Chapitre 23: Partie 2

1.6K 180 54
                                    

Bonne Lecture ~♡

Je fais la planche et regarde, à travers le dôme en verre, le ciel.

Qu'est-ce que je suis bien.

J'ai l'impression de réellement m'en sortir, j'ai l'impression qu'un jour, tout ces problèmes ne seront que de lointains souvenirs brumeux. Et c'est en quelque sorte très rassurant.

Alex m'a dit qu'avec le retour de son frère, il allait enfin pouvoir se relâcher. Il a même décidé de prendre des congés de façon à pouvoir profiter de ma présence.

Le seul truc avec lequel je bataille encore c'est ce second mois. Je n'avais pas prévu de si bien être ici.

Et je n'aurais pas cru avoir tant envie de voyager. Vous allez me prendre pour une folle, croire que c'est une envie soudaine et étrange. Mais l'autre jour alors que j'écoutais la radio en peignant, il y avait cette femme qui parlait des road trip qu'elle avait faits.

« C'était l'expérience la plus enrichissante de toute ma vie. »

Je voulais céder au fantasme et enfin me permettre de faire autre chose que suivre le chemin tout tracé devant moi.

Notre système actuel fait que nous passons une bonne partie de notre vie à étudier pour pouvoir obtenir le boulot que nous risquons de faire pour le restant de nos jours. Notre seul but est d'obtenir un joli diplôme décoratif dont on pourra se vanter dans les repas entre amis, pouvoir se payer un jolie maison, une belle voiture, un jardinier parce que notre travail nous pompe trop de temps, et avoir une petite famille. Avec un chien, il ne faut pas oublier le chien.

Tout ça pour quoi ?

Pour que papa et maman puissent dire à tout le monde que j'ai réussi ? J'aurais réussi quoi ? A obtenir ce que nous qualifions de vie idéale ? Pourquoi je n'ai pas le droit de définir ce que c'est ma vie idéale ?

Si ça se trouve, je veux juste vivre dans un van et manger des cheetos. Si ça se trouve j'ai pas envie de pondre des gosses ? Pourquoi est-ce qu'on veut m'imposer ça ?

Ça doit sûrement faire mal de mettre au monde enfin, faites le vous ! Mais laissez moi en dehors de tout ça !

Je suis égoïste !

J'ai pas besoin de m'occuper d'un mini moi, c'est déjà assez dur de m'occuper de moi.

Et puis pourquoi on me laisse pas vivre comme je l'entends ?

Une femme qui n'a pas d'enfant avant la ménopause n'a pas raté sa vie, elle a préféré justement préserver la sienne des couches et des biberons. Et je pense plutôt qu'on devrait lui filer une médaille, elle a pas voulu transmettre à son enfant sa connerie et n'a pas voulu confier à un innocent ce monde atroce dans lequel nous vivons... Elle est certainement plus généreuse que toutes ces femmes qui acceptent de transmettre à leur progéniture ce genre de société qui part à la dérive.

Je crois que je m'égare un peu, mais clairement l'idée d'un grand voyage sans but est tentant. Je pourrais faire des petits tafs par-ci, par-là, pour gagner de quoi manger et je n'aurais qu'à me dégoter une voiture.

Et là, vous vous dites que je suis dingue, qu'après l'expérience que j'ai eu avec Stanislas, je devrais savoir que pour une femme c'est dangereux. Très certainement, mais dois-je m'arrêter de vivre ou de rêver parce qu'un pauvre con qui va certainement mourir d'une overdose dans moins de dix ans m'a fait vivre une expérience abominable ?

Non, je vais justement faire des trucs exaltants et être heureuse, parce que ce serait la meilleure de mes revanches.

J'aimerais vraiment pouvoir filer sans me soucier de rien, pourtant je suis rattachée à toutes ces personnes. Que je veuille ou non, si Alex n'accepte pas de venir avec moi, je risque de me retrouver seule.

Et là, intervient la question suivante : Est-ce qu'être seul est un problème ?

J'imagine qu'aux yeux de la société, quelqu'un de seul est quelqu'un qui n'est pas intégré, un espèce de marginal. Pourtant j'ai bien envie de penser qu'être seul c'est savoir apprécier sa propre compagnie, que voyager seul c'est décider d'apprendre à se connaître, tester ses limites.

Et dans ce cas-là, la solitude n'est plus problématique.

En bref, j'ai tout les arguments en poche, il ne me suffit plus que de convaincre mes parents de me lâcher la grappe, et de m'auto-convaincre de laisser Alex.

Pas si facile.

Je me redresse, et nage jusqu'au bord. Je croise mes bras sur la bordure et pose ma tête sur mes bras.

Tobias et Alex semblent parler. J'ai l'impression qu'ils sont plutôt calmes.

Je détaille Alex du regard. Il a une moue souriante, et ses beaux yeux acier rivés à ses mains sur son ventre. Une drôle de rougeur trône sur son torse et je me dis que je n'aurais pas du le forcer à venir.

Et alors même que la piqûre du regret vient se planter, je croise son regard. Il me sourit, espiègle à souhait et je sens mon cœur redoubler de battements. Je me demande sérieusement comment j'ai réussi à attirer un garçon comme ça dans mes filets. C'est un gros bêta, mais un petit ange à la fois.

Je l'aime vraiment.

Et c'est ça le problème, je sens que je vais vraiment avoir du mal à me séparer de lui.

Je décide de remonter sur la terre ferme et vais m'asseoir en tailleur entre les deux bonhommes.

- Alors... ? soufflai-je en posant la tête sur mes mains, accoudée à mes genoux.

- Il est gay, répond Alex.

- C'est pas un badboy, dit Tobias en même temps.

J'éclate de rire en voyant leurs têtes blasées.

- J'avais raison, lançai-je victorieuse en souriant à pleines dents.

- Oui, avoua Alex, mais par contre on a discuté et va vraiment falloir que tu fasses attention à ton...

- Noooon, coupai-je en sachant qu'on allait dériver sur mon poids. On verra ça plus tard, laissez moi profiter un peu de vous deux.

DrownedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant