Les effluves du café se mêlèrent au tube que crachotait la radio. Amixem tourna une fois sa cuillère dans la tasse, puis, d'une démarche encore engourdie par le sommeil, gagna la fenêtre de la cuisine. Il porta le café à ses lèvres, alors que les rayons pâles du soleil matinal doraient les toits d'Angers. Bruit du toaster. Valentin entra, en traînant les pieds, bailla, et passa sa main dans la courte barbe qui lui couvrait le menton. Le Youtubeur gaming était vêtu d'un t-shirt kaki, emprunté à Maxime, et d'un boxer gris. Il se laissa tomber sur une chaise, et ébouriffa ses cheveux :
-Merci pote, de m'avoir aidé.
- No souci. Ça m'a fait plaisir, t'inquiètes. Sers toi un p'tit dèj, fais comme chez toi, mec.
- Je sais vraiment pas où je les ai foutues, ces clés. Maxime, t'aurais pas été là, j'aurais dormi à côté de Bernard le clochard.
Amixem éclata de rire. Accoudé au plan de travail, il regarda en souriant son ami galérer à trouver ses repères dans cette cuisine inconnue.
- Le beurre est là. Je te sers un café ? Un thé ?
- Café. S'il te plaît.
Une main serrée autour de son mug, Valentin consulta son Facebook, et poussa un soupir de contrariété.
- Cyril me dit qu'il n'a pas trouvé mes clés, je le cite, « parmi les vestiges de la fête ». Je sais pas quoi faire, le serrurier n'est pas libre avant jeudi.
- Ben écoute, t'es le bienvenu chez moi jusqu'à ce que tu les ai retrouvées.
- Tu me sauves, là...
- En cherchant bien, on pourrait trouver une jeune fan, de 19 ans, pour t'héberger...
- Avec la chance que j'ai en ce moment, on tombera sur une homosexuelle, voire une meuf en couple. Ou une mineure.
Il souffla doucement sur son café, et le but à petites gorgées. Le silence se fit, troublé par le roucoulement las d'un pigeon, et par la même musique.
- On peut trouver pire scénario. Imagine tu la déshabille et tu te rends compte qu'elle possède les même attributs que toi...
Valentin fixa Maxime avec un drôle d'air.
- Ce ne serait pas si terrible. Enfin, pour toi peut-être. Maintenant que j'y pense... Je t'ai toujours vu draguer des meufs. En vrai, un mec, tu kifferai pas ?
Rouge d'embarras, Amixem se passa une main dans les cheveux.
- J'en sais rien, finit-il par marmonner. J'y avais jamais réfléchi.
- Alleezz... Les abdos d'un mec comme moi, c'est appétissant, non ?
C'était surtout le "comme moi" qui gênait Maxime. Il tenta de désamorcer, et surtout de dissiper son malaise :
- Bien sûr que si, on trouve tous que tu as un corps de dieu, Valou.
Raté. Vodka lui lança un regard si lourd de sous-entendus, que, une boule dans la gorge (note de l'auteur : ceci est totalement une façon de parler, et entre nous, cette expression ne devrait plus jamais être prononcée), Amixem quitta la pièce et soufflant qu'il allait prendre sa douche.
- Je peux t'emprunter des vêtements ?
Maxime se figea sur le pas de la porte.
- Heu, oui, ce que tu veux. Tu sais où est ma chambre.
- Compte sur moi pour ne pas l'oublier.
Nonchalamment, il arracha son t-shirt, et le lança sur le canapé où il avait dormi. Torse nu, il frôla Amixem stupéfait et incapable de bouger, et se rendit dans la chambre du beau Youtubeur. Hors de vue, il se laissa tomber sur le lit.
- Putain... Faut que je me calme, moi. Je vois bien qu'il n'aime pas l'idée. N'empêche, incroyable, mon jeu d'acteur. Il n'a même pas vu que j'était tétanisé par la peur, comme un adolescent boutonneux à son premier flirt.
Il pivota sur le dos.
- Meeeeeerde... Comment avouer à un hétéro qu'on le kiffe depuis toujours ? On dirait un mauvais titre putaclic...
Amixem sortit de sa douche, une serviette blanche enroulée autour de la taille. D'un revers de la main, il débarrassa une partie du miroir de la buée qui s'y était déposé, et se recoiffa d'une main dans le reflet. Avec un œil critique, il observa le jeune homme qui lui rendait son regard, et sourit.
- On commence à les voir, ces abdos ! C'est Valentin qui va être jaloux... Mais bordel, pourquoi je pense à lui quand je suis nu ?
Le cœur emballé, la tête embrouillée, il sortit de la salle de bain avec sa serviette, et tendit l'oreille. De la musique dans le salon... la chambre était libre. Sans réfléchir, il entra, pour tomber nez à nez avec Vodka. Dans son malheur, il eût au moins le plaisir de voir la mâchoire de son ami se décrocher.
- Alors, dit-il d'une petite voix. Je n'ai plus rien à envier à ton corps de dieu, hein ?
Une lueur de défi et de désir s'alluma dans l'œil de Valentin, qui lui fit un croche-patte, et l'écrasa sous lui sur le lit. Les poignets immobilisés par les mains de Vodkprod, le reste du corps coincé sous le sien, Amixem retint sa respiration. Valentin le regardait sans bouger. Il lui lâcha les poignets, mais ne le libéra pas. Il se souleva sur les mains, de sorte à l'enfermer entre ses bras. La serviette de Maxime avait glissé, mais personne ne s'en souciait plus. Il décida de prendre les devants, et l'attira contre lui en un long baiser intense, ouvrit la bouche, et lui mordilla la langue. Valentin prit le relais, lui léchant la peau tendre du cou.
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Deux longues heures plus tard, Amixem s'échappa de l'étreinte fiévreuse de Vodka endormi, et sortit de sa chambre, des habits enfilés à la hâte sur le dos. Rendez-vous à la banque dans dix minutes... Alors qu'il farfouillait dans le placard obscur de l'entrée pour attraper une veste, parmi toutes celles qui y étaient rangée, il souleva le blouson de Valentin, et un petit bruit métallique se fit entendre. Quelque chose tomba à ses pieds. Un trousseau de clés... Celles de Valentin. Avec un sourire, Maxime les glissa dans sa poche. Après tout... Rien ne pressait.
