L'aube d'une vocation

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D'aussi loin que ses parents se souviennent, Charlie a toujours aimé les dragons. Lorsqu'il n'était qu'un nourrisson, il s'était entiché d'une peluche ensorcelée en forme de dragon. Il insistait tout le temps pour qu'on lui raconte des histoires de dragons, tout ses habits avaient des dragons, enfin bref, il les adorait. 

Un soir, Arthur Weasley rentra plus tôt que d'habitude du Ministère de la Magie, un recueil de contes Moldus sous le bras. Heureux de sa découverte, il réunit toute sa famille déjà nombreuse après le repas pour leur lire l'un d'eux : Charlie, Bill, Percy, Molly, et même les jeunes jumeaux qui venaient d'avoir un an.

Avant de commencer son conte, Arthur dit : 

« Cette histoire va te plaire, Charlie. Il y a un dragon dedans ! » 

Le pépiement d'excitation que le garçon de six ans lâcha fit sourire toute la petite assemblée.

Le conte parlait d'une princesse, enfermée dans une grotte par un dragon. Au bout d'une série d'épreuves, un prince finit par arriver à la grotte, et tua le dragon.

A ce moment, Charlie hurla que c'était un conte horrible et se précipita dans sa chambre, en larmes.

Ses parents ne comprenaient pas : qu'est-ce qui avait put mettre leur jeune passionné dans cet état ? 

Quelques jours plus tard, quand Charlie accepta enfin de ressortir de sa chambre, le même événement se reproduisit : la Gazette du Sorcier vantait les mérites du système de sécurité de Gringotts, qui incluait un dragon. Quand le Weasley vit la photo qui accompagnait l'article, il se remit à crier que c'était horriblement cruel, que ce dragon était devenu blanc parce qu'il n'avait jamais vu le soleil, que personne ne devrait traiter ainsi un dragon. Et il s'enferma de nouveau dans sa chambre.

Enfin, le reste de sa famille compris d'où venait ces soudaines crises, mais cela ne les aidait pas : Charlie refusait de sortir de sa chambre, prétextant que ce monde était ignoble, qu'il ne méritait pas d'être vécu.  Il mangeait les plats que lui apportait sa mère, mais refusait de bouger.

Deux semaines plus, tard, après avoir relut pour sa centième fois Vie et habitat des Animaux Fantastiques de Norbert Dragonneau, il eue une idée. Il se saisit de sa plume et écrivit :

« Monsieur Dragonneau, je m'appelle Charlie Weasley, et j'ai six ans. Je t'écris parce que j'aime les dragons, et je n'aime pas la manière dont ils sont traités. Personne ne les aimes, sauf moi. Toi qui as écris un livre sur les animaux, tu peux me dire pourquoi ? » 

Une fois la nuit tombée, il se dirigea discrètement vers la cage d'Errol, le hibou familial, et envoya sa lettre. Il attendit de nombreux jours et de nombreuses nuits, seul dans sa chambre, espérant une réponse du vieil auteur. Mais rien ne vint. Attristé, Charlie cessa d'espérer, se disant qu'un homme décoré de l'Ordre de Merlin devait avoir bien mieux à faire que de répondre à la petite lettre d'un gosse.

Mais finalement, alors qu'il s'était définitivement résigné à ce que le monde haïsse les dragons pour toujours, il reçut une simple lettre, envoyé par une petite chouette blanche. Surexcité, il arracha le cachet jaune et noir, pour en sortir un morceau de parchemin recouvert d'une jolie écriture :

« Cher Charlie Weasley,

De toute les personnes qui m'écrivent, j'avoue que tu es le premier à qui je prend le temps de répondre. Tu es un Weasley, n'est-ce pas ? J'ai bien connu un de tes ancêtre. Tu voulais savoir pourquoi est ce que le monde déteste les dragons. A vrai dire, je n'en sais pas plus que toi. Je pense que le problème réside principalement sur la cupidité humaine, qui fait en sorte de se servir de tout pour avoir toujours plus d'argent, quitte à sacrifier le bien-être des autres. Et, malheureusement, ce sont les créatures les moins intelligentes qui en pâtissent. Je me suis battu toute ma vie contre cette injustice, mais je n'ai fait que soulever le problème, il faut maintenant que quelqu'un le creuse.  

Sache simplement que tu es le premier qui me paraît vraiment révolté à ce sujet, malgré ta brève lettre. Et dire que tu n'as que six ans... Qui sait, peut-être que ce sera toi qui fera bouger les choses ?

En espérant te rencontrer un jour, pour discuter de dragons avec toi,

Norbert Dragonneau. » 

A ce moment-là, Charlie sut ce qu'il devait faire. Il sut qu'il devait consacrer sa vie aux dragons, à les comprendre, à les faire accepter. Bien qu'il apprit un peu plus tard que le vieil auteur s'était éteint sans avoir l'occasion de lui parler, sa détermination ne faillit jamais. 

Ce fut l'aube d'une vocation.

Les Fabuleux Frères Weasley (et leurs clique)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant