Le matin, je me réveillai tout excité. J'avais énormément envie que la deuxième partie du Bal ait lieu, et cela me surpris. Moi qui ne voulais pas participer quelques jours avant... En regardant l'heure, je me rendis compte que j'avais dormi comme une pierre, et que la fête allait commencer dans moins de deux heures.
Je pris donc la décision de me préparer, et après un bon bain j'enfilai le costume que j'avais choisi la veille. C'était une grande cape brune qui tirait dans le bordeaux, dont le bouton du col était surmonté d'une pierre de Quartz fumé. Je piochai un masque au hasard dans la grande malle, et du premier coup en sortis un assorti. Le sourire jusqu'aux oreilles et l'allure fière, je me mis en quête de la grande salle.
Après un long moment de réflexion la veille, j'en avais conclus que j'allais accueillir Alhéna dès son arrivée, une rose dans la gueule, et l'inviter à danser. Après un rapide aller-retour dans nos jardins, je me postai donc près de la grande porte, qui était l'entrée principale, et où affluaient tous les invités. Au bout d'un petit quart d'heure, elle entra. Au début, j'eus beaucoup de mal à la reconnaître, car, cachée derrière son masque argenté, elle paraissait beaucoup plus froide que la veille. Ses yeux, devenus bleu glacial, n'étaient plus aussi doux que la veille.
« Bonsoir, ma Demoiselle... commençais-je
- Pardon, monsieur, laissez moi passer, j'aimerais ... me coupa-t-elle
- Alhéna, qu'est ce qu'il vous prend ? l'interrompis-je à mon tour
- J'ai dit laissez moi passer ! »
Sa voix était encore plus tranchante que son regard. Alors qu'elle s'en allait rejoindre les autres créatures, je restais planté là, paralysé par ses paroles. M'avait-elle reconnu ?Jouait-elle la comédie ? Ou était-ce moi qui m'étais trompé de personne ?
Je m'assis et analysai la situation. J'avais beau prendre le problème dans tous les sens, je ne comprenais pas. Le temps passait, et je me résignai à aller lui parler pour mettre tout cela au clair. Elle avait l'air mal à l'aise, et peut être n'était-ce pas ma faute ? Je m'approchai d'elle et lui demandai doucement :
« Excusez-moi Alhéna, est-ce que j'ai fait quelque chose qui vous a déplu ? »
Elle se retourna doucement, les yeux baissés. Pendant ce court silence, je devinai qu'elle pleurait. Ce n'était plus du tout la Minette d'hier soir. Mais je ne pouvais laisser une jeune demoiselle pleurer. Alors que j'allais la consoler, elle me dit, d'une voix douce mais chagrinée :
« Non, non, ce n'est pas vous... Je suis désolée, mais je ne peux rester avec vous...
- Expliquez-vous, ma belle... »
Ma voix était aussi tremblotante et affligée que la sienne, voire plus encore. Elle détourna son regard une seconde fois, et avant de s'écarter, me dit :
« Rigel, ne m'appelez pas de la sorte. Je ne peux être avec vous, ni ce soir, ni jamais. Dansez plutôt avec les autres filles, vous en avez des centaines às'éclipser... »
Je ne lui laissai pas le temps de s'éclipser et, lui tenant la patte, lui expliquai tout ce que j'avais prévu avec elle : danser, lui présenter des amis, lui faire faire le tour du château, lui montrer mes fleurs préférées, admirer la lune. Mes paroles la firent pleurer de plus belle, alors je la suppliai en la serrant un peu contre moi :
« S'il vous plait, accordez-moi une dernière danse... »
Elle sécha ses larmes et acquiesça.
Je la tirai donc doucement sur la piste, et nous entamâmes une danse plutôt endiablée. Je commençais doucement pour ne pas l'effrayer, puis tout à coup la fit tourner puis basculer en arrière, ce qui la fit rire aux éclats. Heureux d'avoir retrouvé la Minette que je connaissais, je pris un malin plaisir à la faire tanguer et tourbillonner dans tous les sens. Les regards étaient concentrés sur nous mais nous nous en moquions. Pendant qu'elle riait à s'en décrocher la mâchoire, je me concentrais à ne pas la faire tomber.
D'un seul coup, la musique changea de rythme et se transforma en slow aussi doux que le baiser d'un ange. Son rire s'arrêta, transformé en large sourire, alors que je la serrais contre moi. Elle posa la tête sur mon épaule, et le monde autour de nous d'effaça, créant une bulle qui nous protégeait de tout. Je sentis nos parfums se mélanger, et toute la tristesse du monde semblait disparaître, en nous comme partout ailleurs. Elle leva la tête, et mon regard plongea dans le sien. Ses yeux auparavant si glacials étaient devenus éclatants de beauté, et me rappelaient quelque chose de familier que je ne pouvais identifier. L'envie de retirer son masque et de l'admirer sans artifices grandit en moi, mais avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, nous nous embrassâmes.
Pile à ce moment, minuit sonna, nous tirant d'un rêve éveillé pourtant si beau. Je sentis Alhéna se raidir avant de s'écarter d'un bond, et, la panique dans le regard, elle s'enfuit telle une étoile filante.
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Amoureux d'une Etoile
Storie d'amoreSur une planète appelée Gothicat World est organisé un Bal masqué en l'honneur de la fête des étoiles, organisé par le Roi Mirach de Renarhim. Mais alors que la fête bat son plein, une mystérieuse inconnue parvient à s'introduire dans le Palais. Qui...