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Alors qu'un cri empli de stupéfaction et d'incompréhension faisait trembler les sols, une main s'empressa de le couvrir. Ziwei écarquilla si fort les yeux qu'on eût cru que ceux en amandes avaient été remplacés par des billes. Lentement, son expression effrayée dévia vers la porte d'entrée ; elle était prête à s'attendre à ce qu'une horde débarque.
Quelques secondes de silence passèrent. Une minute. Deux minutes, et la princesse soupira de soulagement. Il en était moins une. Elle retourna à XiaoYanZi, lui incitant du regard d'éviter de reproduire ce qu'il venait de se passer il y avait de cela cinq minutes. Doucement, elle recula sa main des lèvres de la rebelle.
— Mais serais-tu tombée sur la tête ? Tu m'avais promis de ne pas crier ! chuchota Ziwei.
— Attends mais tu blagues, j'espère ? C'est toi qui me balances que t'es la fille de l'Empereur. Du Fils du Ciel, balança XiaoYanZi les bras. Alors, entre nous deux, ce serait plutôt toi qui serais tombée sur la tête, ouais !
— Chuuut ! força-t-elle d'un index sur ses lèvres. On risque de nous entendre.
XiaoYanZi se laissa tomber sur le lit, les bras positionnés de chaque côté de sa tête, toujours sous le choc de la nouvelle qu'elle venait d'apprendre.
— Je n'arrive pas à croire que j'ai effectué une assermentation avec une princesse...
Une pause s'effectua. En effet, Ziwei cherchait les mots pour expliquer en détails ce qu'elle venait d'avouer. Maintenant que le plus dur était dit, il n'y avait plus de retour en arrière. Elle en était déjà à ce stade de l'histoire, autant continuer.
Elle aspira l'oxygène à pleins poumons, fixant un point invisible au sol, comme pour se rassurer.
— Je m'appelle Xia Ziwei, et je suis la fille de l'Empereur.
— Ça, tu me l'as déjà dit.
— Ne me coupe pas, s'il te plaît...
Sa sauveuse se releva et se mit en position de lotus, avant de hocher la tête en guise d'excuse.
— J'ai grandi dans la province de Jinan (济南), suis issue d'une famille bourgeoise, avec ma tante, mon oncle et ma mère, qui se nomme Xia Yuhe (夏雨荷). Elle est décédée il y a cinq mois pour cause de maladie, et avant cela, je n'avais jamais connu ma réelle identité. Avant qu'elle ne parte, elle m'a incité à retrouver mon père, qui est donc le Fils du Ciel. Depuis, j'ai vendu mon jardin d'enfance, car ma tante et mon oncle nous avaient quittés bien plus tôt, et ma destination était Pékin. Suying m'a accompagnée durant tout le long de mon périple. Je n'ai jamais appris la cuisine, ni à faire le ménage, elle a été là pour m'aider à avancer. Mon enfance a été remplie de livres, de pinceaux et de feuilles. Mais j'ai été tout de même éduquée avec des valeurs, je ne juge jamais par les apparences.
Elle marqua une pause.
— Toutefois, venir à Pékin était, au départ, le désir de ma tendre mère. Je n'ai jamais connu mon père, et n'ai jamais pensé à le connaître. J'avais grandi avec l'idée qu'il nous avait abandonnées. Or, plus les jours passent, plus j'ai envie de créer une connexion entre lui et moi. Entre père et fille. Mais jusqu'ici, mon voyage est encore sans résultat, ce qui me désespère... Je n'ai pas envie de perdre espoir.
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Bataillons sanguinaires
Ficção HistóricaSuite au décès de sa génitrice, Zǐwēi Xià, progéniture non-reconnue de l'actuel empereur de la dynastie Ming, Chóngzhēn, quitte sa province natale pour aller retrouver son père. À Pékin, elle y rencontre alors Xiǎo Yànzi, une jeune chinoise au Kung...