Chapitre 18

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Une semaine s'était écoulée, et ce jour-là, Lysandre était encore parti. Il s'était déjà absenté trois jours, et ces sorties commençaient à inquiéter Hortense. Elle s'efforçait de ne pas montrer son angoisse, mais lorsqu'il rentrait, il semblait toujours las. Alors, elle essayait de ne pas trop parler, et feignait d'être fatiguée pour qu'il puisse se coucher sans être gêné. Et il revenait toujours avec un présent, comme pour se faire pardonner d'être parti. Il lui avait offert une bague, assortie au collier, une paire de pendants d'oreilles qu'elle ne pouvait pas mettre, n'ayant pas de trous aux lobes, et un bracelet en argent ciselé. Même si elle était ravie de ces cadeaux qu'elle portait en paradant devant lui, elle se sentait mal à l'aise, car Lysandre n'avait pas énormément d'argent, et le fait qu'il le dépense dans des bijoux la gênait. Mais elle n'avait jamais osé lui en parler, ayant peur de sa réaction. Car plus que tout, elle craignait de le décevoir.

Pour tromper l'ennui et pour tenter d'oublier le creux dans la poitrine qu'elle ressentait chaque fois qu'il s'en allait, elle s'empressait d'aider Blanche ou Bertrand aux tâches ménagères. Mais parfois, ils n'avaient pas besoin d'elle, alors elle errait comme une âme en peine dans la demeure.

Et, un jour, à force d'ouvrir toutes les portes qu'elle trouvait, elle arriva dans une grande pièce, dont tous les murs étaient recouverts par des bibliothèques. Fascinée, elle referma doucement le battant, et s'avança au milieu de l'endroit. Il y avait là un tapis en peau de bête, et un fauteuil moelleux. Elle se dirigea vers une étagère remplie de livres, et en prit un au hasard. Puis, elle vint s'asseoir à même le sol, sur le tapis, et ouvrit l'ouvrage. Elle resta émerveillée devant les arabesques, et fronça les sourcils pour mieux se concentrer. La rousse voyait bien que certaines formes se ressemblaient, mais n'étaient parfois pas les mêmes, et réapparaissaient régulièrement. Elle tournait les pages, contente de réussir à reconnaître certaines formes.

Soudain, elle sentit une présence près d'elle, et sursauta en reconnaissant Lysandre. Il s'était assis à côté d'elle, et l'observait d'un air attendri. Elle sentit ses joues chauffer, et baissa la tête en refermant le livre d'un geste sec. Mais il prit ses mains d'un geste doux, et déposa un baiser rapide sur ses lèvres. Puis, il regarda la couverture du livre, et haussa les sourcils :

« - Les Essais ? Je ne savais pas que vous lisiez Montaigne... »

Son ton était amusé, et sans pouvoir se retenir, elle lui tira la langue. Il eut un rire cristallin, et elle ne put s'empêcher de sourire à son tour. Il se rapprocha d'elle, et la souleva dans ses bras pour venir l'asseoir entre ses jambes. Il l'entoura de ses bras, et ouvrit l'ouvrage devant eux. Puis, il pointa un symbole du doigt, et murmura :

« - C'est un « a ».

- Cette forme-là ?

- Oui. »

Elle plissa des yeux, et soudain, elle lui montra une autre lettre :

« - Comme celle-là ?

- C'est cela. »

Elle eut un sourire fier, et eut un mouvement excité :

« - Et après ? »

Elle le sentit sourire, et il lui montra la lettre d'après :

« - C'est un « u ».

- Et ça fait le même son ?

- Oui.

- Donc le « a » fait aussi... Aaaah ? »

Son âge? Quelle importance puisque je l'aime... (Amour Sucré) ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant