Petites nouvelles

Journal intime

Le 08/10/2014

Cher Journal,

Comme tu le sais déjà, je m'appelle Josh. Le psy que je vais voir 2 fois par semaine m'a dit que t'écrire ce que je ressens pourrait m'aider lorsque rien ne va. Je ne vois pas en quoi ça m'aide mais bon...

À l'âge de 17 ans, j'ai été victime d'un accident de moto. Tout ça à cause d'un chauffeur incapable de rouler droit !
J'ai été conduit aux urgences directement, les médecins ont tout essayé mais ils n'ont rien pu faire...

Cela fait maintenant 9 ans que je vis sans mes jambes. Je passe ma vie en chaise roulante.

Cet accident à gâché ma vie car mon rêve était de devenir champion olympique de saut en hauteur.

Oui, tu peux te dire qu'il me suffirait de porter des prothèses pour continuer, mais comme un malheur n'arrive jamais seul, il y a eu des complications lors de l'opération qui font que si je voulais porter des prothèses, il m'en faudrait des spéciales. Malheureusement, elles sont tellement chères que je n'ai même pas assez d'argent pour en payer une demi.

Bref, je ne peux pas porter de prothèses et par conséquent, j'ai du arrêter ce sport que j'aimais tant.

Sans ça, ma vie n'a plus aucun sens...

J'ai déjà songé au suicide, je ne voyais plus d'utilité à rester sur terre, condamné à ne servir à rien.

Pour être totalement franc, je suis même déjà passé à l'acte...
Oui, tu as bien lu...

Un soir, alors que ma compagne était sortie (oui, j'ai une compagne qui me supporte chaque jour de ma misérable existence), je me suis rendu dans la salle de bain muni d'une ceinture. Je me suis vite rendu compte que me pendre ne me serait d'aucune utilité étant donné que je ne savais pas me lever.
J'ai donc ouvert la pharmacie, dans l'espoir de trouver des médicaments assez puissants pour m'endormir à vie...
Au lieu de ça, j'ai vu, bien en évidence, comme s'il m'attendait, un rasoir rouge... Rouge sang...

Je n'ai pas réfléchi plus longtemps, je m'en suis emparé et me suis mis en tête de défaire les quelques lames qui brillaient à la lumière du soleil qui filtrait à travers la petite fenêtre située au dessus de moi.

Il ne me fallut pas plus de 10 minutes pour y parvenir, tant ma détermination pour en finir était forte.

J'avais peur, mais l'adrénaline était plus puissante que ça. Je me suis passé la lame une première fois le long du bras mais j'ai vite compris qu'une coupure à cet endroit-là ne suffirait pas à me tuer.

Étonnamment, je n'avais pas si mal que ça. La douleur qui m'habitait chaque minute, chaque seconde même, était bien plus forte.
J'ai enfoncé une lame bien au centre des veines de mon poignet.
Le sang s'est mis à perler à l'endroit de mes scarifications, puis à couler lentement le long de ma main pour finir par s'écraser au sol.

Je me suis laissé glisser hors de la chaise qui me permettait de me déplacer depuis tant d'années.

Je gisais à présent par terre. J'eus une pensée pour ma compagne, Mathilde, à sa réaction lorsqu'elle me trouverait là, mais je me dis que c'était mieux pour elle, que sans moi, elle aurait une meilleure existence.

J'avais l'impression de l'entendre, d'entendre sa petite voix crier dans ma tête: "Josh !! Qu'est-ce que tu fous là ?! Relève-toi !!!"

Il me fallut plusieurs secondes pour réaliser que la voix ne venait pas de ma tête. Lorsque je rouvris mes yeux, elle était là, par terre a côté de moi, son téléphone dans une main et un mouchoir dans l'autre. Elle pleurait. Je compris plus tard qu'elle avait appelé une ambulance à la seconde où elle avait compris ce qu'il s'était passé. Mais pour moi, tout ça n'avait plus d'importance. Je me sentais partir au fur et à mesure que les secondes passaient.

Je ne sais par quel miracle, mais l'ambulance est arrivée à temps et les infirmières ont pu arrêter l'hémorragie que j'avais causée.

C'est mon psy qui m'a fait me rendre compte de la connerie que j'avais faite, et c'est grâce à lui que je peux aujourd'hui dire que je suis heureux d'être en vie.

Ma compagne ne m'a pas quitté contrairement à ce que j'aurais mérité... Elle m'a même demandé de l'épouser. Oui oui, nous sommes maintenant mariés et unis jusqu'à la fin, pour le meilleur comme pour le pire.

Elle est également tombée enceinte quelques mois après et je suis aujourd'hui fier d'être le père d'une magnifique petite fille, Laure.

L'année passée, Mathilde a lancé une campagne de récolte de fonds dans l'espoir de recevoir assez d'argent pour acheter les prothèses qui m'aideraient à reprendre mon sport, ma passion, ma vie. Étonnamment, les gens sont très généreux, la campagne a déjà amassé plus de la moitié de la somme nécessaire ! D'ici la fin de l'année, je devrais avoir la possibilité de faire fabriquer mes prothèses sur mesure. ENFIN !! Je me réjouis tellement, cher Journal. Tu n'imagines pas à quel point une chose aussi anodine pour certains va totalement changer ma vie.

Voilà, cher Journal.

J'avoue que mon psychologue avait raison, ça fait énormément de bien de raconter à quelqu'un ce qu'on a sur le cœur, même si cette personne n'est pas réelle.

J'espère que les personnes qui tomberont sur mon Journal et qui le liront prendront conscience qu'il y a bien d'autres moyens que le suicide pour arranger ses problèmes...