Elle me regarde, impassible... La mort ne l'ébranle pas, sa présence ne la terrifie pas. Eliane s'est battue, se bat et se battra toujours. Mais ce combat est vain et les médecins le lui répètent chaque jours. Alors je suis venue, pour l'aider. Je ne puis ignorer cette sensation que c'est elle qui m'aide... Mon accordéon sur les genoux, je commences a jouer lentement. Je sens les larmes envahir son regard. Mais je ne veux pas qu'elle pleure alors, mes doigts glissent, plus vifs, plus légers. Ma voix se lie peu a peu a cette mélopée et le sens le regard de ma grand mère s'illuminer. Ses chevilles sont énormes et elle n'arrête pas de répéter
" celui qui me fera dégonfler cela n'est pas encore né"
La faucheuse est bien trop proche et les miracles bien trop rares. Alors je joue encore et encore pour l'aider a hurler silencieusement le désespoir que je devine sous ses yeux bleus trop brillants. Cette chanson sera son au revoir.
" Viens voir les magiciens
Voir les comédiens
Voir les musiciens
Qui s'agitent
Viens ..."
Eliane a toujours été celle qui comprenait les paroles mystérieuses de mon instrument. Elle m'a accompagné dans cette passion plus que mes deux parents réunis l'ont fait. La mort fait elle tout oublier ? Ou au contraire, fige t'elle les souvenirs dans le temps ? Je n'y crois pas je n'y crois plus. Je n'y ai peut être jamais cru. La mort de symbolise par l'absence. La mort, c'est la disparition. Nette. Cruelle. Voilà pourquoi elle me terrifie, elle qui m'a tous prix. Mes parents, ma vie d'enfant, et maintenant ma grand mère. Mais dans cette obscurité, une seule étoile brille, inconsciente de sa lumière. Alaska.
