One.

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Il me fixait tristement, comme s'il avait quelque chose à se reprochait. Nous étions seuls dans cette pièce qui voulait tout dire pour moi. Il s'approcha de moi, tout en me fixant. Son regard, il me déstabilisait, il me rendait vulnérable, impuissante, faible.

- Il faut que l'on parle...

Cette phrase, ces simples mots montèrent à mon cerveau mais je ne voulais pas en comprendre leur sens, car je savais qu'ils étaient négatifs.

Nous nous fixions toujours, quand des cris, des rires se firent t'entendre ; la sonnerie avait sonné. Les nombreux élèves prirent leur place habituelle, et nous nous quittions, Mathys et moi, sur ce regard si significatif, si triste, si éloigné.

Le bruit ne s'arrêtait pas. Mais à ce moment-là, je m'en fichais. Je venais de comprendre ce qui venait de se passer, il y a quelques minutes. Tout était finit. La virgule s'était transformé en point. Le chapitre venait de se transformer, en épilogue, lui aussi. Pourquoi lui aussi ? Parce que moi aussi, j'étais finis.

Le professeur commençait son cours. Le brouhaha s'arrêta petit à petit, mais dans ma tête, une guerre venait d'être déclarée. Des hurlements intérieurs, sûrement les miens, se propagèrent dans ma boîte crânienne en une fraction de seconde. Je scrutais mes alentours ; je n'entendais rien, seulement ces hurlements infinis, ma vision était trouble, toutes les personnes présentent autour de moi souriaient, elles semblaient heureuses, pleines de vies, sans un ou milles problèmes, sans sources de malheurs.

Les hurlements étaient de plus en plus forts, de plus en plus aigus. Comme ceux d'une pauvre fille perdue, sans repère.

- Stop ! Arrêtez ! criai-je en me levant de ma chaise.

Tous les regards étaient tournés vers moi, sûrement à cause de ma phrase stupide, car pour eux, il n'y avait aucun bruit dans notre salle de cours, mais je ne les voyais pas ces regards, je n'y prêta pas attention, mais je les sentais. Une compression prit part de tout mon être, de tout mon cœur, de tout mon esprit. Ma tête se mit à tourner, si violemment que je ne voyais plus correctement. Je me mis à courir malgré ma vision affaiblie et je parti me cacher aux toilettes, où je m'enfermai à double tour. Il était assez grand pour que je puisse me laisser glisser contre le mur. J'enfouis alors ma tête entre mes genoux, et là, des larmes, des centilitres d'eaux salées coulèrent le long de mes joues.

Je me mis à me souvenirs de tous, de chaque moment à ses côtés, de chaque moment à avoir attendu son message, qui avait fini par arriver, ses mots doux, de ses câlins, de ces « je t'aime ». Mon cœur se serra, une boule grandissaient dans ma gorge, comme si elle voulait m'empêcher de respirer, ma tête me menaçait d'exploser. Pourquoi ? Pourquoi me fait-il autant d'effets, alors que ce n'est qu'un être humain comme moi, comme nous, comme vous ? Pourquoi me donne-t-il envie de tout laisser tomber alors que réellement il ne s'est rien passé ?

Je voulais crier, crier tous ce que j'avais sur le cœur, crier à me foutre de ce que peuvent penser les autres, je voulais simplement qu'ils comprennent ma colère, ma tristesse, et ma haine. Que tous ces élèves arrêtent de croire que tout le monde va bien, qu'un sourire peut suffire à comprendre que cette personne est heureuse, or ce n'est pas le cas. Et cette situation, je la connaissais, par cœur, ce sentiment de se sentir obliger de sourire, de rire, de parler comme si tout allait bien. Car oui, pour moi tout allait bien, ma vie était parfaite, j'avais des rêves, un papa, une famille entière, des amis sur qui je pouvais compter à tout instant, un petit-ami qui m'aimait, même s'il me le montrer à sa manière. Il y a seulement deux mois de ça, tout allait bien, mais cet évènement était la goutte qui fait déborder le vase.

Je me rappelle de ces moments, de ces jours où j'étais la fille la plus heureuse que l'on pouvait connaître. Mon sourire pouvait énerver certains, et je souriais davantage, espérant me venger de leurs rumeurs à son sujet, à mon sujet, à notre sujet, mais maintenant, je n'en ai plus la force, je n'en ai plus l'envie. Je veux seulement être enterrée loin, à six pieds sous terre, peut-être plus, ça m'est égal au fond, je veux juste disparaître que personne ne puisse me retrouver et me redonner l'envie de vivre, l'envie de me battre, parce que ce n'est pas possible, ce n'est plus possible.

- Sierra, Sierra, où es-tu ?

Cette voix. Je la reconnaissais entre toutes. Ce timbre, cette mélodie, qui me faisait, et me fait encore frissonner à chaque fois que je l'entendais.

- Laisse-moi tranquille ! Laissez-moi tranquille ! criai-je le plus fort possible, mes mains sur mes oreilles.

- Sierra, il n'y a que moi. Je te le promets ! Que se passe-t-il ?

- Je t'ai dit de me laisser tranquille ! Tu es sourd ? Tu ne comprends pas ?m'énervai-je.

Je le poussai, et je sentis son regard si inquiet mais je n'y voyais aucun autre sentiment. De l'inquiètude, on pouvait le ressentir pour n'importe quelle personne, amis, amoureux, ou encore inconnu, alors ce sentiment il ne représente rien pour moi. Je le regardai encore une fois avant de quitter le couloir et je me mis à courir, une nouvelle fois, le plus vite possible. Je voulais simplement tout quitter, je voulais disparaitre, pour ne plus avoir à faire avec ce genre de personnes, celles qui nous plantent un couteau dans le dos à chaque fois qu'elles en n'ont l'occasion et après nous offre un faux sourire qui pourtant, nous réchauffe le coeur.

Je cours. Je cours. Je cours de toutes mes forces.

Je ne voulais pas regarder derrière moi, je ne voulais pas voir ce que je laissais. Je ne voulais pas sentir la pitié des gens, leurs regards si pesant, je ne voulais pas dépendre d'eux, de lui, de nous. Les larmes continuaient de s'écrouler sur mes joues. Elles représentaient si peu de choses, dans des yeux qui criaient de venir secourir un pauvre petit cœur qui était en train de se déchirer en millions de petits morceaux.

Mes jambes commençaient à trembler. Je m'arrêta, et observa ce qui m'entourait. La nuit apparaissait petit à petit, et une légère brise souffla sur mon visage rougis. J'étais à présent sur une route étroite, entourées de plantations, d'arbres plus grands les uns que les autres.

Une vibration provenant de ma poche en jeans attira mon attention. Je sorti mon téléphone, et souris tristement en voyant que le destinataire de cet appel était ma mère. Je lui raccrochai. Elle devait être inquiète mais, je voulais lui faire comprendre à elle aussi, que je souffrais et que personne ne s'en serai rendu compte.

Je m'approchai d'un arbre et m'y adossa. D'ici, je voyais les voitures défilaient, et plus les minutes s'écroulaient, puis elles étaient de moins en moins nombreuses. Elles accomplissaient bien leur travail, elles transportaient les personnes pour divers raisons, heureuses ou non. A l'intérieur, certains rentrés chez eux, retrouver leurs enfants, leur femme, leur maison, et d'autres venaient de tout quitter, une tristesse et une haine les envahissaient à ce moment précis et je faisais partie de ces êtres, sauf que moi, j'étais réellement seule et que rien, n'y personne ne pourra me réveiller, et me redonner l'envie de vivre, l'envie de me battre contre cette vie qui m'a si peu donnée depuis ces longs mois.

Je soufflai, et colla ma tête contre l'herbe humide. Je fermai les yeux, en espérant me réveiller et me dire que toute cette histoire, que toute cette partie de ma vie n'était qu'un cauchemar, me réveiller dans mon lit, que mon papa serait à mes côté pour me réveiller et me dire d'aller me préparer, qu'il m'embrasse la joue tendrement avec tant d'amour., qu'à mon réveil je ne souhaite qu'une chose, que ce rêve n'est qu'un simple cauchemar qui ne se reproduira jamais, plus jamais.

Mais non, ce n'est pas le cas. Je suis ici, à observer la route, les voitures défilaient, seule. Comme je l'ai toujours été depuis ma naissance.

« On se rend compte de la valeur des choses,

Que quand nous les avons perdus définitivement. »


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⏰ Dernière mise à jour : Jul 06, 2017 ⏰

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Retiens-moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant