Chapitre 15

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J'ai raconté en détail ma rencontre avec papa. Ed est resté et, au fur et à mesure que j'avançais dans mon histoire, son visage se décomposait. A la fin de mon récit, il s'est levé sans un mot et est parti, nous laissant seules ma mère et moi.
Nous avons continué à parler jusqu'à la fin des visites de mon "rêve". Je sais que c'est un signe, que mon heure est bientôt venue et que je dois profiter à fond de mon reste de vie. Je sais aussi que je ne dois pas rejeter les sentiments d'Eden. J'ai des doutes sur sa sincérité mais ce n'est pas en l'évitant que je vais me sentir mieux. J'ai besoin de lui et mon père me l'a bien fait comprendre.
Je me lève quelques minutes après que ma mère soit partie pour me rendre à son bureau. Je sais qu'il reste encore après son service au moins deux heures environs. J'ai besoin de lui parler; j'ai besoin de lui dire que nos sentiments son réciproques.
Je prends ma béquille et longe le mur du couloir en m'appuyant sur ma béquille. Ma jambe est fort faible et je sens que mon bras commence aussi à me lâcher. Je suis encore trop mal de ma dernière crise et j'hésite à laisser tomber et à le lui dire demain.
Je suis à quelques mètres de son bureau quand je le vois sortir de celui-ci. Ses yeux sont rouges et gonflés et il tient un dossier à la main. Sûrement le mien.
Je m'avance vers lui et le bruit de ma béquille contre le sol lui fait lever les yeux vers moi. Il ouvre la bouche comme s'il voulait me dire quelque chose mais la referme rapidement.
Je continue ma marche jusqu'à lui et lui murmure:

- Et si on allait discuter dehors?

Il hoche simplement la tête et me suit vers la sortie.
Enfin à l'extérieur, je vais m'asseoir sur mon banc fétiche et l'invite à me rejoindre. Nous restons ainsi, l'un à côté de l'autre, pendant ce qu'il me semble être une éternité pour bien former mes phrases. Je respire à fond et lâche finalement:

- Je suis désolée Eden...

Il me regarde, surpris.

- Pourquoi? me demande-t-il.

- Parce que tu m'as avoué tes sentiments et je t'ai laissé en plan.

Il baisse le regard et hausse les épaules.

- Ah! Ca! T'inquiète j'ai l'habitude.

Le tristesse que je vois dans son regard me laisse sans voix.
Je me colle à lui et pose mon menton sur son épaule.

- Non ce n'est pas grave. Je suis désolée car je n'ai pas été honnête avec toi.

Il tourne sa tête vers moi, de l'espoir éclaire son visage.

- Le fait que j'ai failli mourir et la rencontre avec mon père m'a fait comprendre qu'il ne me reste plus beaucoup de temps. Je veux profiter du peu de temps qu'il me reste à vivre pour m'amuser au maximum et découvrir des sentiments nouveaux que je n'ai toujours pas ressenti. Tu m'en as déjà fait découvrir quelques uns et tu en as fait ressortir d'autres. Le joie, l'excitation, le bonheur... l'amour... Tu m'as fait découvrir tout ça et je me dois d'être honnête avec toi.

Sa main se glisse dans mon cou et son pouce forme des ronds sur ma joue.

- Tu veux dire que tu...

- Je t'aime, Eden... Depuis l'instant où je t'ai vu. je sais que nous avons une grande différence d'âge mais, comme tu l'as dit, l'amour n'a pas d'âge. Et je sais aussi que tu m'aimeras encore quand je serai morte... Je te fais confiance là-dessus mais je veux que tu me promettes une chose.

- Tout ce que tu veux.

- Je veux que tu me promettes que, quand je serai morte, tu feras tout pour retrouver l'amour et pour fonder une famille.

Je vois qu'il hésite un instant. La mort d'un être cher peut nous détruire complètement. C'est ce qu'il s'est passé quand mon père est mort. Mais ça peut aussi vous forger votre caractère et je sais que c'est ce qu'il se passera quand je mourrai.
Sa main glisse sur ma joue et son pouce caresse ma lèvre inférieure.

- OK... murmure-t-il.

- OK quoi Eden?

- Je te promets de retrouver l'amour mais je t'aimerai quand même toujours...

Je lui souris tendrement et je ne comprends pas tout de suite ce qui m'arrive quand je sens ses lèvres se poser sur les miennes.
Nous nous embrassons d'abord timidement mais ,après quelques secondes, la tension monte. Je m'assieds sur ses genoux et continue à l'embrasser comme si ma vie en dépendait.
Nous nous écartons enfin par manque de souffle et nous rions tous les deux.

- Je suis tellement heureux... me dit-il en posant son front contre le mien.

Je lui souris amoureusement et une question me vient à l'esprit.

- Au fait, pourquoi tu avais l'air si mal quand tu es parti de ma chambre tout à l'heure?

Il perd son sourire et se redresse. Je me glisse à côté de lui et le regarde d'un air interrogateur.

- Ca m'a rappelé quelques mauvais souvenirs. La patiente dont je t'ai parlé, qui avait le même cancer que toi, a eu cette expérience lorsque sa maladie atteignait le même stage que le tient. Sa meilleure amie était morte dans un accident de voiture et, un jour, lorsqu'elle a été prise par une grosse crise, elle l'a vue. Elle avait l'air vraiment heureuse quand elle s'est réveillée et sa santé s'est dégradée de jour en jour. Elle morte une semaine plus tard après m'avoir dit qu'elle me détestait. Je prends ce genre de vision comme un appel à la mort maintenant et ça me fait peur.

Je prends une grande inspiration. Je savais que j'allais mourir mais c'est vrai que je ne m'attendais pas à ce que ça arrive si vite.
Je glisse ma main dans la sienne et lui fait un grand sourire.

- Je ne vais pas encore mourir maintenant. dis-je. Je suis forte, on ne se débarrasse pas de moi comme ça surtout que nous sommes ensembles maintenant. Je vais encore t'ennuyer un moment.

Eden n'a pas l'air rassuré pour autant mais me fait un petit sourire tout de même. Je n'aime pas le voir triste. Pour ne pas me mettre à pleurer devant lui, je me penche vers lui et pose mes lèvres sur les siennes. Une de ses mains vient se glisser dans mon cou tandis que l'autre se pose sur ma hanche.
 Je ne veux pas l'abandonner maintenant. Je veux que l'on vive notre amour. Au moins un peu. Et je me battrai pour ça. 




Encore un moment avec toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant