Le Rêve Du Chat Noir

Dans les jours pluvieux...

«Monsieur Render? Si mon cours vous ennui autant, vous pouvez vous en aller!»

Je relève péniblement la tête, ma joue reste collée quelques instants à la couverture de mon cahier de Français et je dévisage mon professeur avec un regard provocateur.

«Si je vous surprend encore une fois en train de rêvasser, je convoque vos parents chez le directeur!»

Je me lève vivement en abattant mes mains sur la table. Je saisit mon sac et sors de la salle sans dire un mot.

«Monsieur... vous savez très bien qu'il ne faut pas mentionner ses parents... c'est un sujet... fragile.» Dit une fille au fond de la classe.

Je referme la porte de la salle de classe pour je pas entendre la suite. Mon sac vole a l'autre bout du couloir et mon poings rencontre le métal bleuté et froid des casiers.

«Fait chier...!»

Je prend mon visage entre mes mains et flanque un coup de pied dans une poubelle qui avait le malheur de se trouver par ici. Je laisse tomber mes bras le long de mon corps et vais ramasser mon sac en soupirant. Le silence des couloirs de l'école me donne un frisson de dégoût. Je sors de l'école avec mon sac accroché à une épaule. Il pleut...

Je respire un grand coup et l'odeur du goudron mouillé en cette fin d'après-Midi d'automne emplit mes narines. Je sombre dans mes pensées tandis que je marche machinalement en direction de chez moi.
Je mets mes écouteurs et j'écoute de la musique.
Absorbé par mon monde et ignorant celui qui m'entoure, je bouscule quelqu'un qui marchait dans le sens inverse.

«Pardon...» dis-je sans lever les yeux.
«Leiftan... Alors tu caches le cadeau que je t'ai fait? C'est pas super respectueux tu sais mec...»
Je relève la tête pour faire face à mon interlocuteur. Un mec dépassant facilement de 2 têtes mon petit mètre soixante-huit, les yeux noirs et les cheveux bruns en bataille. Le genre de Mec populaire qui traine une troupe de fille dingue de lui partout où il va...
Je le dévisage longuement...
Il poursuis:
«Ceci dit, le cache œil te va plutôt bien. Tu as ce que je t'ai demandé?»

Je passe instinctivement mes doigts sur le cache-œil recouvrant mon œil droit. La semaine dernière, ils m'avaient pris pour cible, lui et quelques uns de ses amis plus bêtes les uns que les autres. Tout ce que j'ai pu en tirer, c'était un œil totalement amoché que j'ai préféré masquer...
Je le défie avec mon œil restant et lui dit:
«Tu penses vraiment que je ferais l'effort de t'apporter ce que tu veux? J'ai d'autres choses à faire avec mon temps... d'ailleurs je vais arrêter de le gaspiller en te parlant.»
«Oh mais c'est que le Chat sort les griffes tout à coup...!»
«La seule chose que je peux gaspiller pour toi c'est ce peu de salive...» dis-je avant de lui cracher dessus et de tracer ma route.
Sa main puissant se referma sur mon épaule, faisant tomber mon sac sur le sol détrempé de pluie.

«Pardon? Leiftan, est-ce que tu viens de faire ce que je crois t'avoir vu faire?» me demanda-t'il sur un ton menaçant.
«Non tu ne rêve pas, si maintenant tu veux bien me...»
Avant que je ne puisse terminer ma phrase, je senti un coup puissant frapper mon estomac. Je me plie en deux sous le choc et avant que j'ai le temps de réagir, il m'assena un coup au visage, ce qui me fit valser et m'étaler par terre en m'écorchant les mains et les genoux.
Je tente de me relever, mais son pied se pose sur ma gorge et me plaque au sol, je commence à suffoquer entre la pression de son talon sur ma trachée et la pluie battante sur mon visage.
Je tente de le repousser mais je suis beaucoup trop faible, je ne fais pas le poids face à une brute pareille.
La pression se fait plus forte et je tousse. À chaque fois que ma poitrine se soulève, je sens ma gorge se faire écraser un peu plus.
Je tente de retirer son pied mais je n'ai plus assez d'énergie. Je manque d'air, je m'étouffe...!

«Alors Leiftan, tout à coup tu fermes ta gueule?»

Les seuls sons que je produit sont des râles désespérés. Un filet de bave coule du coin de ma bouche, le long de ma joue et tombe sur le sol. Je vais mourir...!

«Tsss... T'es vraiment pathétique mec...»

Il retire son pied et je prend une énorme bouffé d'air. Je tousse encore plusieurs fois. Ma gorge et mes poumons me brûle... Je reste à genoux par terre en me massant la gorge et en tentant de calmer ma respiration.

«La prochaine fois, tu ferais mieux de m'apporter ce que je te demande, sinon je m'occupe de ton deuxième œil.» me dit-il avant de tourner les talons.

«Fils de rat.» Dis-je en me relevant et en prenant mon sac. Je suis trempé, mes affaires aussi... je passe ma main dans mes cheveux mouillés et je marche rapidement jusqu'à chez moi ou je m'enferme dans la salle de bain.

Je regarde mon reflet dans le miroir et je retire mon cache-œil.
Mon œil droit est injecté de sang et mes paupières sont enflées. Je soupire et tente de cacher les dégâts en plaçant une mèche de mes cheveux blonds devant mon œil droit mais ça ne va pas... Sans autres idées, je replace mon cache-œil. C'est clair que ça va avec mon style, au final...
je suis blond, avec une mèche de cheveux plus longue à droit, teinte en rouge. J'ai plusieurs boucle d'oreilles, un piercing à la lèvre que je relie avec une petite chaîne à une de mes boucles d'oreilles. Je porte usuellement des jeans déchiré et j'ai toujours mon éternelle veste en cuire. Le cache-œil complète plutôt bien la tenue...

Je vais m'assoir sur mon lit dans ma chambre et j'écoute encore de la musique. Je finis par me rouler en boule dans ma couverture et à sombrer dans un sommeil léger et vide...