Neuf vies, vie neuve

Jour 1

Aujourd'hui j'ai été adoptée.
Je vais enfin voir à quoi ressemble ma nouvelle maison. Mais d'abord il faut que je monte dans cette voiture. Je ne suis jamais montée dans une voiture auparavant. Mais dans les bras de cette jeune fille, je n'ai pas peur.
Elle me sourit, contente que je m'ajoute à sa famille.

Il y a un silence insupportable dans la voiture. Puis, une voix vient briser ce calme.

"Alors Hayley ? Tu en penses quoi ?" Dit une dame assise au devant de la voiture.

"Elle est adorable, avec ses petites oreilles et ses grands yeux bleus comme..." Tout d'un coup la fille s'arrête de parler, comme si elle s'était perdue dans ses pensées en une fraction de seconde.

Le silence insuportable revient.

On entend l'homme assis à côté de la dame soupirer.

"Dans ce cas je suis ravi qu'elle te plaise" dit-il.

"Oui" répond Hayley machinalement et qui a perdu son sourire.

Je ne sais pas vous mais cette famille a l'air spéciale... Enfin bref passons. Peut-être que tous les humains sont calmes quand ils sont en voiture. L'auto s'arrête devant un grand bâtiment, une grande maison, la leur je suppose. Hayley sort de la voiture et me porte jusqu'à l'intérieur et me dépose par terre. Soudain, une voix retentit

"Hayley, va nourrir le chat" dit la dame.

"Oui m'man" dit la fille. "Allez viens !" Me dit-elle

"Tu n'as pas pensé à lui donner un nom ?"

"Non pas encore, je sais pas comment l'appeler. Tu veux l'appeler comment toi, papa ?"

"C'est pas à moi de décider, donne lui le nom de ce que tu aimes le plus"

"P... Chocolat !!" S'écrie la fille.

"Euh oui mais non.. enfin.. ce que tu aimes mais c'est pas obligé que ce soit de la nourriture hein..."

"LE CHOCOLAT C'EST LA VIE !!!"

"Oui chaton, pas la peine de prendre la grosse voix, on respecte tes convictions, ta religion et tes croyances. Si pour toi le chocolat c'est la vie alors on respecte ta décision."

D'accord... Chocolat, c'est comme ça qu'elle m'a nommée... C'est assez original comme nom, c'est très profond, on peut ressentir toutes les émotions transmises à travers ce nom... ahem tout à fait.
Je tourne la tête et vois ce que les humains appellent "escaliers", curieuse de la sensation que ça procure, je décide de monter ces fameux escaliers dont j'ai tant entendu parler à l'animalerie ou je ne sais quoi. Arrivée en haut je vois plusieurs portes : une qui mène vers ce qu'on appelle "salle de bain", une où il est écrit "Hayley" dessus et une autre où il y a marqué "Pierre". D'ailleurs c'est la seule porte fermée. Je me dirige vers celle-ci et commence à gratter à la porte.

"Non Chocolat !! Pas là ! Viens ici ! On ne gratte pas les portes ! Vilain minou, pas bien ! T'auras pas de croquettes si tu recommences" crie Hayley.

"À table !" Crie une autre voix. Décidément dans cette famille on aime bien crier.

Les trois assis à table, le bruit des fourchettes et des couteaux qui cognent contre les assiettes. Décidément on a pas beaucoup de conversation dans cette famille.

"Tu retournes à l'école lundi ? " demande le père de Hayley en débarrassant la table.

"Oui."

"Très bien, va te coucher petit chat." Dit la mère.

"Oui." Répond Hayley en montant se brosser les dents.

À peine la porte de la salle de bain fermée, des sanglots se font entendre. Je tourne la tête pour voir d'où ça vient. La mère. Elle pleure. Tout doucement, mais elle pleure.

"Chérie non, je sais que c'est dur, mais tiens le coup..." dit le père en la prenant dans les bras.

"Je sais, j..Il faut rester..fort.. pour Hayley..et pour... pour tout le monde..." sanglote la mère.
Le père ne trouvant pas les mots pour la réconforter, continue à la serrer dans ses bras en la tapotant dans le dos. Moi, ne voulant pas rester une minute de plus dans cette atmosphère lourde, je quitte la pièce et je me rends dans la chambre d'Hayley pour chercher un petit coin et marquer mon territoire (non je ne vais pas pisser).

"Ah t'es là toi !" Dit la fille.

"Miaou"

"Viens tu peux dormir ici" elle me montre un grand coussin qu'elle a mis au sol. "Bonne nuit Chocolat"

"Miaou"

"Hahaha on dirait trop que tu me réponds alors que je suis sûre que tu me comprends même pas. Et c'est pas comme si je parlais le chat non plus. Bon allez moi je dors."
Elle se retourne, couchée et dos à moi. Quelques minutes plus tard, j'entends quelqu'un qui pleure mais cette fois-ci ce n'est pas la mère.

Décidément on a l'air bien triste dans cette famille.