CHAPITRE 1 :
Cette société ? J'en suis exclue. Je ne sais pourquoi. Plus personne ne me remarquait. C'est comme si je n'existais plus. Je n'en pouvais plus, même ma famille ne me prêtait plus attention.
Huit heures, je me levai, mon père n'emmenait que mon frère au collège et pourtant nous allions tous deux dans le même établissement. Il est en Cinquième tandis que moi je suis en Première. Contrainte de prendre les transports, j'arrivais généralement en retard en classe et, comme à mon habitude, lorsque je rentrais, personne ne me regardait, ni élèves ni professeurs. Mais j'avais toujours ma place et ma chaise. J'assistais aux cours et à 18h je retournais à la maison. Personne n'y était. J'allumais la télévision et regardais les élections du parti de gauche. Cela m'intéressait vraiment mais mon frère venait gâcher mon plaisir et changeais pour regarder les Simpsons. Il ne me demandait jamais si cela me dérangeait. J'en avais marre et je me réfugiais dans ma chambre, énervée. Trois semaines que ça durait, je n'en pouvais plus. Ma mère, mon père, mon frère m'ignoraient, l'école m'ignorait, le monde entier m'ignorait ! Un jour, je mettrai fin à mes jours.
Tout à coup, l'image de mon petit ami me traversa l'esprit. Avec tout ce qui m'arrivait je n'avais pas eu le temps de lui rendre visite. Lui me comprendrait et me défendrait aux yeux de tous. Je pris mon sac à dos, enfilai mes chaussures et m'en allai en vitesse pour ne pas être retenue à la maison. Évidemment, personne n'y prêta attention. Je ralentis le pas : effort inutile.
Arrivée chez mon petit ami, je sautai sur son lit, et attendis puisque comme à son habitude il était en train de se doucher. C'est bizarre ce que je vous dis, non ? Mais il se lave je ne sais combien de fois par jour. Du moins à chaque fois que j'allais chez lui je devais patienter puisque Monsieur se lavait. Après une demi-heure d'attente, Son Altesse sorti de la douche. Je le reluquai, je bavai littéralement : il était quasiment nu, seule une serviette couvrait sa taille. Ces muscles saillants ressortaient : MAGNIFIQUE. Au bout d'un certain temps, je me rendis compte que Monsieur continuait sa vie normalement alors que moi, je l'attendais comme une conne. Je me raclai la gorge pour l'informer de ma présence. Alors, ce que je redoutais le plus se produisit : aucune réaction de sa part, il ne me regardait même pas. J'étais désemparée. Plus personne ne me remarquait...
Je quittai sa chambre en courant, mon visage était inondé de larmes. Tout s'écroulait autour de moi. Je courrai en vain, sans aucune idée de la direction que je prenais. A quoi bon ? Personne ne remarquait ma présence et encore moins mon absence. Morte ou vivante, cela leur était bien égal. Je me retrouvai devant un parc et grimpai sur un des nombreux arbres qui s'y trouvaient. Je m'assis sur une branche et tentai de me calmer. Je prenais des inspirations saccadées.
Je suis restée sur l'arbre un bon moment à réfléchir. Qu'est-ce que tout ceci signifiait ? Je regardais l'horizon s'assombrir, la nuit s'apprêtait à envelopper mon monde. Peu importe, je ne bougerai pas de cet arbre. L'obscurité ne m'effrayait pas, bien au contraire elle me rassurait. Je me sentais libre. Les étoiles et la lune commençaient à pointer le bout de leur nez, elles étaient les seuls témoins de ma solitude et me faisaient sentir existante. Je commençais petit à petit à sombrer dans les bras de Morphée.
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Un conte cauchemardesque
RomanceEt si le monde t'ignorait et seul l'amour te remarquait ?