Chapitre 22 : UN BILLET LOURD DE DOUTE.

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Jeudi 24 décembre

19h56

"Putain, il ne peuvent pas bouger leur cul deux secondes de mon chemin !" Harry grogna en maudissant tous les passants qui tentaient vainement de s'écarter, mais il y avait tant de monde sur la pont que personne n'arrivaient à bouger librement à plus de deux mètres.

Nous étions à Westmisnter Bridge, le pont qui survolait La Tamise. Les lumières se reflétaient frénétiquement sur l'eau noir d'encre dans une forme flou. J'aurais vraiment voulu me pencher pour admirer les ombres qui dansaient si élégamment mais ce soir, la veille de Noël, c'était clairement impossible vu la foule qui s'agglutinait autour de nous.

Une rafale de vent glacé me fit me rapprocher de Harry qui serrait les dents. Ils détestait les gens. Depuis le début, il n'arrêtait pas de se plaindre de tout. Le bruit, le vent, le froid, les gens sur son chemin... Bref, pour l'instant, je pouvais pas mieux rêver comme réveillon.

"Qu'est-ce que t'as à me regarder, grosse vache ?!" cingla Harry en dévisageant méchamment une femme en surpoids.

Les joues de la femme devinent aussitôt rouges de honte et elle s'enfonça le plus possible dans le foule qui l'avala sans attendre. Harry fixa l'océan de monde en grognant. Je lui pris la main en espérant le calmer et le faire sourire un peu.

"Pourquoi tu as voulu aller là ? C'est nul." Harry poussa sans vergogne un enfant qui lui bouchait la route. Le petit tomba au sol comme une merde et commença à pleurer, réclamant sa maman entre chaque reniflement.

Je soupirai puis admirai la roue qui brillait de bleu et de neige, les souvenirs me revinrent comme un rêve en pleine nuit ce qui fit trembler légèrement ma lèvre. "C'est une sorte de tradition, en fait. Quand, j'ai emménagé ici à mes 12 ans, mes parents avaient voulu nous montrer la fameuse roue de Londres au réveillon et depuis, chaque année, on y allait en famille avec ma sœur."

Une boule se forma dans ma gorge en pensant à Anna. Est-elle au courant de ma disparition ? Charly lui a dit ? Surement pas. Elle habite à NY, aujourd'hui. Je l'imagine en train de réviser la tonne de notes qu'elle avait du prendre pendant ses cours. J'émis un petit rire en pensant à la tête qu'elle tire quand elle est concentrée. Elle tire toujours la langue et ses yeux sont tellement plissé quand elle fixe les mots sur sa feuille qu'on croirait voir une chinoise. Je me mis à regarder le sol afin de ne pas trop penser à elle et à ses boucles brunes.

"Tu as une sœur, babe ?" me demanda Harry.

Je hochai la tête en tentant d'avaler la boule dans ma gorge qui n'arrivait pas à partir.

"Comment s'appelle-t-elle ?"

Je relevai la tête dans sa direction. Mes yeux me piquaient.  Anna, c'était la goutte d'eau de trop. "Je pourrais revoir ma famille un jour, n'est-ce pas ?"

Harry me jeta un coup d'œil puis me poussa pour pouvoir passer sans prendre un poteau en pleine face. "Bien sûr que non."

Une douleur dans ma poitrine me fit brusquement arrêter tout mouvement. Il n'avait pas le droit de me retirer ça. J'ai besoin d'eux, de Charly. Je ne pourrais jamais vivre exclusivement pour Harry ; j'avais besoin de liberté, bordel de merde. A ce train-là, je m'aurait rapidement suicider avant d'avoir passer la trentaine.

Malgré tout, je me contenais pour ne pas faire une crise ici. Visiblement, j'avais fait du progrès.

"Pourquoi ?" Je me sentais bouillir de l'intérieur et le calme qui émanait de Harry me mit encore plus en rogne.

Heartless |H.S|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant