Revelations

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Nous avançons côte à côte, et ce qu'elle a à me dire me fait froid dans le dos.

-Je suis ici depuis près d'une semaine. Je me suis réveillée comme toi, sur la côte, et je ne me souvenais pas de ma vie antérieure. Juste mon nom, Mélanie. Je n'avais rien sur moi, à part mes vêtement.  Seulement voilà, ici, il n'y a aucun bruit, jamais. Je ne sais pas comment c'est possible, mais je n'aime pas ça. D'ailleurs, à en entendre les hurlements fréquents qui surgissent en plein milieu de la nuit, on n'est pas les premiers à se retrouver ici. La dernière que j'ai croisé et avec qui j'ai sympathisé, c'est une fille qui disait s'appeler Caroline. Un soir, elle m'a dit qu'elle partait chercher des fruits et des racines de manioc, la seule nourriture ici, et n'est jamais revenue. Elle avait mon âge, elle était gentille. Ça me fout les boules..

-Je.. j'ai vu une fille se suicider hier. Elle a sauté dans un ravin, sous mes yeux. Elle avait le regard dans le vide, elle ne m'écoutait pas.

-Merde.. Était-elle rousse ?

-Je n'ai pas pu voir, ses cheveux était ensanglantés. Et moi, avant ma tentative d'évasion, j'étais ici depuis longtemps ?

-Aucune idée. Nous nous sommes rencontrés par hasard, alors que nous cherchions tous deux de la nourriture. Tu n'a pas voulu me suivre, car tu avais déjà réussi à confectionner un radeau de fortune, et tu es parti en direction de la côte, en me promettant de ramener les secours ici. Et te revoilà.

-Je suis désolé d'avoir échoué. Et encore un truc : que-ce que c'est que ces trous dans le sol, et qui t'as tendu ce piège ?

-La dedans, des choses infâmes se terrent. Je pense qu'elle ont creusé un grand réseau de tunnels, quelques mètres sous la terre. La plupart du temps, c'est la nuit qu'elles sortent, elles agissent dans l'ombre, et là, il vaut mieux ne pas se faire repérer. Je n'en ai encore jamais vu, mais c'est pas des humains, ça c'est sûr. Aucun humain ne pourrait faire ce que j'ai vu il y a plusieurs jours. Je n'ai pas envie d'en parler maintenant. D'ailleurs, je n'étais pas la seule piégée sur l'arbre. A la base nous étions trois à survivre tant bien que mal ici. Caroline a disparue, il ne restait plus que moi et Thomas, que j'avais déjà rencontré auparavant. Il était si.. si..

Elle essuie quelques larmes du revers de sa main.

-Excuse moi, il m'était cher, et s'est retrouvé piégé à quelques dizaines de mètres de moi après avoir voulu me détacher. Je ne pouvais pas le voir, mais je l'entendais me rassurer, il m'assurait que tout irai bien, que l'on s'en sortirai.. 3 minutes après, plus aucun son. Là tu es arrivé et tu m'as détaché. Je t'en remercie énormément par ailleurs. J'ai jeté un œil là où je pensais qu'il était attaché, il n'y avais rien. Pas de corde, pas de Thomas. Ces enculés l'ont emportés. Je les hais.

Je ne sais plus quoi dire, Je reste muet et baisse la tête, quand nous tombons nez à nez avec une grotte. L'entrée est assez large, et haute. À l'intérieur, ça pue. Le même genre d'odeur qui émane des trous. Mélanie me dit :

-Il ne va pas tarder à faire nuit, le soleil se couche vite ici. Il me semble plus prudent d'entrer là dedans, et voir si l'on peut se cacher. Tu ne voudrait pas rester dehors cette nuit pour souhaiter la bonne nuit à ces choses, non ?

-Effectivement, la nuit commençant à tomber, ca me semble être le moins pire des choix, en espérant ne pas nous jeter dans la gueule du loup. Nous pénétrons dans la grotte. Il fait sombre. Très sombre.

L'île de l'enferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant