Elle n'était plus la même. Pas depuis la fin de la guerre. Elle s'était coupée du monde et plus personne ne prêtait attention à elle. Encore un dommage collatéral. Tant pis.
Elle vivait seule, ici, dans cette bulle au bord de la colline. Elle s'y sentait libre de faire ce qu'elle souhaitait.
Elle aimait admirer danser joyeusement les feuilles au dessus d'elle. Elle méprisait le soleil qui riait d'elle chaque jour. Mais ici, elle se sentait lire de laisser la musique prendre entière possession d'elle. Sa seule raison d'être était ce piano. Les touches étaient ses étoiles et l'instrument en lui même, son astre.
Ses doigts effleuraient et pressaient délicatement les touches de cristal et son pied dansait un slow langoureux avec la pédale. Elle adorait laisser toutes ces mélodies la contrôler et elle adorait quand elles ne lui laissant pas de répit, et cela même la nuit.
La musique ressortait d'elle comme un feu vif et désireux d'apprendre et d'apprendre encore.
Elle vivait ce qu'elle jouait, elle réécrivait sa vie maintes et maintes fois. Elle pouvait laisser parler ses émotions sans que personne ne la dérange ni ne la juge. C'est ce qu'elle trouvait magnifique dans la musique.
Ses fins et doux doigts finissaient toujours par s'enflammer sur les touches, son pied devenait fou contre la pédale. Les yeux fermés, la tête penchée, c'est ainsi qu'elle laissait échapper la douce et triste mélodie de son cœur.Enhola, orpheline et musicienne à plein temps.