Chapitre III

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C'était étrange. Jusqu'à lors, je n'avais jamais été intéressée par quiconque. Malgré les nombreuses tentatives d'Isy, aucun homme n'avait évéillé en moi ce quelque chose qui connecte deux personnes entre elles, qui les rend dépendentes l'une de l'autre. Pour être honnête, aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais ressenti le besoin de connaître cela, et le plan "avoir un petit ami" ne faisait pas partie de mes priorités. Mais les faits étaient là, ce Lester Green me perturbais. C'est bien simple, mon attention tout entière était captée par sa seule présence, et cela me rendait folle. "Mais qu'avait-il de si spécial ?" pensais-je sans arrêt, "Suis-je si faible d'esprit ? Après tout, ce n'est qu'un garçon, demain tu n'y penseras plus". Cependant, mes pensées furent interrompues par M. Kerwan, l'air assez mécontent comme à son habitude.

"-Mlle Ferguson, je disais donc, combien y a-t-il eu de morts pendant la guerre de sécéssion ?"

Oups. Je séchais complètement, je sentais que cette fois, j'allais bel et bien y passer.

"- Officielement, six-cent vingt victimes, mais c'est sans compter les pertes des soldats alliés", intervient Lester, sereinement.

"-Hum, c'est exact, fît Mr Kerwan dans un raclement de gorge, je n'en demandais pas tant, prenez-en de la graine Mlle Ferguson, ajouta-t-il d'un ton sarcastique.

Peu étonnée de sa remarque ironique, je soupirai. Lester me lança un regard complice, que je lui rendis.

"-Merci, tentai-je d'articuler, reconnaissante de son geste.

Un sourire timide se dessina au coin de ses lèvres pour simple réponse. Ses yeux d'une couleur si singulière, mélant vert émeraude, doré et brun cuivré, me regardaient fixement. C'était comme si le monde autour avait disparu; les bruits de mouvements, le chahut, tout, seul lui m'importait, irrémédiablement.

Je me rendis alors compte de ce qu'il se passait, de ce que je faisais. Je baissai rapidement les yeux, honteuse et gênée, fuyant tout contact visuel avec lui. Soudain, un rire se fit entendre, un rire que je n'avais jamais entendu, léger et doux, c'était le sien. Ma réaction l'avait apparement fait rire, ce que M.Kerwan ne manqua pas de faire remarquer.

"- Que vous ayez un niveau qui laisse à désirer en ma matière est une chose Mlle Ferguson, mais que vous dissipiez les élèves les plus brillants de cette classe en est une autre, la prochaine fois c'est dehors, vous êtes prévenue" fît-il, avec un faux air de professeur sévère."

Je n'entendis même pas la remarque de mon professeur d'histoire. Le son mélodieux de ce rire m'avait laissé songeuse.

**

La sonnerie retentit, je rassemblai rapidement mes affaires, je ne voulais croiser personne, surtout pas Lester, j'avais besoin de rentrer, de me retrouver seule et de m'éclaircir les idées. Sachant ma voiture éloignée de l'établissement, je me dirigeai le plus vite possible vers la sortie, et entendant les gouttes de pluie s'écrasant violement au sol, je commençais à enfiler ma capuche. C'est alors que je sentis une pression sur mon épaule, mon opération -sortir du lycée incognito- avait visiblement échoué.

" - Hey, où comptes-tu aller comme ça? me lança celui que je ne voulais justement pas croiser.
- La journée est terminé, je vais rentrer chez moi en essayant d'être le moins mouillée possible, blaguai-je.
- Eh bien, sans te vexer je pense que c'est très ambitieux, je suis garé en face, je te vais te ramener, fit-il.

Cela n'avait pas l'air d'une question, plutôt sur de lui le Green..

- C'est gentil, mais ma voiture est juste un peu plus loin, et puis je ne vais pas la laisser ici pour la nuit.

- Très bien, dans ce cas.., il enleva alors son blouson épais, d'un geste élégant, et passa derrière mon dos pour m'enfiler sa veste, voilà, je préfère, continua-t-il, satisfait de son geste.

- Je vois que j'ai affaire à un borné, le taquinai-je.

- Tu n'as encore rien vu, termina-t-il en esquissant un léger sourire -malicieux- ?

- Je n'attends que ça, et merci pour la veste, tu m'as épargné un bon rhume, je note, fis-je en souriant.

- Tu fais bien de noter, car tu m'en dois une à présent, termina-t-il en me lançant un regard complice.

Etait-ce un sous-entendu? Bon sang, comment suis-je censée interpréter cela? Il chamboule complètement mon interieur, mélant curiosité et inquiétude, je n'arrivais même plus à penser correctement, cependant, une chose en moi était sûre, mon seul désir désormais était de le revoir.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 08, 2015 ⏰

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