Chapitre I : "Une fois de plus, Chopin m'aidait à survivre."

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Part I : Ivy

Assise sur une banquette en cuir blanc, un journal en papier brun sur les genoux et un crayon de bois coincé entre les dents, Ivy écrivait, elle écrivait ce qu’elle pouvait, ce qu’elle avait la force de coucher sur le papier. Ces mots étaient dur à exprimer car en les écrivant, elle s’obligeait à accepter la réalité, à se faire à l’idée qu’elle n’avait plus rien. Qu’elle n’avait jamais rien eu d’ailleurs. 

24 mai

«Pourquoi ma mère accepte-t-elle encore de souffrir ? Pourquoi est-ce qu'elle accepte d'endurer ça ? Je n'arrive plus à supporter ses lamentations abominables le soir, ses sanglots, ses blessures, son regard vide, le visage victorieux de mon parâtre. Je n'ai qu'un seul désir, partir. Cependant je ne pourrais pas l'abandonner, quitte à me faire châtier moi aussi. Je n'accepterais pas cette hygiène de vie, plus jamais. Je me battrais jusqu'à mon ultime souffle. Ma mère sera heureuse et je pourrais enfin vivre comme une adolescente de mon âge. Je dois me battre.»

18 juin

«Mes idéologies sont infondées. Je n'ai plus aucune raison de vivre. Ma mère m'a abandonnée.»

9 aout

«Solitude .Désespoir. Frustration. Souffrance. Agonie. Mon beau-père a obtenu ma garde. Je n'arrive même pas à le regarder en face. »

25 aout

«Le pianiste incompréhensible du soir a recommencé à jouer. Je me sens moins seul. Est-ce qu'il m'entend jouer lui aussi ? Est ce qu'il apprécie ? Peu importe, mon beau père m’a inscrit au lycée.»

*

 On ne peut pas dire que je n'ai pas vécu l'été de mes rêves, sans ironie. Ma mère m'a abandonné, mon beau-père qui l'a battait a obtenu ma garde et je rentre dans un nouveau lycée aujourd'hui.

 Incluez le fait que je ne suis jamais allée à l'école, aussi.

Le monde est une jungle pour moi, sauvage et dangereuse. Comment vais-je faire pour survivre dans une Amazonie d'adolescents abrutis par leurs téléphones ? Ou bien à ces filles obsédées par leurs images ? Ces garçons embuent de leur personne ? Je n’ai aucun espoir, je ne me ferais pas d’amis et je serais seul, comme toujours. Mais cette fois-ci, je n’aurais pas mon piano pour me guider, je serais totalement seul.

Est-ce que je devrais changer ma garde-robe ? Est-ce que mes robes aux couleurs pâles, mes souliers vernis, mes nœuds en soie dans les cheveux, mes collants en dentelles vont convenir à la vie citadine ? Ma mère m’a toujours dis que j’étais la plus belle personne qu’elle n’avait jamais rencontré lorsque je portais les vêtements qu’elle m’offrait mais elle disait seulement ça parce qu’elle ne voyait que moi, tous les jours, constamment.

Ma mère et moi-même ne vivions pas dans le même monde que les autres avant qu’elle rencontre mon beau-père. Nous étions nous deux contre le monde depuis que mon paternel s’était suicidé sous nos yeux. Depuis ce jour, ma mère avait trouvé refuge dans l’alcool et la drogue jusqu’au jour où elle a rencontré mon beau-père lors d’une réunion chez les alcooliques anonymes. Ils se sont mis ensemble quelques mois après et mon beau-père a emménagé de suite avec nous. Au début tout allait pour le mieux, il était gentil et attentionné mais au fur et à mesure que les mois passaient, il venait de plus en plus violent et ma mère se laissait faire. Je la connais ma mère…Elle avait peur d’être toute seul à nouveau alors elle se laissait battre par Dick et le lendemain, elle faisait comme si de rien n’était. Elle croyait que j’allais faire comme si je n’avais pas remarqué ces bleus informes qui recouvraient la moitié de son visage, ses lèvres gonflées, ses yeux tristes et apeurées et les tremblements de sa voix ? Je suis sa fille et jamais je ne l’avais vu comme ça auparavant, ce con avait détruit ma mère. Puis quand il a en a eu assez d’elle, il s’en est pris à moi. Evidemment, je ne pouvais rien faire, rien du tout. J’aurais voulu avoir un grand frère pour me protéger ou un petit ami mais non, j’étais seul face au monde, comme d’habitude. Mais après tous, je n'ai besoin de personne, je n'aurais jamais besoin de quelqu'un. 

Mes yeux glissèrent vers les aiguilles de ma montre, les minutes défilaient et je n'étais toujours pas prête. Aujourd’hui, c’est la rentrée. Ma première rentrée. Je dois être la plus présentable possible. Je me levai de mon lit et ouvrai en grand l’armoire autrefois blanche de ma chambre maintenant totalement tapie de partition que j'avais écrite. Je n’avais quasiment que des robes de couleur pastel, très pâle. Je n’étais pas très tendance comme disait ma tante Gabriella avant que son foutu mari et elle-même se foutent dans le décor alors qu’ils étaient en roadtrip vers Vegas à l’occasion de leur nuit de noce.  Ma mère était ou est toujours, à vrai dire je n’en sais rien, couturière pour une marque de luxe britannique The Kooples, vous connaissez ? Je m’habillais seulement des habits qu’elle créait ou des habits de cette marque. Je n’ai jamais changé de style mais est-ce que les adolescents de mon âge s’habille-t-il de la même façon que moi ? Vais-je passer pour une folle à nouveau ? Et est-ce que mon vocabulaire est assez développé pour la vie active ? Suis-je assez polie ? Suis-je assez intelligente ? Des milliards de questions tombaient telle une cascade dans mon cerveau embrouillé tandis que la voix rauque et effrayante de mon beau-père retentit dans ma chambre et que je m’extirpai difficilement de l’ouragan d’incertitudes dans lequel j’avais plongé quelques secondes auparavant.

-          Es-tu prête ? Nous partons dans cinq minutes Ivy.  Souffla-t-il en ouvrant la porte en grand.

J’acquiesçais, empoignais mon sac à main et arrangeai à nouveau ma queue de cheval. Mon cœur tambourinait contre mon thorax lorsque je pénétrai dans l’habitacle de la voiture de sport de mon beau-père. L’odeur familière de cigarette et d’eau-de-vie chatouillait mes narines et je grognais de dégout. Mon paternel de loi démarra le bolide et le moteur émis un grondement qui le fit  frissonner de plaisir, je ne le comprendrais jamais.

*

 Pendant le trajet vers son nouvel établissement scolaire, Ivy observait le paysage d’Holmes Chapel défiler sous ses yeux admiratifs. L’herbe avait un peu blondit dû au temps et aux chaleurs de l’été mais globalement, la nature allait bien. Ivy sourit. Il y a trois mois, elle n’aurait jamais cogité sur le fait d’aller potentiellement au lycée un jour et voilà qu’aujourd’hui, elle fait son entrée en terminal. Toutes ses années, elle avait étudié à distance avec sa mère, dans sa chambre, sur son scriban en bois. Elle n’aurait jamais pensé qu’elle allait intégrer un lycée avec des gens de son âge, parler devant du monde, travailler derrière un bureau, ne pas jouer pendant des journées entières… Ses paupières closent, elle essayait de détendre ses muscles tendus comme jamais en écoutant un morceau de son compositeur favoris dans ses oreillettes mais son cœur et son organisme se crispèrent lorsque l’infrastructure de son lycée se dessina derrière les épais feuillages des résineux au bord de la route. Des adolescents par centaines patientaient devant un immense portique ébène. Ils étaient tous rassemblés par groupes mixes plus ou moins grand. Ivy se sentit brusquement et extrêmement seul, complètement à côté de ses pompes. 

*

Comment vais-je faire pour survivre dans ce monde, une journée entière ? Comment vais-je survivre sans mon piano ?  J’avais un très mauvais pressentiment mais je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus. Le regard de Dick croisa le mien et un frisson me traversa l’échine. Il me fit signe de descendre de la voiture et je m’exécutai. Lorsque ma première bottine toucha le sol, l’air humide et froid d’Angleterre s’immisça entre les mailles de mes collants. Je sortis délicatement de la voiture et ajusta une fois de plus ma queue de cheval et lissai ma robe. Ma besace sur mon épaule, mon cardigan brun, mon nœud dans les cheveux, tout était impeccable. Je jaillis mes oreillettes blanches et mon iPod de mon sac et dirigeai toutes mes pensées vers le morceau qui défilait dans mes oreilles, une fois de plus Chopin m’aidait à survivre. Lorsque je passai devant la berline, j’adressai un dernier regard à mon beau père qui m’ignora totalement et me demandai comment ma vie pourrait être pire à ce moment précis.

Les phares d’une voiture stationnent juste à côté de moi m’arrachèrent à mes pensées et je me hâtai de traverser la route sans regarder une seul fois devant moi.

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Voilà le premier chapitre de ma nouvelle fiction ! N'hésitez pas à donner vos avis, je répondrais volontier. Le gif que j'ai posté et l'apparence que je donnerais à Ivy, quant à la vidéo, j'ai écris en écoutant cette musique, donc peut être que vous, vous pourriez lire en écoutant cette musique, non ? Anyway, loves. xoxo Mélanie.

Paradoxe.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant