L'île de l'enfer

Jeux de main, jeux de vilains

La chose gémit, tente de retirer sa main. Je ne la lâche pas, et je m'acharne, comme si je voulais me venger de tout ce que j'ai vu depuis que je suis ici. Coincée dans un endroit si confinée, elle ne rivalise pas avec ma poigne. Elle n'est plus en mesure de faire quoi que ce soit. Je frappe désormais sur du solide. J'ai réussi à atteindre l'os, que je m'efforce désormais de briser. À chaque coup, des craquements se font entendre.

Puis, il y en a un plus fort que les autres. Ma pierre dérape contre la paroi, l'os est coupé en deux. Je tire, et assène un dernier coup. C'est celui qui détache le membre de la chose du reste de son corps. Ses gémissements redoublent d'intensité. Ceux-ci se transforment rapidement en hurlements, des hurlements de rage. Je m'écarte, et lâche sa main, qui tombe sur le sol. Pendant ce temps la, je l'entends partir à toute vitesse vers la sortie. Trop heureux de ce que je viens d'accomplir, je lance :

-J'ai réussi à la faire fuir ! Yes !!

Mélanie ne me répond pas. De discrets sanglots me parviennent à l'oreille. Je me dirige vers ceux-ci en tâtonnant, et m'assoie à côté d'elle.

-hey, c'est bon, elle est partie !

-J'en ai marre de cet endroit, de cette île. Je n'en peux plus..

-On trouvera un moyen de s'échapper d'ici, je te le promet. En attendant, on doit essayer de se reposer. Il y a des chances qu'on y voit quelque chose demain, j'ai aperçu un rayon lumineux qui provenait d'ici tout à l'heure. Par contre, je n'ai pas envie que cette chose revienne avec des renforts. On va dormir de façon alternée. Chacun notre tour, on se mettra debout, près de la faille, et on écoutera.

-Et si elle revient, je te réveillerai.

-Oui, c'est ça.

-Tu sais, ça fait du bien de ne pas être seule, d'avoir quelqu'un en qui faire confiance.

-Merci, ça me touche. Tu peux commencer à dormir, je monte la garde pour l'instant. Lui dis-je d'un air rassurant.

-Ça va être compliqué avec l'odeur qui règne ici. Je vais essayer. Dommage qu'on ne puisse pas dormir côtes à côtes..

Ha oui, ça, je confirme, j'aurais pas dis non. Par contre, elle a raison, ça pue toujours autant, même plus que quand on est rentrés.. Je me remet près de la faille, mon caillou à mes pieds, m'adosse contre la roche, et me met à penser. Qui étions-nous avant, que faisons-nous ici ? Tant de questions sans réponses..

Le temps passe, j'entame de nouveau ma surveillance. La nuit me paraît durer une éternité. J'ai remplacé Mélanie je ne sais combien de fois, et il ne s'est rien passé. Pour notre plus grand bonheur. Le jour ne devrait pas tarder à se lever. Au moins ici, on est à l'abri, et il ne fais pas trop froid. Je suis très fatigué, je lutte contre le sommeil, mais je dois surveiller..

Mes paupières se ferment. Non, il ne faut surtout pas que... et je m'assoupis.

Je suis réveillé par de la lumière. Merde, je me suis endormis. Par contre, on y voit enfin quelque chose. Je m'apprête à réveiller Mélanie quand j'aperçois ce qu'il y a, plus bas. Ha d'accord, je comprend d'où vient cette odeur maintenant.