Chapitre XVI : (1) Tempête de neige, étincelle et flamme pris au piège

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L'ours tourna d'un coup sec vers la droite. Plus nous nous approchâmes des montagnes, moins elles furent visible. La neige recouvrit le sol de son épais manteau blanc. On ne voyait presque plus rien.

Nous arrivâmes bientôt à la chaîne de montagnes. Puis nous grimpâmes, alors je m'accrochai au pelage de l'animal. Quelques crevasses se dessinaient çà et là entre les flocons, et l'animal blanc entra dans l'une d'elle. Un couloir étroit menait à un espace plus grand, qui devait faire cinq mètres de long et de largeur. Pas très pratique avec un ours de cette taille. Nous posâmes pieds à terre. Tout n'était que glace et froid. L'ours s'allongea contre l'un des murs et Ezrio se blottit entre ses pattes, en nous lançant :

-On va devoir rester ici un moment. Reposez-vous.

Aaron s'adossa contre l'autre mur et sembla fixer un point invisible. Pour ma part, j'avais besoin de regarder la neige tomber. Je m'assis donc à l'entrée de la grotte, dos aux autres. Les flocons blancs tombaient sans cesse. Pourtant, j'arrivai quand même à distinguer les montagnes qui nous entouraient. Elles se dressaient là, majestueuses.


Je respirai l'air frais. En quelques semaines, ma vie avait changé. Tout est allé si vite ! Aaron est entré dans mon existence, des choses étranges entre l'air et moi se sont produites, puis le tueur m'a kidnappé. Et enfin, Aaron est venue me sortir de-là, et m'a tout raconté. Et nous voilà, au Nord du Groenland, sans âme humaine à des kilomètres ! Sans oublier que nous recherchons des clefs afin de rentrer à Edor, un endroit où des êtres surnaturels vivent ! Et que ce cher Lukas a rejoint le tueur et est un démon ! Si on m'avait dit qu'un jour ma vie serait comme ça, je ne l'aurais pas cru.

Au final, je ne connais rien d'Aaron. Pourtant, lui, il connaît des choses sur moi, sur mes géniteurs... Mais bien sûr ! Je ne connais rien de mes géniteurs, enfin, de ce qu'ils faisaient dans l'autre monde. J'allai me relever quand une présence à côté de moi me sortit de mes pensées.

-J'ai toujours aimé regarder la neige. Elle a beau être froide, elle transforme le paysage à elle seule.

-Dis-moi, tu pourrais m'en dire un peu plus, sur Anna et Emeric?

-Je ne les ai pas connus. Ou alors j'étais trop petit. Mais, ils étaient respectés de tous. Anna était la chef de l'unité des Ayxcroms, les soldats des airs. C'était la plus forte. Une guerrière redoutable ! Elle menait toujours le royaume à la victoire.

-La victoire ? Tu veux dire qu'il y a eu des guerres ? le questionnai-je, stupéfaite.

-Oui, il y en a eu. Entre les monstres ténébreux et les mages noirs, ils ne pouvaient se reposer. Plusieurs guerres ont eu lieu entre eux. Et encore, c'était bien pire autrefois. Les peuples se faisaient tous la guerre. Puis un jour, ils se sont tous alliés pour faire face aux monstres. Alors un conseil a était mis en place, il y a de cela cent-cinquante ans. On l'appelle l'Engarden. Depuis, les guerres se font seulement contre les monstres et mages noirs. Emeric, lui, n'avait pas de pouvoir. Alors il a décidé d'apprendre à manier l'épée. Et il est devenu professeur d'arme. C'est l'un des meilleurs guerriers, malgré qu'il ne soit pas surnaturel ! Et il était tout aussi respecté que ta mère.

Ces paroles me réchauffèrent le cœur. Au moins, là-bas, personne ne leur avait voulu du mal. Mais alors, qui, avait pu leur vouloir du mal dans le monde des humains ? Surtout que d'après Ezrio, soit le tueur connaissait l'existence d'Edor, soit il y était originaire.

-Pourrait-on s'entraîner avant de partir ? Ces montagnes sont l'endroit idéal.

-Bonne idée. Mais en attendant, faisons un feu. Vois-tu les branches là-bas, essaye de les ramener jusqu'ici. Dis-toi que c'est le début de ton entraînement.

Je regardai dans la direction que le garçon m'indiquait. Des arbres, juste à quelques mètres de nous, crouler sous le poids de la neige. A leurs pieds, des bouts de bois jonchaient le sol. Je plaçai donc ma main devant moi. Mon pouvoir coulait dans mes veines, je pouvais le ressentir. Puis, sans difficulté, je fis flotter les branches et les ramenai jusqu'à nos pieds. Aaron me gratifia d'un sourire et emporta les branches...


Nous avions passé la nuit dans la grotte. La neige ne s'était pas calmée. Nous avions donc mangé ce que nous avions dans nos sacs et nous étions endormis aux côtés de l'ours, qui nous procurait un peu de chaleur. Nous étions levés depuis quelques heures, et avions décidés de nous entraîner -sans faire de dégâts- dans la grotte. Juste des lames que je lançai dans l'embouchure, puis qui disparaissaient dans la neige. Ou sur la lévitation d'objets, car avec mon pouvoir de l'air, c'était possible !


Quand enfin, les flocons cessèrent de tomber, nous remontâmes sur l'ours. Puis celui-ci s'élança sur la poudreuse. Il devait y avoir au moins un mètre de neige. L'animal polaire s'y enfonça jusqu'au ventre. Notre ascension risque d'être rude... Le silence était total, nous étions comme coupés du monde. Pourtant, des petits cris vinrent troublés cette paix. De petits monstres, pas plus haut que nous, marchant sur leur quatre pattes foncèrent sur nous.

-Encore un cadeau du tueur, lança Aaron. Continuez d'avancer, je vais m'en occuper.

Il sauta par-dessus le dos de l'ours. Mais quel cinglé ! Il se réceptionna de justesse puis se tint bien droit, face aux monstres qui arrivaient à vive allure. Ses cheveux s'hérissèrent, ses poings se serrèrent et de petites étincelles parcoururent ses doigts. Puis, sans faire le moindre geste, des éclairs jaillirent de ses mains et touchèrent les monstres. Plus de la moitié tombèrent à terre. Mais les autres foncèrent sur lui. Alors il tendit ses bras à l'horizontale, puis les fit tourner en un quart de tour. De ses mains, sortie une immense lame électrique qui foudroya le reste des monstres. Je regardai la scène, bouche-bée.

-Je sais, je suis impressionnant ! Tu peux m'applaudir ! s'écria-t-il.

-Oh, la ferme, Monsieur l'Orgueilleux !

L'ours s'arrêta et Aaron remonta dessus. Puis, nous partîmes enfin vers la base. Au final, cette clef était simple à avoir. Mais la première est toujours la plus facile.


L'ours s'arrêta quelques temps après. Il était épuisé. Nous descendîmes de son dos. Je proposai aux autres de continuer à pieds, la base n'étant plus très loin. Ils acquiescèrent. Nous fîmes donc nos adieux -et remerciements- à l'animal blanc, puis nous nous retournèrent. Mais à peine avions-nous fait quelques mètres, qu'un craquement retentit. Oh, oh...


The LastOù les histoires vivent. Découvrez maintenant