Jack réfléchissait. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas tué et il voyait chaque jour son stock d'argent descendre peu à peu... Son carnet comptait désormais une vingtaine de noms, dont aucun n'était rayé. Aucun sauf un, rayé d'un trait pourpre : Michael Pramive. Il ne pouvait laisser autant de personnes en vie... Décidément, l'épisode du Corbeau allait rester gravé dans la carrière du Docteur. Il fallait tuer, éliminer, se débarrasser, en un mot effacer de sa vie cet emplumé. Il ne voulait pas tuer un autre jour, une autre nuit que celle du 2 au 3. Jack tenait fermement aux traditions. Il craignait également de ne pas pouvoir s'arrêter, d'entrer dans un sanglant marathon, trop peu discret, et de se faire arrêter. Il ne voulait pas arrêter de tuer... Il avait cependant un projet de prévu. Si jamais on venait à le retrouver, si il était en position de faiblesse, il voulait capturer le plus de personnes possibles puis d'organiser un massacre publique, une exécution en plein jour de toutes ces personnes. Ainsi, l'histoire se souviendrait de lui. Entrer dans l'histoire... c'était son but. Mais en tant que grand final uniquement. Les gens se souviendrons de se jour comme celui ou leur frère, père, voisin, cousin, ou juste le jour ou un, une dizaine, une cinquantaine d'êtres humains se feraient assassiner de différentes manières. Tués par une ignoble créature... Tant mieux. Jack était anthropophobe. Anthropophobe ? Non... c'était de la misanthropie. Il était misanthrope. Ce jour n'est cependant pas encore arrivé. Lui, en position de faiblesse ? Ah ! Certainement pas. Ce n'est pas lui qui a perdu une main et un œil la nuit dernière... n'est-ce pas ? Jack se fiche pas mal des menaces du corbeau. Les autorités ne sont pas assez compétentes pour l'arrêter ! Vu leur niveau d'efficacité, il faudrait une trentaine de soldats pour l'arrêter, et, sérieusement, qui enverrais 30 soldats à la demande d'une simple lettre de cachet ? Bref, cela ne réglait pas pour autant la question des victimes... Il allait essayer d'en éradiquer le maximum la nuit prochaine. Le Corbeau ne se remettrait certainement pas de ses blessures en un mois !
Une vingtaine de victimes... Le Docteur ne pouvait pas se permettre de faire durer le plaisir. Il sût alors ce qu'il allait faire. Il avait volé, à une de ses victimes, un jour, un coffre, espérant qu'il contiendrait de l'or. Il contenait en réalité une vingtaine de dagues dont les lames faisaient toutes entre 10 et 20 centimètres. Il alla chercher le coffre. Il monta dans sa chambre, ouvrit une armoire, fouilla quelques minutes à l'intérieur et trouva alors le coffre. Il était poussiéreux, en bois et recouvert d'enluminures gravés dans le bois. Il ouvrit le couvercle et se rendit compte qu'il s'était trompé. Ce n'étaient pas une vingtaine de lames qui se trouvaient à l'intérieur mais une trentaine ! Il sourit et prit une dague. Il passa un coup sec sur le bout de son doigt avec la lame - son tranchant ne fit aucun doute, elle était aussi acérée que si elle était neuve. Il prit un mouchoir et enveloppa son doigt à l'aide de ce dernier afin que le sang ne coule pas trop. Il rangea ensuite les lames mais laissa le coffre sur son lit. Soudain, quelqu'un frappa à la porte. Il descendit, s'attendant à voir un nouveau client. Il vit alors deux fermiers des impôts : ces vautours qui, chaque mois, venaient se nourrir chez lui. Il soupira et alla chercher une bourse avant de leur donner. Ils sourirent narquoisement et le remercièrent en le narguant de leur arrogant sourire. Jack se jura encore une fois qu'une fois il faudra qu'il trouve leurs adresses avant de les massacrer et de leur faire ravaler leur arrogance. Il soupira et s'assit lourdement dans son fauteuil. Quel ennui ! personne n'était venu aujourd'hui... Il ne pouvait pas, cependant, se laisser déborder par le nombre de victimes potentielles.
Trêve de rêveries ! Dans deux jours il allait recommencer. Le Docteur. Pendant ce temps, Jack récupérerait de l'argent. Il faisait confiance au Docteur, ce dernier savait ce qu'il faisait et accomplissait son travail avec toujours autant d'efficacité. C'était... de la cohabitation. Mieux ! De la coopération, oui, c'est cela. Il tourna l'écriteau de sa boutique sur "fermé". Il monta ensuite dans sa chambre et projeta de dormir.
