Deux contre tous

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« Deux contre tous»

Un réveil qui sonne annonçant six heures du matin. Une main frappant dessus sans la moindre douceur et un soupir, un long soupir traduisant un manque de motivation certain, une lassitude si profonde qu'elle est perceptible dans la manière dont son corps se lève et peu à peu s'étire.

Lentement, il met un t-shirt et un pantalon avant de descendre manger sans parler à personne. Il n'aime pas parler le matin et encore moins depuis ça. Sa mère semble lui dire quelque chose mais il ne l'écoute déjà plus, prend son sac et décide d'aller prendre l'air. La brise du matin lui fouette le visage et le réveille davantage. Il n'y a que cela qui fonctionne et lui fait du bien, l'aidant peu à peu à émerger.

Comment en était-il arrivé là ? Pourquoi n'avait-il pas été capable de le rattraper ?

J'ai pas peur de ce qu'ils disent, j'ai pas peur des clochers d'église,

Et pourtant aujourd'hui, j'atteins le non retour, envoyez de l'amour (1)

Il se revoyait encore, ces paroles si dures prononcées dans la moindre émotion. Et ce regard, cette colère dans ses yeux, ses prunelles qui le fusillaient. Comment avait-il pu être aussi bête ? Comment avait-il pu agir ainsi pour sauver les apparences ? Maintenant il en payait les conséquences... Et quelles conséquences.

Il s'arrêta au milieu de la route, les poings serrés à s'en blanchir les phalanges. Une voiture klaxonna pour le faire bouger. Le son le fit sursauter et doucement, il se remit sur le trottoir. Après tout, ce serait si facile de régler le problème ainsi...

Lui qui se croyait si fort, qui pensait résister à la pression sociale, s'était laissé aller à la suivre.

Quelques jours plus tôt

Deux corps qui s'enlacent tendrement dans un vestiaire vide, un baiser échangé avec ardeur et des mains qui avidement se glissent sous le haut de l'autre afin d'être plus proches, toujours plus proches. Auparavant, jamais ils ne s'étaient posés de questions sur leurs actes ; ils étaient bien voilà tout. Alors pourquoi chercher compliqué quand une histoire peut être si simple et si belle ?

Mais voilà, lorsque la porte s'ouvre et que tous les regards tombent sur ce couple étonnant, quand les rumeurs se propagent et que cette histoire simple devient l'histoire de tous, amplifiée, déformée, métamorphosée en une sorte de mensonge où deux hommes s'aimant tendrement deviennent deux pervers dont il faut se méfier.

L'histoire étant venue jusqu'aux oreilles du proviseur, celui-ci les fait venir dans son bureau, séparément. Leurs parents sont là. Quelle humiliation de devoir affronter le regard accusateur de ses propres parents. De se dire que ce que l'on fait est mal alors que jusqu'à présent, on ne s'est même pas posé la question.

« Oikawa kun, tu te rends bien compte que cela ne peut pas durer ? Tu es en train de jeter l'opprobre sur toute notre famille... Te rends-tu compte ? A partir de maintenant, je ne veux plus que tu ailles au club de Volley. De toute façon, tu es en Terminale, il n'y a plus rien qui t'y retient. »

La voix de son père. Le couperet tombe. Oikawa sourit. Il sourit toujours, même quand cela ne va pas et accepte la sanction de ses parents. Le championnat est perdu de toute façon, il n'a plus de raison d'y aller, c'est vrai...sauf peut-être cette passion qui lui dévore l'âme et cet homme qu'il ne peut plus oublier...

« Et à partir de maintenant, je ne veux plus te voir avec ce...avec ce garçon, tu m'entends ? Trouve-toi une copine. Je suis sûr que tu y parviendras, tu es beau garçon. Ne va pas gâcher tes chances aussi facilement ! C'était une horrible erreur de jeunesse, tu ne recommenceras plus, n'est-ce pas ? »

Deux contre tous (Oikawa/Iwaizumi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant