Anxiété, quand tu nous tiens... (prt 1) | Cashby

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 Être timide est une plaie, mais on finit par dépasser ça et par apprendre à vivre avec. Du moins il paraît. Quand le problème est plus profond et se transforme en anxiété aiguë doublée de paranoïa, c'est tout de suite beaucoup plus compliqué. Le simple fait de se retrouver entouré d'inconnus suffit à te faire pleurer, tellement tu es angoissé.

Alors imagines comment ce qu'il se passe quand t'es seul face à une trentaine de paires d'yeux, tous fixés sur toi, à attendre impatiemment le moment où tu te mettrais enfin à parler.

Les rires et commentaires avaient fusés dès que je m'étais mis à balbutier les premières lignes de mon exposé. Ils trouvaient apparemment mes joues brûlantes et le fait que je sois entrain de bégayer des plus amusants. Mes yeux me brûlaient et ma respiration était saccadée. Je levai le regard vers mon professeur, assis au fond de la salle, attendant désespérément qu'il fasse quelque chose pour calmer la classe. Mais il n'en fit rien. Il se contenta de secouer la main, signe qu'il voulait que je continue.

Mes mains se mirent à trembler, de même que ma lèvre inférieure. Les petites lettres à l'encre noire sur mes feuilles devenaient de plus en plus floues à mesure que les secondes passaient. Je ne voulais pas être là. Oh, qu'est-ce que je donnerais pour pouvoir retrouver ma place au fond de la classe, là où personne ne me voyait.

Malgré mes efforts, les larmes passèrent finalement la barrière de mes paupières pour s'écraser sur le papier entre mes doigts. De nouveaux éclats de rires se firent entendre. Ils me paraissaient venir de loin. Étouffés, comme si j'étais sous l'eau.

De petits points gris et blancs dansaient devant moi, me donnant l'impression de tanguer. Les rirent se transformèrent en une cacophonie insupportable, se mêlant aux battement effrénés de mon coeur. Mon souffle accéléra avant de se bloquer dans ma gorge.

S'en était trop. Il fallait que je m'en aille.

Maintenant.

– Ashby, qu'est-ce que tu fais ?

Sans faire attention à mon prof, je lâchai mes feuilles pour me précipiter vers la porte. Pendant une fraction de seconde, j'eus l'impression de flotter et faillis perdre mon équilibre. Heureusement, je me repris de justesse et filai aussi vite que possible hors de la classe. Sans ralentir, je franchis les doubles portes de l'entrée du lycée, soulagé de n'entendre personne me suivre. Ou peut-être que je ne pouvais juste pas le remarquer à cause du tintement aigu qui assaillait mon ouïe ?

Mes pieds me guidèrent jusqu'au parking, à l'arrière du bâtiment, avant de me lâcher soudainement. Je tombai au sol, sentant à peine le gravier s'enfoncer dans les paumes de mes mains. Tout engourdi, je me redressai tant bien que mal pour m'adosser à une voiture.

Puis je lâchai prise.

Les hoquets que je tentai de contenir jusqu'à maintenant se déversèrent librement hors de ma gorge. Mes genoux remontés contre ma poitrine, je les entourai de mes bras avant d'y enfouir mon visage. Ce que je pouvais haïr me retrouver dans un état pareil. J'étais pathétique à pleurer ainsi par terre.

Cherchant désespérément à me calmer, je passai une main dans mes cheveux, sans relever la tête, et tirait dessus, de plus en plus fort. Aussi étrange que ça puisse paraître, la douleur physique avait toujours été un moyen de détourner mon attention de ce qu'il se passait dans ma tête. C'était la manière la plus efficace que je connaissais pour reprendre le contrôle de moi-même. Même si ça allait prendre du temps, cette fois.

– Hey...

Je sursautai en sentant une main se poser sur la mienne, qui tirait toujours sur ma tignasse rousse. Ma tête se releva d'un coup et mes yeux écarquillés se posèrent sur le grand brun face à moi. Je ne l'avais pas entendu arriver tant mes sanglots étaient bruyants.

One ShotsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant