Chapitre 20

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Six mois plus tard.
Mars.

Heither

Six mois sont passés depuis le bal et l'affrontement, dont je ne connais pas  l'issue. Tout ce dont je me souviens c'est d'avoir entravé Rumple avec une liane enflammée, avec Alex. Je me souviens qu'il s'est placé devant moi, de façon à me cacher la vue de notre adversaire gisant à terre. Il m'a ensuite embrassée puis le trou noir.
Quand je me suis réveillée - ou que j'ai repris conscience - j'étais devant la porte du gymnase adossée au mur, seule.

Six mois plus tôt.
Octobre. Soirée du bal masqué.

J'ai mal à la tête et l'esprit embrumé. Mal de tête est un euphémisme pour qualifier la douleur que je ressens à cet instant. Un peu comme un marteau piqueur créant des trous à l'intérieur de mon pauvre crâne. Et j'ai froid...j'ai très froid malgré ma condition de phénix. Puis j'ouvre les yeux malgré l'étau brûlant resserré autour de mon crâne. Mes yeux bourdonnent. Alex. Je l'appelle sonnée.
Pas de réponse. Je parcours les alentours des yeux sans parvenir à distinguer sa silhouette. Je me relève avant de me coller contre le mur prise  de vertige. Il n'est pas là.
J'ai envie de pleurer. Il n'est pas là. Il m'a abandonnée. Il est arrivé dans ma vie comme un éclair pour aussitôt en repartir.

La porte du gymnase claque. Je distingue mal à travers mes yeux embués de larmes la silhouette se présentant devant moi. En remarquant mon état, elle s'accroupit à ma hauteur pour me relever. Je la distingue à peine. Je sens seulement ses bras autour de moi, et le bruit d'un tissus froissé.

-Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Je parviens à peine à reconnaître la voix d'Emilia. Je la serre plus fort contre moi en enfouissant mon visage dans son épaule. Je remarque qu'elle tremble.

-Il est partit...

Ces mots...le fait de les avoir prononcés....provoque en elle un torrent de larmes semblable à celle des chutes du Niagara. Emilia tremble de plus en plus fort, et je dois m'accrocher à elle pour éviter qu'elle tombe.

-On...on devrait rentrer Heither, tu tremble de froid.

Soudain un éclair au milieu de la tempête. Je comprend. Ce n'est pas elle qui pleure, qui tremble. C'est moi. C'est moi qui m'accroche à elle comme une bouée de sauvetage. Parce qu'il m'a abandonnée. Il est entré dans ma vie sans que je ne lui demande rien, il la fout en l'air avant de repartir sans un mot.
Comme s'il n'avait jamais exister.
Je ne lui ai jamais rien de demander.
Je ne sais pas ce que je suis.
Suis-je furieuse ? Triste ? Déçue ? Trahie ? Amoureuse ? Idiote ?
Qui suis-je ? Que suis-je ?

-Heither tu ne veux pas qu'on rentre ?, me demande Emilia d'une voix calme. On va finir par attraper la mort.

Elle a raison. On va finir malade à rester dans le froid en robe et talon. Et puis comme cela ne suffisait pas, il faut que la tempête qui fait rage en moi se matérialise. D'un seul coup la pluie tombe. Glacée tout comme l'air.
Chaque goutte que je reçois me donne l'effet d'un pic de glace qui s'enfonce dans ma peau. Pourtant de la fumée s'échappe de ma peau aux endroits touchée par la pluie.

-Oh mon dieu Heither...., gémit Emilia. Tes cheveux....ils sont en flammes !

D'une voix que je voudrais calme et assurée, je répond d'une autre appartement à la folie :

-Tu ne savais pas Emilia ? J'ai l'honneur de t'apprendre que je suis un phénix. Tu sais la créature qui renaît de ses flammes en vivant trois cents ans ? TROIS CENTS PUTAINS D'ANNÉES À VIVRE AVEC CETTE PUTAIN DE TRAHISON.

Je fais quelques pas sans jeter de regard sur Emilia. J'imagine que la pauvre doit être en état de choque. J'en suis désolée pour elle mais en ce moment, je suis incapable de me contrôler. Alors je tombe à genoux, tourne mon visage vers le ciel et hurle.
Parce que c'est tout ce dont je suis capable.
Parce que je dois extériorisée cette colère qui me consume.

« Tu n'avais pas le droit d'entrer dans ma vie, de tout chambouler. De me faire tombée amoureuse de toi pour t'en aller comme si rien ne s'était jamais passé. Tu n'as le droit. »

Six mois plus tard.

Il n'avait pas le droit. Aujourd'hui encore je me demande pourquoi il l'a fait, et ma conscience me rappelle tout le temps. « Parce qu'avant d'être le gentil Alex, il était d'abord Peter Pan. L'égoïste et sans coeur Peter Pan, qui a essayé de tuer un enfant. »
Bizarrement quand ma conscience me rappelle cette réalité, la mienne devient soudain moins dure à supporter.

J'ai le coeur en miettes et je n'ose plus faire confiance aux garçons - hormis Kays et Faranz - de peur que cela se reproduise.

Les filles me disent que je ne suis plus la même depuis le bal. Que je ne suis plus que l'ombre de moi-même. Je ne souris plus, je ne ris plus et je passe plus de temps seule. Elles ont raison. J'ai changée, mais c'est à force de me poser cette question : pourquoi ?
C'est débile. Mon comportement est débile. Je n'ai jamais respectée toutes ces idiotes qui pleurent, qui n'ont plus le goût de vivre à cause d'un mec. Mais maintenant je ne vaux pas mieux qu'elles.

Azer se plante devant moi, les poings sur les hanches. Sa mine des mauvais jours collée au visage.

-Debout.
-Quoi ?
-DEBOUT !, hurle-t-elle soudainement.

D'un geste elle m'empoigne puis me tire pour me remettre sur pied.

-Écoute-moi bien Heither parce que je ne me répéterai pas. À partir de maintenant tu vas vivre ta vie. Tu vas te sortir ce connart de ta tête, et tu vas vivre. Tu vas vivre selon carpe diem, et tu vas y mettre toutes tes forces. Je refuse que tu restes celle que tu es à cause d'un crétin qui t'as abandonnée. Alors vis ! Souris pour emmerder les gens. Éclate toi ! Fais tout ce que tu veux du moment que ça te rends heureuse.

Un peu choquée par le ton dur mais conciliant de mon amie, j'acquiesce. Elle m'entraîne par la main jusqu'à sa voiture, sa mère - que je salue brièvement - est au volant. Nous sommes toutes les deux à l'arrière. Je pose ma tête contre la vitre en regardant le paysage défilé, sous l'œil désapprobateur de Azer.

Après quelques heures de trajet la mère de Azer s'arrête. Nous sommes sur le parking d'un parc d'attraction.

-Un parc d'attraction !?
-Bouge-toi on a pas toute la journée. Les filles nous attendent.

C'est avec une rabat-joie que je rejoins mes amies au parc. Toutes me sourient en me laissant choisir les attractions. Elles ne devraient pas. Je me précipite vers la plus grande attraction à sensation du parc. J'entends déjà mes amies geindre. Je leur souris et les entraîne vers la queue.

Parce que Azer a raison. Alex a décidé de n'être qu'éphémère dans ma vie. Je dois profiter malgré le sentiment d'abandon qui s'est insinué en moi le soir de son départ. Comme un rêve trop beau pour être vrai, qui dès votre réveil s'efface de votre mémoire. Nous avons étés hypnotisés l'un par l'autre à cause du passé.

HypnotisésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant