser de répéter : "non, pitié, non, dites moi que ce n'est pas vrai, s'il vous plait seigneur, pitié, ...". C'est dans cet état, assise sur le banc, le regard fixé sur mes chaussures, que me trouvèrent Leah et Tyler :
- Bah ma poule, qu'est-ce qui t'arrive ? Youhouuuuu !! S'exclama Leah devant mon absence de réaction.
- Laisse-là, déclara Tyler, assis à côté de moi, jambes croisées dans une attitude de psy de comptoir, je diagnostique un état de choc profond. Il faut laisser le temps à son inconscient d'admettre la nouvelle.
- Ta geule, croassai-je.
- Bah voila, s'exclama Leah. Qu'est-ce qui se passe poulette ?
- L'inconscient, Leah, l'inconscient...
- Mon binôme, annonçai-je coupant court à toute dispute, c'est.....James Evans."

Un silence de mort s'abattit alors sur notre petit groupe. Et c'est ainsi que je me retrouvais chez moi, plus vautrée que couchee, sur mon lit priant pour que tout ceci ne soit qu'un horrible cauchemar.

Ce fut ma mère qui se chargea de me ramener à la réalité de sa douce et mélodieuse voix : ANNNNAAAAAA !!!!! A TABLEEEEE !!!!!!!

Je me levais et descendis. Le repas se passa selon notre routine habituelle et cela me rassura un peu de voir que certaines choses ne changeraient jamais. De retour au chaud sous ma couette, je décidais que peut importe ce qui pourra se passer, je ne laisserai pas James changer quoi que ce soir à ma vie.

Forte de mes résolutions, je me rendus en cours sans la moindre inquiétude le lendemain...ou pas. Interieurement, je tremblais littéralement d'angoisse mais je m'efforçant de ne pas le montrer. Je suis sure que Tyler l'a vu lui, mais il a eu la délicatesse de ne rien dire, préférant attendre que je vienne lui en parler de moi-même. Ce que je ne ferais jamais bien entendu.

La journée se passa plutôt bien dans l'ensemble, jusqu'à l'heure tant redoutée : l'heure de travail en binôme. Obligatoire, au moins une heure tout les jours, dans l'enceinte du lycée. A cela, doivent s'ajouter au moins deux heures de travail ensemble le mercredi après-midi et les week-ends, n'importe où du moment que c'est fait. Evidemment, ils veulent voir les deux écritures sur les devoirs communs. Et oui, ils ont aussi eu l'extrême amabilité de nous imposer des devoirs communes, non mais sans blague. Enfin bref, James m'a fait comprendre que nous allions au CDI, je l'ai donc suivi en silence.

En silence, cet exactement comme ça que c'est déroulée notre heure d'étude, travaillant en silence, nous sommes aussi partis chacun de notre côté en silence. Ça s'annonçait joyeux pour le reste de l'année.

Si je ne fus pas surprise de cette absence de conversation, je m'attendais beaucoup moins à une embuscade savamment organisée du "glousse gang". Et oui, Miss Univers, alias Natalia et ses petits caniches, m'ont prise à part, toute manucure dehors.

- Bon j'ai deux trois petites choses à t'expliquer bouffonne ( notez l'effort de vocabulaire), tu vas laisser Jameschou tranquille parce qu'il est à moi ! C'est clair ?!

Et elles partirent dans une envolée de fibres roses, en claquant des talons. Je ne savais même pas qu'elle connaissait mon existence mais maintenant c'était clair : Miss Univers m'avait dans sa ligne de mire et si je ne voulais pas finir moyen dans le gloss j'avais plutôt intérêt à me tenir à carreau.

Je ne réaliserais que plus tard que les véritables dangers ne viennent pas de là où on les attends...

Sans regretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant