« Si je devais te comparer à une fleur, ce serait le bleuet... Akutagawa. »
Je ne sais pas comment j'aurais dû prendre cette remarque mais, fidèle à moi-même, j'ai répondu à Dazai par une grimace. Lui, fidèle à lui-même, sourit et fit demi-tour. Notre combat fut reporté, encore une fois, et notre prochaine rencontre n'aurait probablement lieu que dans une éternité, encore une fois... Si je ne me permets pas d'aller mettre sa raclée à ce satané tigre-garou. Sauf que le problème reste que ça n'apporte pas à tous les coups la venue de celui qui fait ma vie.
***
Dans le langage des fleurs, le bleuet est le messager des sentiments purs et délicats.
Est-ce que c'est une plaisanterie ? M'a-t-il réellement comparé à cette fleur ? J'ai pensé que j'aurais pu en être flatté mais, là, je ne peux que m'en époumoner. Ou peut-être devrais-je juste m'esclaffer très ironiquement. Je n'en ai pas moins attendu de lui de me comparer à cette fleur d'un genre des plus typiques mais cela reste une insulte à mes yeux. J'ai tendance à tout prendre mal de sa part depuis qu'il ne fait plus partie de la Mafia Portuaire. Il a décidé de donner un sens à sa vie mais ce ne sont que de futiles mots. Un abandon aussi facile ne peut pas être considéré comme une manière de donner un sens à sa vie. Je ne l'aurais jamais pensé comme ça, je ne t'aurais jamais pensé comme ça : tu m'as déçu.
Je n'étais rien avant qu'il ne me trouve dans mon village natal. Il a en quelque sorte donné un sens à ma vie en me prenant sous son aile mais je ne pensais pas qu'il ne me remercierait, ô grand jamais, de lui avoir été toujours si fidèle en quittant la Mafia Portuaire. J'ai été diablement enragé de l'apprendre, non pas par lui, mais par notre patron. Pourquoi n'ai-je toujours eu l'air de n'être rien d'autre qu'un pantin à ses yeux ? Pourquoi le suis-je encore aujourd'hui ? Il me manipule avec aisance et on dirait que cela lui plaît. Pour prouver ma reconnaissance, je me dois, apparemment, de lui prouver ma force. Ne l'ai-je pas déjà assez fait ?
Je suis Ryûnosuke Akutagawa. Tout le monde me craint à la Mafia Portuaire. Est-ce seulement mon pouvoir, Rashômon, ou est-ce ma manière d'être ? Je suis un démon endiablé.Je ne suis que le néant.
Cela ne sert à rien de me comparer avec une fleur parce que je suis loin d'être digne d'être représenté par une fleur. Mais, peut-être Dazai a-t-il raison. J'ai toujours écouté ses propos avec sagesse bien que je n'ai été que peu de fois en accord avec. Je possède mes propres convictions et, même si elles ne sont pas toujours justes, je continue à les suivre parce qu'elles sont mes dernières porteuses d'espoir. Un espoir d'avoir le droit de vivre dans ce monde auprès de lui. J'espère qu'il me pardonnera un jour d'avoir fait les choses aussi maladroitement pour que cela puisse se réaliser. J'espère qu'un jour je pourrais enterrer six pieds sous terre toutes les mauvaises choses qui ont fait qu'il me compare aujourd'hui au bleuet.
« Monsieur Akutagawa, me ramène à moi Higuchi.
- Mh ?
- Le patron m'envoie vous chercher pour aller accomplir une mission. »Toujours prêt, à tout moment de la journée, je me redresse et la suis hors de la pièce qui me sert de chambre. Je ne dors pratiquement pas, je mange peu ; et j'ai une santé fragile. Mais je tiens le coup. Je ne sais faire que ça. Au fond, ma vie n'a aucun sens et c'est peut-être Atsushi qui a raison. Voilà pourquoi à lui on lui donne le droit de vivre auprès de Dazai.
***
J'ai peur. J'ai peur de ce que la vie a à offrir, ou plutôt de quel bonheur je pourrais découvrir sans qu'il soit à mes côtés. Pourtant, même lorsqu'il faisait encore partie de la Mafia Portuaire, je lui prenais la tête et me prenais la tête pour faire de mon mieux à avancer. Je faisais pire que tout ce que j'avais pu imaginer faire de pire dans ma vie et, aujourd'hui, je continue à le faire mais trois fois plus qu'avant. Je suis déraisonnable et si peu avancé parce que je ne sais pas comment lui exprimer ma gratitude.
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Au bleu de la nuit
FanfictionSi tu devais me comparer à une fleur, laquelle serait-ce ? *** Bungô Stray Dogs de Kafka Asagiri.