Une Mystérieuse Inconnue

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  L'histoire que je vais vous conter se déroule sur une mystérieuse planète appelée Gothicat , à des milliers d'années lumières de la votre. Chaque année, durant la seconde semaine de février a lieu la Fête des Etoiles, aussi appelée Elenya, le jour des étoiles. Elle est célébrée dans le palace du Roi Mirach, à Renarhim, sous la forme d'un bal masqué, où seules les créatures les plus précieuses sont invitées. 

  Il était dix-sept heures précisément. Les invités commençaient à arriver. Assis dans l'ombre de mon tout puissant Père, peu de gens me remarquaient. Pourtant, dans mon imposant costume parsemé de dorures et de pierres précieuses, tout le monde aurait du être impressionné. Comme ce n'était que mon premier bal masqué, et que tout le monde était déguisé, personne ne pouvait savoir que moi, Rigel, fils du Roi Mirach de Renarhim, était présent. Mais cela m'importait peu. Caché derrière mon masque doré, je passais inaperçu, et c'était plaisant. Je me décidai enfin à me lever. Aussitôt, quelques regards convergèrent vers moi, mais seulement l'espace d'un instant. Je me dirigeai vers la foule et commençai à slalomer entre les invités. Je passais à côté de majestueux Destinos, de mignons Stoufix, d'élégants Djaalins, d'imposants Tohilys, tous plus beaux les uns que les autres. La salle se remplissait à vue d'œil, alors que le bal ne commençait que dans une heure . Les tables étaient déjà couvertes de milles plats savoureux, qui donnaient tous autant envie les uns que les autres. Perdu dans mes pensées, je fus bousculé par un puissant mais maladroit Snott dont le masque ne tenait à priori pas assez sur son visage gluant. Un gigantesque Flamiris m'aida à me relever et à nettoyer cette substance visqueuse qui recouvrait à présent toute une partie de mon costume. En levant la tête, mon regard rencontra celui d'une jeune et jolie Minette dont les yeux brillaient comme des étoiles. Elle semblait paniquée et mal à l'aise, et disparut vite, engloutie par la foule. Sans prêter attention au Flamiris, je me frayai un passage à travers toutes ces créatures en quête de la mystérieuse inconnue. Mais il y avait trop de monde pour retrouver qui que ce soit. Je revins donc auprès de mon père afin de prendre de la hauteur pour mieux distinguer les créatures présentes dans la salle. Peut-être pourrais-je repérer où l'inconnue s'était faufilée ?

  J'étais encore perdu dans mes pensées alors que le Flamiris qui m'avait aidé se présenta au Roi et lui tendit une pierre précieuse. Quand il lui dit que je l'avais perdue en tombant, je rougis de honte et m'éclipsa. En traversant un immense couloir, je reconnus le resplendissant costume de la Minette rencontrée brièvement  auparavant. J'accélérai le pas dans sa direction, mais elle disparut une nouvelle fois, happée par la cohue. Je la cherchai de plus belle, sans succès. Elle semblait si légère et mystérieuse, capable d'apparaître et de disparaître quand bon lui semblait. Personne ne l'avait vu, et elle ne figurait sur aucune liste. Pourtant elle était bien là. Avait-elle été invitée ou était-elle entrée clandestinement ? 

  L'orchestre commença à jouer, synonyme du début de la fête. Je me précipitai auprès de mon Père, qui devait ouvrir le bal, accompagné d'une précieuse Oryals en robe de milles couleurs. Puis ce fut mon tour. Une jeune stoufette potelée se joignit à moi. Pendant que je dansais, je cherchais désespérément l'inconnue, comportement qui énerva fortement ma camarade. Vers la fin de la danse, elle me lança un regard rempli de haine, alors qu'elle tentait de paraître charmante. 

  Et c'est la que je la vis. Pour la troisième fois. Alors je ne la quittai pas des yeux, et abandonnai ma partenaire à son sort. Il fallait que je lui parle. Peu importe ce que j'allais lui dire, peu importe sa réaction. Il le fallait. Alors, pour ne pas trop la brusquer, je lui souris et lui adressa un regard amical, tout en m'approchant d'elle. Elle avait toujours cet air terrifié, mais je devinai qu'elle prenait sur elle. Plus je m'avançais, plus je la trouvais belle, j'avais l'impression qu'elle m'éblouissait, que tout autour de moi disparaissait, elle me rappelait quelque chose d'intense, de chaleureux, mais surtout de mystérieux. Quelqu'un passa entre nous et tout disparut. Elle avait disparu. Je mis quelques longues secondes à m'en rendre compte. Je pivotai et regardai tout autour de moi. Rien. Elle s'était éclipsé. Mon regard se floutait, il fallait que je la retrouve. En tournant la tête, je la vis franchir la porte qui menait au jardin, puis de nouveau s'effacer. Alors je la suivis. Je connaissais ce jardin par cœur, toutes les issues, toutes les plantes, et surtout le grand labyrinthe végétal que mon père chérissait tant. 

  Dehors, la nuit commençait à tomber, et seule la lune nous éclairait de ses faibles rayons argentés. Au loin, j'entendis un rire. Probablement son rire. C'était un rire éclatant, léger, agréable à entendre, qui me rappelait tant de souvenirs, que je ne pouvais discerner. Et puis je compris : elle me défiait, elle voulait que je l'attrape, mais elle ne pouvait savoir mon aise dans ce jardin où j'avais passé toute mon enfance. J'accélérai le pas, et m'engageai dans ces corridors de plantes. Je tournai à droite, puis à gauche, puis me faufilai dans un passage que j'avais taillé étant petit, puis recommençai, guidé par les sons de sa voix ou de ses pattes.  Je la sentis toute proche, puis je la vis ; elle se dirigeait vers une impasse, alors je bondis de ma cachette, renversant un pot de capucines, mais lui bloquant le passage. Elle se retourna d'un bon, puis son rire éclata de nouveau, un rire franc , qui laissa apparaître de petits crocs blancs qui brillaient malgré l'obscurité.

«Trouvée ! »m'exclamai-je, mais le son de ma voix stoppa net celui de la sienne. Elle reprit son souffle, puis m'adressa un grand sourire. Elle était vraiment magnifique, et son teint rayonnait presque autant que la lune.

«Qui êtes-vous ? Comment vous appelez-vous ? » la questionnai-je. Après un court silence pendant lequel elle semblait réfléchir, la Minette admit enfin :

«Je suis Alhéna, duchesse de Cardigan »

Sacrément jeune pour une duchesse, pensais-je

«Vraiment ? Jamais entendu parler, lui répondis-je, Moi, je suis Rigel, fils de Mirach, Prince de Renarhim

- Et que me vaut l'honneur de votre visite Prince Rigel ? me fit-elle d'un ton moqueur, en se baissant pour exécuter une légère révérence.

- J'étais sorti pour prendre l'air et je vous ai vu... bafouai-je

- Menteur me coupa-t-elle en tirant la langue

-Oui, bon, d'accord ! Je vous ai suivi... Maintenant, rentrons ! Il se fait tard et vous ne voudriez sûrement pas rater l'échange des fleurs...»lui répondis-je, en tentant de masquer mon gêne.

Voyant un air paniqué dans ses yeux, je continuai :

«... et vous pourrez manger quelque chose»

Son regard s'illumina, et nous rentrâmes dans la Grande Salle. La fête battait son plein, tout le monde s'amusait, mangeait, dansait, et je vis même mon Père se vanter devant quelques dames. Après avoir grignoté quelque chose, je la tirai sur la piste. Elle qui disait ne pas savoir danser se débrouillait vraiment bien en valse. C'était la première fois que je la voyais d'aussi près, et je faisais tout mon possible pour éviter que nos regards se croisent. Quand elle releva la tête et me fixa, je rougis jusqu'aux oreilles et me figea. Elle esclaffa de nouveau, puis les trompettes annonçant minuit retentirent. Je dus me séparer d'elle alors que toutes les demoiselles s'alignaient. Tout le monde reçut une Fleur, qui devait servir à choisir son partenaire, et c'était aux "messieurs" de commencer. Voyant tout le monde choisir sa camarade, je m'approchai d'Alhéna, m'agenouillai et lui tendis ma rose, très vite imité par un parfait inconnue, un gros Minoushas roux qui sentait fort le parfum. La demoiselle prit les deux roses sans scrupule, et s'éloigna en nous tirant la langue. 

Je ne la revis plus ce soir là, et m'endormis les étoiles pleins les yeux et les rêves plein la tête.


Amoureux d'une EtoileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant