Chapitre 1

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L'humidité combinée à la chaleur était difficilement supportable. La vaste canopée empêchait tout rayons de soleil de passer et d'arriver au sol, bien sur il faisait encore jour mais la nuit tombait rapidement et la fraîcheur remplaçait vite la chaleur étouffante du jour.Cela faisais déjà quelques heures que moi et Adam marchions dans cette forêt vierge. Cette jungle ne portait les traces d'aucun passage humain. Cette sensation que m'apportait le fait d'être un des rares humains à pouvoir fouler ses terres, jusqu'alors quasi inexplorées, était un mélange d'excitation, d'impatience, proche de l'euphorie. Découvrir de nouvelles contrées m'avais toujours énormément plût. Au premier abord la forêt pouvait paraître silencieuse, pourtant, à force de marcher et de progresser dedans,on entendait le brouhaha sonore qui émanait de son cœur. Le vent soufflant et faisant danser les vastes feuillages des arbres les plus haut, le chant des oiseaux incessant, le bruit assourdissant du vol de certain insectes, le bourdonnement des autres. L'ensemble de cette forêt est vivant. C'est incroyable de voir un endroit regorger d'autant de ressources, d'une faune et d'une flore si vaste et si abondamment fournie.

La nuit va tomber dans quelques heures et comme notre progression est extrêmement lente à cause de cette végétation qui nous ralentit,il est essentiel que Adam et moi commencions à trouver un endroit ou camper. Car oui, dormir à même le sol dans la jungle peut être dangereux, les insectes grouillent la nuit ainsi que d'autres espèces nocturnes qu'on aimeraient ne pas croiser. Sans compter que l'effort à fournir avec des sacs de 15 kilos chacun dans un climat humide et chaud soit assez éprouvant. Le plus important est de nous laisser du temps pour le construire, c'est pourquoi nous nous y mettons tout de suite. Et il vaut mieux un abris quand il fait noir. C'est tout simplement impossible de tenter de faire quelque chose la nuit dans la jungle, il y fait aussi noir que dans un four. Adam repaire rapidement un arbre qui pourra nous servir et qui sera suffisamment grand pour qu'on puissent dormir les deux. Nous nous dépêchons de couper des bambous : je trouve la tâche particulièrement ardue et assez difficile. Adam quant à lui s'en sort incroyablement bien et je vois saillir chacun de ses muscles à chaque coups de machette qu'il donne. Son corps est incroyablement bien sculpter et chacun des coups qu'il porte lui donnent une grâce déconcertante. Soudain je prends conscience que mes pensées divaguent : il ne faut pas que je me mettent à le trouver beau. Nous sommes collègues. Nous avons une mission. Je compte remplir cette mission, sans me laisser distraire par Adam, aussi charmant soit-il. D'autant plus qu'il a sûrement déjà une copine. Je me remet immédiatement à la découpe de bambous.

Après plusieurs dizaines de minutes d'effort, nous estimons que nous avons assez de bambous pour nous faire un plancher et nous isoler du sol.Adam commence à positionner les planches de bambous entre les deux arbres, à environ un bon mètres cinquante du sol. Je me contente des les attacher solidement avec une espèce de petite liane dont j'ai oublier le nom. Le sol de notre cabane s'est donc rapidement mis en place, il nous restait maintenant à construire le toit. Adam monta sur le sol et fixa une grande branche entre les deux troncs qui nous servaient d'appuis pour la cabane. Je lui passais des feuilles de palme, qu'il attachait soigneusement, les faisant descendre plus bas que notre plancher. Il aurait été préférable de les tresser pour une meilleur étanchéité, mais nous n'avions pas le temps. Il nous restait à faire le feu et faire du feu avec ce taux d'humidité relève du véritable miracle même avec une pierre à feu. Il était indispensable que nous ayons du feu : d'une part pour éloigner les mauvaises rencontres animal (moustiques et autre prédateurs nocturnes) et d'autre part pour nous apporter un peu de chaleur. Je laissais Adam fignoler le toit et préparer la couche avec des feuilles de palmes qu'il superposaient pour nous créer un minimum de confort, pendant que moi je me mis à faire du feu. J'ai tout d'abord isolé le feu du sol afin qu'il y ait un apport suffisant d'air pour que la combustion s'effectue convenablement. J'ai ensuite récolté un peu de sève (excellent combustible) et des copeaux d'écorces avec les quelques brindilles sèches que j'ai pu trouver, qui prendront feu rapidement et permettront de faire prendre l'ensemble de mes bouts de bois. Je pris ma pierre à feu, ma première tentative fût un échec, les brindilles sont tout de même humides.Finalement ma troisième tentative fût la bonne, j'avais suffisamment produit d'étincelles pour mettre le feu à la sève et à mes morceaux d'écorces. Je transportais délicatement ce petit foyer dans mon tas de bois (enduit de sève) et le feu pris rapidement. Adam m'adressa un sourire et me félicita brièvement. C'était rare de recevoir un compliment de sa part et encore plus un sourire. Il était tellement beau quand il souriait, ses grands yeux noisettes s'illuminant et des petites fossettes se creusant. Les traits de son visage étaient fins et une barbe de quelques jours le rendait incroyablement sexy ! Il s'aperçut que mon regard était insistant me fit un sourire salace. Le rouge me monta instantanément aux joues et je m'empressais de détourner le regard confuse qu'il m'ait surprise à le dévisager.

