C'était aujourd'hui.
C'était ici. Maintenant, tout de suite.
Je me trouvais devant ce portail de fer, grisâtre , assez rouillé.Je suis une fille normale.
Je suis une fille normale.Je me répétais intérieurement. Mes pas étaient lents, je me noyais dans la masse d'étudiants.
J'ai peur.
Mon corps tout entier se tends, le stress m'envahit.
N..non je dois garder le contrôle.
Mes doigts se plient et se déplient lentement. Puis je me sens légère, mais ce n'est plus moi. Moi, Anastasia, 16 ans, venant d'intégrer une école normale. Parce que je suis normale. C'était Camélia. De nouveau maîtresse du corps, elle s'écarta violemment de la masse. Plusieurs étudiants la fixèrent d'un mauvais oeil.
Anastasia: Camélia, arrête !
Camélia: On ne va jamais tenir ici. C'est fermé, bruyant et plein de... D'humains.
Anastasia: Alors rends moi la possession. Je maîtrise la situation, calmes toi ! On avait dit que j'allais seule en cours.Camélia, me rendit la possession tandis que les élèves continuaient de me fixer en se chuchotant des mots qui devaient sûrement être des : " Elle est pas nette cette fille ", " Oui c'est elle là bas." , "Elle est bizarre..."
Je dû me contenir pour ne pas laisser Camélia reprendre le dessus. Elle pourrait devenir violente. Je la connais depuis le temps.
Prenant une longue inspiration je passais ma main dans mes cheveux, remettant ma mèche à droite comme j'étais la seule à le faire parmi nous trois.
Nous trois, cela signifie moi, Camélia et Lina. Lina est sage, elle est calme et douce. Peu de gens arrivent à la faire se montrer, elle est timide. Camélia est presque impossible à gérer. Et moi je suis la maitresse du corps.
Les gens disent que nous sommes malades. Que nous sommes des handicapées. Handicapées psychologiquement.
Que suite à un traumatisme notre cerveau à établit un réflexe de défense et à "créé" d'autres personnalités. Je n'aime pas qu'on me dise ça, même si ça s'avère certainement vrai, je ne veux pas y croire. Je refuse. Camélia et Lina sont avec moi, si elles n'existent pas, alors Anastasia n'existe pas.
Elles font parties de moi.Un bruit strident retentit.
La sonnerie.
J'accourai pour me rendre en salle de cours, n'ayant toujours pas franchis le portail d'entrée.Je ne dois pas me faire remarquer.
Je dois faire attention.
Ne surtout pas arriver en retard.
Je suis normale.Je trouvai finalement la salle de cours, j'étais un peu en retard. Le professeur me dévisageant avec mépris me pointa une table, devant, pour m'asseoir.
Je suis trop exposée.
On me voit.
Je le sens.
On me regarde.
Arrêtez.
Oubliez moi.
Comme le fait la société avec notre "maladie".
S'il vous plaît.J'hésitais à m'asseoir, plantée devant ma chaise. Je fixais le dossier, je sentais les regards brûlant sur ma nuque où coulait de la sueur froide, j'entendais les murmures des élèves, parlant de moi. Me jugeant.
Arrêtez vous.
Immédiatement.Camélia ne résista pas. Elle prit possession du corps, se tournant violemment en faisant percuter la chaise à la table de derrière. Ses yeux étaient écarquillés et luisaient d'une lueur terrifiante.
" ARRETEZ DE ME FIXER BANDE DE SOUS RACES !"
Anastasia: Camélia ...
Camélia : J..je ne pouvais pas... Je me retiens de les tuer... Je...Je repris le contrôle, mes yeux s'adoucissant immédiatement, un air innocent presque apeuré se lisait sur mon visage. Je reculais en percutant ma table au passage.
" J..je... Je suis désolée... Je.."
" Mademoiselle Erikon. Veillez sortir immédiatement de mon cours. Je ne le répèterai pas."
Honteuse, je pris mon sac et sortis de la salle lentement. Dès que je m'extirpai du bâtiment je me mis à courir.
Pour aller où ? Pour échapper à quoi ?
Je suis normale.Mon coeur me faisait affreusement mal. Je courais. Les yeux larmoyant, le coeur piétiné et les mains glacées.
Je n'en pouvais plus de courir, chaque inspiration était une lame de rasoir à la gorge. Je m'arrêtais sur une petite place.
C'était un petit jardin où résidait un arbre seul. Perdu. Le jardin avait une vu sur toute la ville. C'était assez beau. M'asseyant face à ce paysage urbain mes larmes cessèrent de couler. Lina décida alors de venir prendre un peu ma place, réchauffait mon coeur glacé. Dés qu'elle prit possession de mon corps un grand sourire rayonnant se dessina sur son visage. Ou devrais-je dire sur notre visage." C'est beau ! "
La douce voix enfantine de Lina sonnait comme une berceuse. Qu'elle dommage qu'elle ne prenne jamais le contrôle d'elle même en présence d'autres personnes.
Lina ferma les yeux souriant comme une enfant les pieds battant dans le vide." C'est rare que des gens viennent ici..."
Je repris immédiatement possession de notre corps, Lina avait été effrayé qu'un autre humain parle.
Qui es-tu humain ?
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Ma Réalité.
General Fiction" Il parait qu'elle parle seule..." " Elle a des tics nerveux je crois." " Elle est juste bizarre. " " Moi, je préfère l'éviter.."