A perdre haleine

Prologue

Notre vie est un voyage constant, de la naissance à la mort, le paysage change, les gens changent, les besoins se transforment, mais le train continue. La vie, c'est le train, ce n'est pas la gare

Carrie était née un 29 février, ce qui pour elle représentait déjà une grande différence avec tous les autres enfants. Mais sa mère avait toujours fait en sorte que l'on fête son anniversaire chaque année et insistait sur le fait que sa fille était unique. De plus ses parents l'avaient appelée Carrie, un nom peu commun lorsque l'on vit à Montpellier. Or sa mère lui avait avoué un soir où elle avait trop bu, qu'elle l'avait nommée ainsi en hommage à la chanson Carrie de Europe. Elle qui croyait que sa mère avait du gout en terme de musique, c'était raté.

 Carrie avait héritée des longs cheveux bruns et des yeux noisettes de sa mère, Sandra, une femme aussi grande que belle. Elle était toujours d'humeur joyeuse, très travailleuse mais surtout éperdument amoureuse de David, le père de Carrie, un brun ténébreux, peu démonstratif de ses sentiments, qui avait cependant, il faut l'avouer, un humour subtil. Et puis il y avait, Baptiste, son frère de 21 ans, un véritable amour, le frère idéal. Le genre de frère qui vous protège et vous empêche de mal tourner, un véritable pilier dans la vie de l'adolescente et puis il faut dire qu'il savait y faire avec les filles.

Mais depuis peu, les relations au sein de la famille avaient changées. Sandra rentrait tard du bureau, et dès qu'elle était à la maison, s'enfermait dans sa chambre pour travailler jusqu'à tard dans la nuit. Elle ne parlait quasiment plus à sa fille, ne lui demandait plus comment s'était passée sa journée, ne venait plus discuter garçons, et débattre sur le fait que Ryan Gosling était le plus bel homme sur cette Terre. Elle n'était plus elle même. Elle avait un visage blafard et des valises sous les yeux qu'elle camouflait avec des tonnes de fond de teint, elle qui était si naturelle auparavant . Elle qui détestait le café se mit subitement à en boire des litres à toutes heures de la journée, si bien qu'elle ne mangeait plus et maigrissait de jours en jours. Elle se rongeait les ongles, était stressée en permanence, ne prenait plus de temps pour elle, et n'allait plus à ses cours de yoga. Pour une mère " boho chic" dont la vie se résume à manger du tofu et soigner ses enfants avec des huiles essentielles, elle avait complètement changée de bord. Quant à David, il n'était devenu qu'un fantôme, absent durant les repas, contrairement à Sandra, il semblait épanoui, presque heureux avec sa barbe de trois jours et ses chemises de bucherons à la "teenager".

C'est là que Carrie comprit, comprit que rien n'était éternel, même pas l'amour d'une famille.