2 avril. Ce mois-ci, jack n'avait pas eu beaucoup de clients... c'était d'ailleurs tant mieux. Il sortit de chez lui, à 21h30. Il allait avoir besoin du maximum de temps afin d'éradiquer le maximum de personnes. Il marcha quelques minutes dans Paris avant de s'arrêter face à une porte. Cette dernière était fermée... Il essaya donc de l'ouvrir avec son passe-partout. Rien n'y fit. Il grogna et força la serrure avec un couteau. Une fois la porte ouverte, il entra... et vit une femme dans le couloir, juste face à lui. Il ne sourit pas, ne fit pas un bruit. La femme était immobile, avec une expression étonnée sur le visage. Le Docteur sourit derrière son masque. "- Mademoiselle..." dit-il en faisant une légère courbette. La femme n'avait pas vu le poignard dans la main du Docteur... jusqu'au moment ou ce dernier vint se planter dans le crâne de la malheureuse avec un bruit de cassement net, un filet de sang venant asperger le masque du Docteur en travers de celui-ci. Le Docteur souriait beaucoup. Il retira son couteau et vit deux enfants apeurés, collés l'un contre l'autre, quand la femme devant lui s'écroula sur le sol. Il ne perdit pas de temps et lança avec une précision et une habilité extraordinaire un des couteaux. Ce dernier passa à travers le corps du premier enfant comme dans du beurre tellement le coup était puissant avant de se planter dans le torse du second. Une pierre deux coup ! L'enfant poussa un petit cri avant de s'effondrer sur le sol. Le Docteur, rapidement, reprit le couteau dans la tête de la jeune femme et le lança avec force derrière lui sans se retourner. Il sortit de la maison, marcha sur le cadavre du petit curieux qui avait été attiré par le cri de l'enfant, devant la maison, et continua sa route. Sophie Jattel. Henry Nermat. Stephane Cambrot. Autant de nom qui disparurent cette nuit, à Paris. Sur les 22 victimes initialement prévues, 41 au final furent tués : Les victimes, leur famille, leurs amis... Il eu aussi le droit à deux agents de la garde et trois autres personnes qui avaient été alertés par le cri des victimes. Il dû terminer son travail au scalpel, car les couteaux lui manquaient. Il essuya une dernière fois son masque avec son fameux mouchoir et le rangeât dans sa poche. L'aube commençait à se lever... Cela faisait longtemps que Le Docteur n'avait pas ressentit ce plaisir. Enfin débarrassé des gêneurs. Il n'était plus endetté vis-à-vis de lui-même. En rentrant, il aperçut soudain un éclair argenté juste devant ses yeux... et une douleur fulgurante au niveau de l'arrête nasale. Le couteau était venu se planter dans le sol, entre deux pavés. C'était l'un des couteaux qu'il avait utilisé cette nuit. Le regard fulminant, il dirigeât ses yeux vers sa droite, en haut; c'est à dire d'où avait été lancé le couteau. Le Corbeau se tenait la haut... Il s'en doutait. Il sourit férocement lorsqu'il vit qu'il manquait un bras à celui-ci. Il pris alors rapidement l'orbe dans son manteau, orbe qu'il n'avait pas eu l'occasion d'utiliser la dernière fois. Il la lança avec puissance vers Le Corbeau. Un objet pareil ne peut faire de mal à personne, n'est-ce pas ? Celui-ci l'attrapa... et l'orbe se brisa. Le Docteur se mit à rire comme un fou, à nouveau. Le Corbeau se mit à tousser, à hurler, le gaz se propageant dans son organisme. Il essaya de regarder le Docteur... Ce dernier ne vit tourné vers lui qu'un visage blême, au orbites vides et larmoyant... Un visage vide pleurant du sang. Le visage que le Corbeau aurait dû, selon le Docteur, toujours avoir. Le Docteur s'éclipsa, laissant finalement le Corbeau au prises avec sa cécité et sa douleur.
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Le Docteur
TerrorParis, 1749 - Le jour, Jack Lopin est un cordonnier normal, peu populaire, travaillant rigoureusement pour ses rares patients... mais la nuit, une fois par mois, il enfile son costume est deviens "Le Docteur"...