Chapitre 20: Partie 1

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Bonne Lecture ~♡

- Scarlett, j'espère vraiment que tu te tiens à carreaux, ressasse ma mère pour la troisième fois.

- Maman, Agatha t'aurait prévenue si j'avais fait une bêtise, ce n'est pas le cas donc arrête, ne pus-je m'empêcher de ronchonner. Bon, tu n'as rien à me dire visiblement, je peux raccrocher ?

- Non, je veux savoir ce que tu vas faire après ce mois, ordonna-t-elle.

Elle ne m'a pas manquée.

En quasiment deux semaines, je n'ai eu aucune nouvelle et alors qu'elle m'appelle enfin, je me rends compte que loin d'eux, tout va mieux.

- Je ne sais pas encore, et puis que je sache c'est un mois libre, donc j'aurais le droit de faire tout ce qui me plaît du moment que je ne fais pas de conneries non ?

- Pas des « conneries », mais des bêtises, rectifia-t-elle d'une voix désabusée, je ne sais vraiment pas ce qui se passe avec toi, mais tu régresses, à ce train là ta seule option sera de devenir une potiche, cracha-t-elle dans le combiné.

- C'est bon ? Je peux raccrocher ?

Cette fois-ci c'en était trop, je ne réfléchis pas et raccroche.

- Toujours aussi conne ? questionna Agatha ses lunettes sur le bout de son nez.

- Tu peux pas savoir à quel point, soupirai-je.

- Je me demande toujours ce qui a pu se passer pour qu'elle confie sa fille à sa sœur dingo qui vit au fond d'un état paumé, s'amusa-t-elle. En tout cas, sache que tu peux rester ici aussi longtemps que tu le souhaites.

C'est vrai que je n'ai été franche avec personne. J'ai même omis la partie « suicide » à Alex.

Pourtant encore une fois, que ce soient Alex ou Agatha, personne ne me demande de rendre des comptes, et c'est vraiment un soulagement.

- Tu commences tard aujourd'hui, remarquai-je en regardant l'horloge en bois sur le mur qui affichait 10 heures 27.

- Oui, j'avais envie de me poser un peu, avoua-t-elle.

- Dis Agatha, ça fait un moment que je me pose la question, mais comment se fait-il que vous soyez si différentes maman et toi ?

Elles étaient diamétralement opposées, Agatha sous ses airs de sergent chef était la femme la plus forte et franche que j'ai rencontrée et ma mère était juste une pauvre conne malsaine pas fichue de saisir le concept des valeurs humaines.

- J'en sais trop rien, on ne s'est jamais vraiment ressemblées, à la fac, j'étais une sale hippie qui participait à toutes les marches militantes, alors que ta mère essayait ardemment de rentrer dans la « haute », son taf l'y aura finalement menée, mais quand je la regarde, je me dis que je ne l'envie pas pour un sous... Enfin, j'aurais beaucoup aimé fonder une famille.

Alors même qu'elle fait cet aveu, je rive mon regard à son visage. Il était déformé par une sorte de tristesse...

- Tu n'as jamais essayé de fonder ta famille ? Je veux dire que tu n'es clairement pas moche, et vraiment autonome donc ça m'étonne énormément que tu ne sois pas fiancée à un bel homme avec une ribambelle de mini toi, avouai-je en m'asseyant sur le petit fauteuil à côté d'elle.

- J'ai déjà été mariée. J'ai même été enceinte. De faux jumeaux, précisa-t-elle d'un ton froid, atteint. Les deux chambres à l'étage, c'était pour les accueillir, mais alors que j'étais au plus bas après une mauvaise chute, mon ex-mari, Bill Carter, a préféré me sauver moi plutôt que nos enfants. Je ne lui ai jamais pardonné.

Je ne sais pas quoi dire. Je me sens inutile, je sais que je devrais essayer de la réconforter, mais je ne sais pas comment faire.

Je suis juste là, à la regarder alors qu'elle me raconte un drame de sa vie. Quelle tourte...

- Tu l'as revu depuis ? demandai-je seulement ne sachant pas vraiment comment agir.

- Oui, et il passe encore au restaurant, mais ça me fait trop mal, tout me revient à l'esprit et je me sens de nouveau horrible.

- Ce serait hypocrite de te dire de passer au dessus, tu le sais déjà, mais j'imagine que seul le temps peut faire passer ce genre de blessures...

Elle me sourit doucement, un de ces sourires qui vous fend le cœur, celui qui vous retourne de l'intérieur, vous brise en mille morceaux, vous écrabouille.

Ce sourire me hante, alors que je passe le dernier coup de pinceau sur le dernier pan de mur, mon esprit ressasse cette image tragique.

Je frotte mon front, pose le pinceau dans le seau et m'allonge dans l'herbe. Il fait chaud, très chaud, trop chaud, je transpire, et je me sens comme vidée.

Ce sourire c'est celui que j'ai toujours affiché, le sourire sans fondement. Celui qui rassure.

Je l'affichais pour me rassurer moi-même, me convaincre que je n'étais pas réellement si horrible, qu'il y avait certainement quelqu'un qui tenait à moi.

- Fatiguée ?

Je rouvre les yeux, et enlève mon bras de mon visage.

- Un peu, répondis-je. Tu m'as manqué.

- Toi aussi, c'est quoi cette mine ? demande Alex en s'allongeant à moitié à côté de moi.

- Tu connais Bill Carter ? interrogeai-je alors qu'il commença à passer doucement sa main dans mes cheveux.

- Oui, l'ex-mari d'Agatha, elle t'a raconté ?

- Oui, je n'étais pas au courant, expliquai-je honteuse.

- C'est un gars bien, il gère une boulangerie dans le coin, il n'a jamais vu d'autre femme après son divorce... Je crois même qu'il est encore amoureux d'Agatha, avoua-t-il en souriant. Avant d'arriver ici, tu n'avais jamais rencontré Agatha ?

- Jamais, mes parents la traitaient de dingue et ne voulaient pas que je la côtoie.

- Ils ont l'air originaux...

- Non, ils sont tarés, mais je n'ai pas envie de penser à eux, confiai-je en posant ma main sur sa nuque dans une caresse.

- Bien, alors pense juste à moi, d'ailleurs tu es prête pour la soirée demain ? interrogea-t-il en posant un baiser bref sur mes lèvres.

- Il faut que je me trouve une tenue, sinon pas vraiment, souris-je.

- Demande à Selena, dans tout ses froufrous elle doit avoir ce qu'il faut, se moqua-t-il.

DrownedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant