Un jour, alors que j'attendais ma mère au milieu de la foule, je vis cette horloge.
Elle était magnifique. A en voir les bordures abîmées, elle était là à indiquer l'heure aux passagers préssés de la gare depuis bien longtemps.
Alors que je me dirigeais vers celle-ci je fus arrêté net devant ce spectacle incroyable.
Un petit garçon était en train de voler une couverture dans le sac d'un passager.
Je voulais prévenir l'homme, mais quand mon regard se dirigea vers le petit je fus stupéfait.
Il était là, à recouvrir son petit chien avec la couverture volée. Ils étaient placés en dessous de l'horloge. Je compris alors que leurs nuits, ils les passaient ici.
Je fus pris d'émotions incontrôlables quand je vis le visage du petit.
Ses yeux bleus ciel me transperçaient le cœur et les traits de son visage abîmés par la vie dans le rue ne furent qu'accentuer mon mal être.
Je ne voulais pas les dénoncer car je savais que la réaction de l'homme serait décevante.
Après tout, combien d'hommes et de femmes regardaient cet enfant ? J 'étais le seul à m'être arrêté. J'étais le seul à oser regarder le malheur de cet être. J'aurais pu partir et continuer ma route sans y penser, mais ce ne fut pas le cas.
Une seul question résonnait dans ma tête ; pourquoi ?
Pourquoi lui et pas moi ? Je n'avais qu'une envie à ce moment là, celle de le prendre lui et son chien et leur offrir la vie qu'ils auraient dû avoir.
Celle ou ils ne mettraient pas leur vie en danger pour manger.
Cette vie ou ils arrêteraient de survivre. Mais je pouvais pas, du haut de mes 16 ans, cela m'était impossible.
Alors je fis comme tout les autres et finis par partir.
Deux ans plus tard, je fus à nouveau dans cette gare et mon regard se porte directement sur cette horloge.
Les deux êtres n'y étaient plus et j'espérais de tout cœur qu'ils avaient réussi à s'en sortir.
C'est à ce moment là que je me fis cette promesse ; celle de venir en aide, tout au long de ma vie, à ceux qui survivent... aux oubliés de l'histoire.