Nous avions choisi le timing parfait : la nuit tomberai d'ici quelques minutes. Adam se déshabilla devant moi subitement ne restant qu'en boxer. Il mit ses habits de la journée au coin du feu pour les sécher. Mes yeux étaient fixés sur son corps, le voir se mouvoir avec cette allure féline était délicieuse à observer. Mais que m'arrivait-il ? C'était un collègue, il ne fallait pas que ça devienne plus. Pourquoi je n'arrivais pas à détacher mes yeux de son corps ? Je remarquais qu'il avait une longue cicatrice le long du dos et une folle envie de lui demander d'où elle provenait me démangea. Il mit ses vêtements qui étaient dans son sac pour la nuit. Puis il se tourna vers moi et me dit :

- Bon, Lou, tu t'es bien rincé l'œil maintenant à moi d'en faire autant.

- C'est faux je n'étais pas en train de te regarder et il est hors de question que tu me mattes !

- Tu peux te mentir à toi même, mais je sais que je te plais.

- Franchement niveau prétention, je pense que tu ne puisses pas faire pire. Tu ne me plais absolument pas. Maintenant retourne toi que je me change avant que je t'attache à un tronc pour que tu serves d'en-cas à toute sorte d'insectes.

- Tu n'aurai pas le cran de le faire ma belle.

- Premièrement, ne me pousse pas à bout. Deuxièmement, ne m'appelle pas ma belle. Troisièmement, je te laisse deux secondes pour te retourner avant de venir de mettre une droite.

- Comme tu voudras MA BELLE, et je vais me retourner car j'ai pris connaissance de tes aptitudes au combat, et tu es l'une des meilleurs, donc je ne tiens pas à te chercher. L'Agence t'as bien formé, c'est d'ailleurs pour ça que je t'ai choisi pour cette mission. Enfin c'est une des raisons qui m'ont poussé à te choisir parmi le lot de candidats possible.

Il avait dit cette dernière phrase avec une voix tellement suave et un regard si intense qu'il venait encore une fois de me mettre mal à l'aise. Après quelques instants à me fixer il se détourna enfin et je me changeais en vitesse, déposant mes habits au coin du feu également pour qu'ils soient secs demain. Adam me donna une ration que l'Agence nous avait fournit et en pris une pour lui. C'était une sorte de pâte franchement dégueulasse, à base de blé et enrichit en protéines. Au bout de trois bouchées j'étais déjà écœuré,mais je me suis forcé à finir, j'avais besoin de manger, de prendre des forces.

Il sortit la couverture que nous avions pour nous deux et l'installa de notre cabane. D'un geste il m'ordonna de le rejoindre. La couchette était plus confortable que je l'aurai imaginée, enfin il y avait une bonne dizaine de centimètres de feuilles de palmes qui nous isolaient des bambous. La nuit était désormais complètement tombée. Il mit la couverture sur moi et s'allongea près de mon corps respectant quand même une certaine distance, à mon grand soulagement. La jungle de nuit, c'était une toute autre ambiance,elle était encore plus bruyante. Le feu crépitait, la chaleur avait laissé place à la fraîcheur, le brouhaha des insectes étaient toujours présent et assourdissant. De nombreux oiseaux continuaient à crier, mais de nombreux cris étaient nouveaux, des sortes de grognements, de feulements, de hululements se faisaient entendre. On pourrai trouver l'ambiance plus angoissante mais je trouvais que la jungle de nuit était encore plus attirante. Son rythme de vie était incessant. Il était difficile de trouver le sommeil parmi tout ce vacarme, mais cette journée de marche m'avais complètement achevé,j'avais besoin de repos. D'autant plus que demain encore une longue journée de marche attendait Adam et moi. Nous devions remplir la mission que l'Agence nous avait confié. Il ne nous restait plus qu'à rassembler quelques éléments et tout serai complet. Je pourrai enfin rentrer chez moi et en avoir fini de travailler avec cet insupportable narcissique qu'était Adam. D'habitude, l'Agence ne me mettait pas en binôme avec un agent que je ne connaissais pas,encore moins une personne si importante au sein de l'organisation. Il était le major de sa promotion et était réputé pour être un des meilleurs agents. C'est une légende au sein de l'Agence. J'étais flattée de travailler avec lui bien qu'il soit horripilant. Et par dessus tout je me demandais pourquoi il m'avait choisi moi : agent banale, jeune et en début de carrière. Il y avait beaucoup plus qualifié et expérimenté que moi comme agents pour remplir une mission aussi importante. Mes yeux se fermèrent peu à peu me plongeant dans les ténèbres, le sommeil me gagnant, mettant un terme à toutes mes questions. Les deux jours à suivre risquaient d'être long...

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