Mat-3

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Elle n'envoyait jamais de messages. Elle m'appelait toujours. Parfois elle m'appelait, je loupais son appel pour une raison ou une autre alors elle me harcelait jusqu'à ce que je réponde.
"Mais putain t'es où, elle répétait en larmes, entre deux sanglots t'es où, pourquoi tu réponds pas, qu'est ce que tu fais, t'es où? Pourquoi t'es jamais là quand j'ai besoin de toi. "
Alors je murmurais, je suis là, s'il te plaît calme-toi je suis là. Et alors elle hurlait je peux pas me calmer, regarde comme je dépends de toi, tu peux me faire chanceler rien qu'en ne répondant pas à mes appels, et le jour où tu te casseras parce que ce sera devenu trop lourd pour toi, moi je me casserais la gueule par terre, c'est aussi simple que ça! Pourquoi je dépends de toi comme ça? Tu peux m'expliquer ?!
- J'ai pas l'intention de partir, calme-toi je prenais ma douche. Je suis là maintenant, respire."
Alors elle raccrochait. J'ai appris avec le temps, qu'il fallait attendre cinq ou dix minutes avant de rappeler.
" Quoi? Lâchait-elle.
- Tout va bien? Pourquoi m'appelais-tu, as-tu besoin de quelque chose?
- Non. Je voulais simplement discuter."

Plusieurs fois, elle m'a appelée aux alentours de vingt heures trente.
" Oui?
- C'est l'heure de danser. Tu viens? "
Alors je devais me préparer rapidement, lâcher ce que j'étais en train de faire pour la rejoindre. Lorsque j'arrivais, elle avait préparé le repas et deux verres étaient posés sur la table, à côté de la bouteille de vin. Après quelques verres, le son de la musique augmentait et, le rythme accélérait et alors elle me prenait par la taille, ou par la main, elle plongeait son regard dans le mien en riant et nous dansions ensemble, pendant des heures. Dans ces moments, elle ne me lâchait jamais la main, comme si elle risquait de tomber, comme si j'étais une sorte de béquille.
Ce sont les meilleurs souvenirs que je garde de cette époque. Elle et moi, au milieu du salon, qui dansions jusqu'au bout de la nuit sur des rythmes divers et variés et toujours sans se lâcher.

Vers six ou sept heures, elle m'entraînait dans sa chambre, me serrait fort la main. Elle s'allongeait dans son lit et me demandait de faire de même. Nous nous installions en cuillères comme elle disait. Je m'allongeais sur le côté, les jambes légèrement repliées et elle s'installait dans mon dos, dans la même position, et c'était comme si nos corps s'emboitaient l'un à l'autre. Comme si elle m'enveloppait  alors qu'elle était plus petite que moi. Elle disait en souriant, comme ça j'ai l'impression que pour une fois c'est moi qui te protège. Et elle posait sa main sur mon ventre. C'était le plus important pour elle, poser sa main sur mon ventre, et s'endormir au rythme de ma respiration.

Quelques heures plus tard, je me réveillais dans la même position. La seule différence était que sa main n'était plus sur mon ventre. Quelques fois, ses doigts effleuraient mon épaule dans une sorte de va et vient. C'était comme un papillon qui se posait sur ma peau. D'autres fois, elle caressait mon visage, du front au menton. Il arrivait que je me réveille sous ses baisers. Elle embrassait mon épaule, puis mon cou et mon visage; mes joues, mon nez, quelques fois mes lèvres, mon front. Chaque fois, j'ouvrais les yeux et je me retournais pour lui faire face. la première vision que j'avais était son sourire, quelques fois son rire et je priais pour que cela ne s'arrête jamais. Je l'entendais quelques fois se lever avant moi, mais comme Morphée se chargeait à présent de mon sommeil, j'étais incapable d'ouvrir les yeux pour la rejoindre. Elle revenait après quelques minutes ou quelques heures je l'ignore, un plateau a la main. Elle s'asseyait sur le lit et c'est seulement là que mes yeux acceptaient de s'ouvrir.
"Je t'ai préparé ton petit déjeuner!"

À chaque lendemain de ces petites fêtes improvisées, elle était rayonnante, ses bras autour de moi comme les rayons du soleil qui caressent ta peau l'été.

L'écriture c'est le cœur qui éclate.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant